mercredi, juin 06, 2012
La Grande Armée (G. Blond)
Je trouve que George Blond Ècrit plaisamment.
Il ne cache rien des turpitudes de la Grande Armée, les viols, les pillages, les désertions, la conscription, la corruption de l'intendance, le manque de moyens des services de santé, l'avidité des maréchaux.
Mais dans l'ensemble, on ne peut qu'être admiratif des exploits de ces hommes.
L'Empereur savait galvaniser ses soldats. Il Ètait l'objet d'un véritable culte.
La guerre était encore considérée, au moins en partie, comme une noble activité. Le basculement de la guerre des rois à la guerre des peuples, qui atteindra son paroxysme en 1914, et les progrès techniques finiront par totalement discréditer l'idéal guerrier, mais du temps de Napoléon, nous ne sommes encore qu'au début cette évolution. L'Empereur y aura d'ailleurs contribué par la saignée qu'il fit subir à l'Europe.
Son génie guerrier, est-il besoin d'en parler ? Austerlitz est un chef d'oeuvre d'intelligence : il a compté que l'ennemi allait l'imiter. A Friedland, il saisit en quelques minutes la situation. A cinq heures du soir, il ordonne l'attaque contre l'avis des maréchaux qui veulent reporter au lendemain. «On ne surprend pas l'ennemi deux fois en pareille faute». Trois heures plus tard,la campagne est finie sur une victoire écrasante.
Mais pensons d'abord aux soldats : s'affrontaient lors de ses batailles sur un ou deux jours plusieurs dizaines de milliers d'hommes. Les conditions étaient dantesques ; le bruit, la fumée, le sang. Et pourtant, il restait toujours un carré pour faire face et charger.
Rendons nous bien compte que la Grande Armée de 1812 est allée plus vite à Moscou que la Wehrmacht motorisée (partiellement) de 1941. Même les Marie-Louise de la terrible campagne de France de 1814 surprennent. Au Chemin des Dames (déjà), ils attaquent et l'ennemi recule.
Mais le plus grand hommage va à Larrey et à Percy, les chirurgiens de la Grande Armée. En pleine bataille de Waterloo, Wellington repère Larrey s'activant dans un secteur, il se penche vers son adjoint «Qui est-ce ?» : «M. Larrey, Milord». Il ordonne de suspendre le tir des canons momentanément dans ce coin : la réputation de Larrey était telle que ses ennemis le connaissaient et le respectaient.
La technique la plus courante était l'amputation. Sur un général, Larrey a pratiqué une amputation de la cuisse en deux minutes ! Ce n'est pas seulement une question d'exploit gratuit : plus l'opération était rapide, plus le choc opératoire était faible.
Terminons sur une anecdote. Sur ses vieux jours, le maréchal Lefebvre (l'époux de «Mme Sans-Gêne») reçoit un importun qui lui reproche son hotel particulier. Surement encore un qui devait dire : «Je l'avoue, je n'aime pas les riches». Lefebvre lui propose le marché suivant : «Je vous vends cet hotel au prix coutant : je vous tire soixante fois dessus et, si vous êtes encore vivant, cet hotel est à vous». Le fâcheux déguerpit sans demander son reste.
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