Je me sens agressé par l'usage actuel fait par la bien-pensance du mot "dérapage", encore dans le cas de Véronique Genest (qui a tout mon soutien).
En effet, ce mot sous-entend que toute échappée hors de la bien-pensance ne peut être qu'un moment d'égarement, qu'une folie passagère, et non le fruit d'une réflexion murie et étayée.
Autrement dit, toute personne intelligente est prisonnière de la bien-pensance, seuls les imbéciles s'en échappent parfois. Et le seul fait de s'échapper de la bien-pensance, de "déraper", suffit à vous qualifier comme imbécile.
Bien sûr, vous avez reconnu là les procédés logomachiques de la gauche totalitaire, et ce n'est pas parce qu'elle est plus molle dans la forme qu'elle est moins totalitaire sur le fond.
Je suis d'accord avec Renaud Camus (lisez tout l'entretien) : la bien-pensance est un crime contre la langue.
Il est tout à fait cohérent, dans la droite ligne de 1984, que la langue de la bien-pensance soit pauvre et laide. Par exemple, songez à «vivre ensemble» : peut-on imaginer plus terne expression pour évoquer la vie en société ?
Bien sûr, les propos de Mme Genest sont parfaitement clairs et intelligents et l'on peut en débattre si l'on n'est pas d'accord, au lieu de les traiter par le mépris. Mais évidemment, pour débattre, il ne faut pas avoir cette attitude, commune aux bien-pensants, de seigneurs hautains toisant avec une moue dégoutée les puants manants.
Le sentiment de leur invérifiable supériorité morale est tout ce qui reste à des gens qui n'ont de supériorité dans aucun domaine.
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