On y retrouve des thèmes de ce blog (comme ici).
Notamment, ils y démontent les 13 mythes de la démocratie moderne. Je ne résiste pas au plaisir de vous faire un résumé :
1) Chaque voix compte
Oui, chaque voix compte ... pour une fraction infime (quelques millionièmes, en France). La vraie utilité du vote est de légitimer les hommes de l'Etat qui vont vous priver de votre liberté. En votant, il y a peu de chances que vous influenciez le résultat de l'élection. En revanche, vous légitimez ceux qui vont vous prendre votre argent pour le distribuer à des associations que vous détestez, vous empêcher de fumer, saccager votre langue natale, laisser entrer des immigrés dont vous ne voulez pas, changer la définition légale de la famille etc.
Pour le plaisir de glisser un bulletin dans l'urne qui vaut un quarante millionième, vous acceptez de perdre votre liberté (vous ne pouvez plus choisir librement l'école de vos enfants, votre voiture, vos assurances sociales, vos ampoules électriques, le chauffage de votre maison etc.).
Je pense que la plupart des abstentionnistes comprennent intuitivement cet argument : l'élection légitime des gens qui ne nous veulent pas du bien (et même, souvent, qui nous veulent du mal).
2) La démocratie, c'est le gouvernement du peuple
Pas la peine de s'étendre sur celle-ci : l'actualité nous montre tous les jours que c'est le gouvernement de l'oligarchie.
3) La majorité a toujours raison
Pétition de principe. En réalité, les erreurs de la majorité sont innombrables. L'entrée dans l'Euro (pour laquelle j'ai votée, je suis d'autant plus à l'aise pour en parler) était une erreur catastrophique de la majorité (ce qui ne règle d'ailleurs pas la question de savoir si, une fois qu'on y est, il faut en sortir).
4) La démocratie est neutre politiquement
Non, la démocratie est par nature collectiviste, puisqu'elle suppose que les décisions doivent être prises collectivement. C'est pourquoi toutes les démocraties modernes dérivent inexorablement vers le socialisme.
5) La démocratie, c'est la prospérité
Non, la prospérité vient de la liberté des agents économiques. La démocratie ayant tendance à dériver vers le socialisme et le règne des jaloux, la prospérité existe malgré la démocratie, et celle-ci finit par étouffer celle-là.
La démocratie majoritaire débouche obligatoirement sur le social-clientélisme, qui ne peut que finir en banqueroute.
La démocratie majoritaire débouche obligatoirement sur le social-clientélisme, qui ne peut que finir en banqueroute.
6) La démocratie est nécessaire pour assurer une juste redistribution et aider les pauvres
Tout le monde sait bien que la redistribution du butin du racket fiscal n'est pas faite à raison des justes besoins (d'ailleurs impossibles à définir objectivement) mais à mesure du poids des différents groupes de pression.
On peut raisonner par l'absurde : si la redistribution étatique était juste, on devrait en conclure que les employés de la Banque de France sont les salariés les plus nécessiteux de notre pays.
A contrario, on a l'expérience d'associations charitables privées de proximité à l'efficacité remarquable.
7) La démocratie est nécessaire à l'harmonie sociale
Non. La démocratie, c'est la guerre de tous contre tous pour tirer avantage de la collectivité. A cet égard, le corporatisme à la française, où les avantages que les uns et les autres tirent de l'Etat sont uniquement liés à leur pouvoir de nuisance, est un exemple à la limite de la caricature.
8) La démocratie est indispensable pour créer un sentiment d'appartenance
La liberté de fuir une démocratie moderne est restreinte (voir la récente polémique sur les exilés fiscaux). C'est une adhésion forcée, différente de la véritable appartenance.
A mes yeux, ce point 8 est le plus douteux de la liste : le sentiment d'appartenance n'a que des liaisons très faibles, à mon sens, avec la liberté. De ce que la démocratie n'est pas un régime de liberté, on ne peut déduire qu'elle amoindrit le sentiment d'appartenance.
Ce qui, dans la démocratie, affaiblit le sentiment d'appartenance est le point précédent : la guerre de tous contre tous.
Ce qui, dans la démocratie, affaiblit le sentiment d'appartenance est le point précédent : la guerre de tous contre tous.
9) La démocratie, c'est la liberté et la tolérance
Non, c'est l'oppression par la majorité et par l'oligarchie (qui peuvent quelquefois diverger).
Cette oppression agit par un système de grignotage particulièrement pernicieux : la liste de ce qui est interdit, ou autorisé avec des restrictions, ou soumis à autorisation bureaucratique, est proprement terrifiante, mais chaque mesure isolée est anodine et indolore, toujours prise avec les meilleures intentions (ah ! Cette dictature des bonnes intentions !) comme par exemple, la récente interdiction des paiements en liquide supérieurs à mille euros.
Non seulement, la démocratie, ce n'est pas la liberté, mais ce n'est pas non plus la tolérance : les majorités sont très intolérantes des minorités. Le cas des minorités braillardes est à part.
Cette intolérance se manifeste actuellement contre les défenseurs du mariage. Les insultes de la majorité volent bas et en escadrille.
10) La démocratie promeut la paix et combat la corruption
Pas grand'chose à dire : il est évident que les démocraties ne sont pas particulièrement pacifiques. Voir les cités grecques de l'Antiquité. On peut aussi évoquer la France entre 1880 et 1918 : la nécessité de politique intérieure de légitimer un régime républicain de fraiche date par une exaltation nationaliste hallucinante n'a pas peu contribué à cette horreur que fut la première guerre mondiale.
Quant aux relations entre démocratie et corruption, elles crèvent les yeux.
11) Les gens obtiennent ce qu'ils veulent dans une démocratie
La seule solution offerte par les gouvernants des démocraties : faire encore plus de lois et de règlements, redistribuer encore plus d'argent. Tout simplement parce que c'est tout ce qu'ils peuvent faire.
Cela ne satisfait pas grand monde.
12) Nous sommes tous démocrates
Tous les gens sans imagination sont démocrates, parce qu'ils n'imaginent pas d'alternative à la démocratie autre que la dictature.
Et pourtant, même ceux-là, quand il changent de voiture, ils ne suivent pas une procédure démocratique, ils ne réunissent pas leurs voisins pour les faire voter sur la meilleure voiture, ils usent de leur liberté.
13) Il n'y a pas de (meilleure) alternative
L'alternative à la démocratie n'est pas la dictature, épouvantail facile agité par les cons (d'ailleurs la démocratie moderne installe la dictature de l'oligarchie). C'est la société libérale. Etat minimal, liberté maximale, notamment de parole et d'association, principe de subsidiarité.
La déclaration des droits américaine, en protégeant la liberté de parole, d'association, de porter des armes (droit très important car ultime rempart contre la tyrannie : pas étonnant que ce droit provoque l'hystérie des socialistes) et, indirectement, de propriété est plus libérale que la déclaration française.
La problème est comment la mettre en place ? La démocratie moderne est ce système où 51 % de la population essaie de vivre aux dépens des 49 % restants. Comment renverser ce système vicieux ?
Les auteurs restent un peu flous sur les détails pratiques, mais leur vision à long terme rejoint celle de Jean-Jacques Rosa sur l'Euro et l'UERSS : les grandes bureaucraties datent de l'époque révolue de l'information rare et chère, où il fallait des organes centralisateurs pour rassembler l'information, décider et exécuter.
Aujourd'hui que l'information est abondante, disponible pour tous et quasi-gratuite, la problématique n'est plus de rassembler l'information, de se construire une image du monde, mais de décider et d'agir vite. A ce jeu, les petites entités cohérentes, reposant sur le volontariat, la liberté, et non la contrainte, ont un avantage décisif. C'est pourquoi on sent partout, de la Belgique à la Chine, des forces centrifuges.
L'exemple type, ce sont les petits pays.
Autrement dit, l'Etat démocratique et bureaucratique de plus en plus envahissant s'écroule sous son propre poids et la société qui suit accorde beaucoup plus d'importance à la liberté individuelle et beaucoup moins à la politique.
On en finit avec le poids du millénarisme politique moderne (l'espérance traditionnelle d'une place au Paradis après la mort remplacée par la religion du politique : si je vote «bien», je fais advenir le Paradis sur terre). On en revient à la place traditionnelle de la politique : une simple technique de résolution des problèmes collectifs, qui occupe une part minime de la vie des individus.
Addendum :
Je m'aperçois, en lisant les premiers commentaires, que je n'ai pas été clair.
J'ai rendu compte de ce livre sans en faire véritablement la critique.
Sur les premiers points, les défauts de la démocratie, je suis entièrement en accord avec les auteurs. Je les trouve même plutôt indulgents. La démocratie à la mode 2013, c'est le pouvoir donné à la canaille, aux plus vicieux, aux plus menteurs, aux plus escrocs.
Les points 8, 12 et 13 me posent problème. Ils font fi de liens qui, sans être librement choisis, n'en sont pas moins forts.
Dans le point 13, il y a un raisonnement qui me semble en partie fumeux :
> les démocraties prennent des décisions collectives liberticides et l'individu en est prisonnier.
> si les individus pouvaient choisir à leur guise leur communauté d'appartenance, les décisions collectives seraient moins gênantes car on pourrait les fuir en changeant de communauté.
> dans ce système politique les Etats sont empêchés de grossir inconsidérément par la concurrence entre communautés. Une communauté où l'Etat grossirait trop se viderait de ses habitants au profit du voisin.
On voit bien que ce raisonnement contient une part de vérité : la République Démocratique Socialiste de Frankaoui fait fuir les jeunes diplômés.
Néanmoins, on en revient toujours au problème fondamental des libertariens : leur système ne fonctionne véritablement qu'avec des individus hors-sol.
Ca tombe «bien» : la République Démocratique Socialiste de Frankaoui serine à des générations d'écoliers que toutes les attaches sont «nauséabondes». Ils ont fini par prendre les pédagogues au mot et, par la même occasion, leurs cliques et leurs claques.
Mais c'est là un cas d'espèce très européen.
Néanmoins, ce petit livre est un bon résumé du libertarianisme dont l'amour de la liberté mérite d'être une source d'inspiration.
Toutes les raisons qu'il donne de prévoir un écroulement des Etats socio-clientélistes se tiennent mais on peut hélas imaginer un autre scénario que ce bienfaisant écroulement et cet autre autre scénario est, encore hélas, celui qui se déroule sous nos yeux : les Etats socio-clientélistes répondent à leur fragilité accrue par un regain d'oppression.
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