Criticus poste un texte d'Alain de Benoist sur la droite. Comme d'habitude, ses critiques sont cinglantes, mais ses solutions sont empreintes d'un désir sous-entendu de néo-paganisme celtique puéril et ridicule (pas directement dans le texte de Criticus, mais quand on connaît de Benoist, c'est clair).
Aujourd'hui, ce qu'on appelle la droite est une non-gauche.
A force de se positionner par rapport aux idées de gauche, les prétendus droitistes ont été aspirés intellectuellement et l'ont rejointe, cette gauche maudite, progressiste, étatiste et liberticide. Qu'est-ce qui sépare une NKM, un Fillon, un Copé, du PS, dans l'ordre des idées ? Rien. La seule véritable opposition réside dans le conflit des ambitions personnelles (aucune ambition pour le pays). La «droite» est juste une gauche un peu moins à gauche que la gauche la plus à gauche.
Alors, qu'est-ce que la droite ? Commençons par parler avec des mots justes : qu'est-ce que le parti intellectuel opposé au progressisme socialiste ?
Dans A conflict of visions, Thomas Sowell remarque que, quels que soient les sujets abordés, les opinions se divisent en deux camps, regroupant à peu près les mêmes personnnes, ce qui permet d'ailleurs les notions politiques de droite et de gauche.
Il baptise les deux visions unificatrices de chaque camp l'une «la vision des Elus» et l'autre «la vision tragique».
Pour la première, dans laquelle vous reconnaitrez la gauche, l'Homme est moralement perfectible, le progrès moral existe et l'Humanité est guidée dans sa direction par les Elus (auto-proclamés). Il n'y a pas d'essence de l'homme, on peut le transformer à loisir et suivant la fantaisie des Elus (à condition d'avoir assez de camps pour exterminer les récalcitrants). La vision des Elus, c'est le fantasme de destruction nihiliste de l'adolescent mal éduqué.
Pour la seconde, celle des conservateurs, la condition humaine est éternelle, il n'y a pas de progrès moral, l'histoire est tragique et il faut des efforts gigantesques pour préserver le mince vernis de civilisation dont nous héritons.
L'écoeurante polémique (je n'ose appeler cela un débat) à propos du «mariage» des invertis m'a ouvert les yeux et m'a amené à penser que ce conflit de visions recouvre une autre division : entre ceux qui croient que l'homme a une âme et ceux qui croient qu'il n'est qu'un conglomérat temporaire de cellules.
En effet, quand on croit que l'homme n'est qu'un amas temporaire de cellules, il n'y a rien au delà de la mort, il n'y a que le présent qui existe (ou le futur très proche, ce qui revient au même), la satisfaction des désirs immédiats est la base de tout. On retombe sur la mentalité adolescente.
Inversement, si l'homme a une âme, il est pris dans un réseau de relations, les unes subies, les autres choisies, avant sa naissance et après sa mort, et c'est sa grandeur que de les assumer au mieux en pleine liberté de conscience.
Quand on pense ainsi, on restitue aux hommes leur passé et leur avenir, leur famille, leur langue, leur culture, leur histoire. Leur liberté. «Les hommes ont une âme» + «liberté de conscience», ça s'appelle le christianisme. Peut-être que le bouddhisme est à classer dans la même catégorie, je ne sais pas, je ne connais pas assez pour juger.
Au contraire, l'islam peut être à juste raison qualifié de «communisme avec Dieu» parce qu'il nie la liberté de conscience.
La grande rigueur intellectuelle de Benoit XVI m'a été fort utile à mon cheminement.
Alors, je rejoins l'hôte du blog américain View from the right dont l'agonie sereine due à un cancer force le respect : être conservateur, à la fin des fins, c'est être chrétien.
Il existe des conservateurs fort estimables qui sont athées, comme Alain de Benoist et Thedore Dalrymple, mais justement, cela finit par bloquer leur réflexion, il ne peuvent aller au bout des choses. D'où les diatribes rigolotes mais assez superficelles de Benoist contre l'argent, la bourgeoisie et l'Amérique.
Vous voulez un manifeste conservateur ? Il existe déjà, on appelle ça une encyclique.
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