Le ministre Jérome Cahuzac a menti sur ses comptes en Suisse et à Singapour.
C'est mal, je vous l'accorde. Surtout venant de gens qui ne cessent de nous faire la morale. Surtout une fraude fiscale venant de gens qui ne cessent de nous présenter l'impôt comme le sommet de la justice et de la solidarité.
Mais je suis encore plus gêné par les réactions outrancières de ses «amis».
François Hollande parle de «faute morale impardonnable». Une faute je veux bien, mais pourquoi «morale» ? La faute est-elle seulement en esprit ? Allons, il n'a pas commis une«faute morale» mais un délit (petit, d'ailleurs (1)). Pourquoi toujours raisonner en (mauvais) moraliste ?
Et «impardonnable» ? Y a -t-il jamais rien d'impardonnable en politique ?
Enfin, qui l'a nommé et soutenu, Cahuzac ? N'est-ce pas un certain François Hollande ? Cynisme ou naïveté ? Faute partagée, faute à moitié pardonnée ?
Tout cela sent le sauve-qui-peut et le «courage, fuyons». Pas très reluisant.
Cahuzac doit se sentir très seul. Non pas que je le plaigne, mais enfin, les fameuses qualités morales de ses amis de gauche ne volent pas haut et elles s'évaporent dans la tempête.
Il aurait été réconfortant qu'un vrai ami de Cahuzac le défende. On aurait crié à la complicité entre coquins, mais cela aurait eu de la gueule qu'il se trouve au moins un socialiste pour risquer sa carrière et sa réputation pour un ami. Cela aurait été moral, pour le coup.
Même si les circonstances sont différentes, la défense de Sarkozy par Guaino, cela a plus d'allure.
Mais voilà : la gauche est très bonne pour les grandes leçons de morale. Pourtant, en privé et en public, c'est l'immoralisme le plus sordide qui y règne. D'ailleurs, la grandiloquence du discours est probablement une compensation pour la petitesse des actes. L'affaire Strauss-Kahn aurait du solder définitivement la prétention morale de la gauche.
C'est là qu'intervient la technique du bouc-émissaire : ses «amis» traitent Cahuzac de brebis galeuse. Mais n'est-ce pas pour dissimuler que la vérité est exactement à l'inverse ?
Bien loin d'être le mouton noir, il est très représentatif du troupeau. De quel ministre du fraudeur de l'ISF François Hollande pourrait-on dire «celui-là, il est honnête et droit, il n'aurait pas réagi comme Cahuzac» ?
Non, la singularité de Cahuzac était ailleurs : il venait du privé et n'était pas totalement un frein à la baisse de la dépense publique. Un hasard que ce soit lui qui disparaisse ?
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(1) : j'avoue que le tintamarre autour de cette affaire me semble disproportionné. Il est vrai qu'elle touche la gauche qui nous en a fait des tonnes sur sa haine des riches et de l'argent.
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