lundi, août 12, 2013
A quoi sert l'autorité ?
J'en ai déjà parlé dans ce billet.
Pierre Gaxotte pense que la révolution française aurait pu être évitée en 1774. Cette année-là, Louis XVI rappelle les parlements exilés par Louis XV, décision funeste à tous égards. En agissant ainsi, en cédant à ce que nous appellerions un lobby, il a sapé son autorité et son trône, avant d'y perdre la tête. La révolution ne s'est pas faite contre un tyran, elle s'est faite contre un Roi qui n'était plus assez Roi.
Le pouvoir, c'est ce qui fait obéir à quelqu'un en fonction de ce qu'il peut vous faire, en bien ou en mal. L'autorité, c'est ce qui fait obéir à quelqu'un en fonction de ce qu'il est. Les deux ont des liaisons. Il faut souvent commencer par exercer son pouvoir pour établir son autorité, c'est ce que beaucoup d'enseignants et de parents ont oublié. A l'ombre du pouvoir, des relations s'établissent qui créent une autorité si le détenteur putatif de l'autorité se comporte d'une manière adéquate (des parents-copains peuvent bien exercer leur pouvoir tant qu'ils veulent, ils ne se créeront jamais une autorité). Autorité qui rend inutile l'usage du pouvoir. Pour que le pouvoir se transforme en autorité, il faut être juste (c'est le célèbre «sévère mais juste») et fidèle à ses devoirs. Comme le dit Hélie de Saint-Marc : «L'autorité est fille du courage sous toutes ses formes, moral, intellectuel et physique».
Inversement, quand l'autorité n'est pas établie, il faut sans cesse recourir au pouvoir et à la coercition. Cela encore, nous l'avons oublié.
Redisons-le ici : l'autorité n'est pas un caprice. Elle a une utilité sociale immense. On peut même considérer que, sans autorité, il n'y a pas de société. L'autorité structure la société et fait rempart contre l'anarchie, contre le bordel généralisé, contre l'oppression du faible par le fort.
C'est pourquoi, spontanément, les hommes en groupe se donnent une autorité : dix ans d'atroce foutoir révolutionnaire n'ont abouti qu'à remplacer sur le trône Louis de France par Napoléon Bonaparte.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, de nos jours, après quarante ans de critique systématique de l'autorité, notre société se dissolve. Et il n'y a rien d'étonnant non plus à ce que certains se cherchent et se trouvent une autorité de substitution, à savoir l'islam et ses imams. D'où ces affaires de voile islamique, où l'autorité montante teste l'autorité déclinante.
Des autorités de fait se constituent dans les territoires perdus de la république et tel caïd de la drogue qui se sent quelques devoirs de protéger son voisinage n'est pas très différent d'un baron pendant l'anarchie post-carolingienne.
Comme il est impossible, pour des raisons culturelles, que l'islam devienne l'autorité du pays entier, il n'y a qu'une alternative : soit une nouvelle autorité autochtone surgira et mettra au pas les autorités concurrentes, soit le pays se dissoudra, façon Afrique du Sud.
Mais autant l'ancienne autorité, patinée par l'habitude, usait modérément du pouvoir, autant la nouvelle autorité, qu'elle soit locale ou nationale, sera obligée de recourir à la violence pour s'établir. Il est facile de casser, il est plus ardu de reconstruire.
Cela n'empêche pas de retrouver individuellement l'usage de l'autorité. Quand je vois autour de moi des parents sans autorité, obligés de quémander ou de faire du chantage pour obtenir quoi ce soit de leurs enfants, je commence par plaindre les enfants : le laxisme crée l'insécurité, l'autorité protège.
Parce que Louis XVI n'a pas su recouvrer, en exerçant violemment son pouvoir, l'autorité qu'il avait perdue à force de compréhension, d'humanité, de bonté et de légalisme, parce qu'il n'a pas voulu disperser la tourbe des agitateurs et des phraseurs au prix de quelques centaines de morts, la France a vécu dix ans d'anarchie, vingt ans de guerre et des centaines de milliers de morts. Gaxotte imagine Louis XV sautant en selle à l'annonce de la prise de la Bastille et rétablissant l'ordre en faisant pendre les émeutiers. Hélas, Louis XVI n'était pas Louix XV, encore moins Louis XIV. Il ne fut Roi que lors de son procès, bien trop tard.
Revenons en 2013 : le gouvernement socialiste exerce beaucoup de pouvoir sur ses opposants mais il n'a aucune autorité parce qu'il est menteur, injuste et partisan, oublieux de ses devoirs envers la France et les Français. Il est le gouvernement de la lâcheté et du mensonge, à mille lieues «du courage sous toutes ses formes, moral, intellectuel et physique».
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