samedi, novembre 02, 2013

Le pétainisme en 2013

Dans le billet Britain's war machine, j'ai écrit que 99 % de nos politiciens étaient pétainistes. Cela a dérangé certains commentateurs.

Je le comprends car je n'ai pas été très clair.

Je l'ai déjà dit ailleurs, mais la répétition est la base de la pédagogie.

Dans le billet Fernand de Brinon, l'aristocrate de la Collaboration, j'ai expliqué, en note de bas de page, ce que j'appelle la lecture pétainiste de l'histoire.

Je permets une auto-citation :

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Je nomme la lecture pétainiste de l'histoire : considérer que l'armistice était nécessaire, que le gouvernement de Vichy qui en découlait était légitime et que, donc, les crimes du gouvernerment de Vichy sont ceux de la France. L'enchainement peut se remonter en sens inverse : si on considère que les crimes de Vichy sont ceux de la France, on considère de fait, même si on ne l'avoue pas, que le gouvernement de Vichy était légitime.

Jean-Pierre Chevènement a parfaitement décrit les conséquences logiques d'une telle lecture : Charles De Gaulle n'est qu'un général dégradé, Léon Blum un politicien flétri responsable de la défaite, les Résistants des terroristes, les juifs ayant échappé aux rafles des hors-la-loi et la place de la France parmi les vainqueurs usurpée, ainsi que son siège permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU.

On notera que les arguments qui frappent d'illégalité et d'inconstitutionnalité le gouvernement de Vichy sont parfaitement décrits dans la déclaration organique rédigée par René cassin et qu'il n'y a aucune raison de revenir dessus.
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Tous les politiciens, comme Jacques Chirac à propos de la rafle du Vel d'Hiv, pour qui «la France a commis l'irréparable» sous le régime de Vichy, sont pétainistes à mes yeux puiqu'ils font une lecture pétainiste de l'histoire. Ils représentent bien 99 % de nos politiciens. A mon souvenir, vous me rectifierez si je me trompe, seuls deux politiciens ont protesté dans un passé proche contre la lecture pétainiste de l'histoire : Philippe Seguin, décédé, et Jean-Pierre Chevènement, pas de première jeunesse.

C'est le sens intelligent que peut avoir le qualificatif «pétainiste» appliqué à nos contemporains.

En effet, baptiser «pétainiste» en 2013 des gens qui auraient soit-disant le même programme politique que Philippe Pétain (par exemple, Travail, Famille, Patrie), c'est tomber dans le premier péché de l'historien : l'anachronisme.

Le terme peut être utilisé à des fins polémiques, mais, en toute rigueur, les conditions sont tellement différentes et éloignés que personne en 2013 ne peut avoir un programme politique pétainiste (ni gaulliste, d'ailleurs).

En 2013, il ne peut y avoir de pétainiste ou de gaulliste que des lectures de l'histoire, des interprétations historiques. Sinon, les mots ne veulent plus rien dire.

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