Une batterie d'ânes savants, Eric Zemmour, Natacha Polony, Florian Philippot, se réclament du chevènementisme. Ils investissent le FN en masse.
Or, le chévènementisme a échoué et il échouera encore.
D'après Eric Zemmour, cet échec vient du refus de Chevènement de parler de l'immigration de masse. Auquel cas, le chevènementisme façon FN règlerait le problème. C'est une explication, mais partielle, à mon avis.
Le chévènementisme, c'est «la politique prime l'économie». Les acteurs politiques décident et vlan, les acteurs économiques exécutent. C'est vachement pratique pour des gens qui ont lu tous les livres politiques mais ne comprennent rien à l'économie (c'est pourquoi je les traite d'ânes-savants).
Le chevènementisme dans la pratique, c'est l'autarcie. En effet, pour le chevénementiste, à chaque difficulté économique, «l'Etat-stratège»« prend des mesures», qui sont évidemment protectionnistes. Ainsi, de «mesure» en «mesure», on s'achemine vers l'autarcie qui, en théorie comme en pratique, n'amène toujours qu'une seule chose : la misère.
Une telle politique ne peut séduire que des intellectuels fumeux et des technocrates qui rêvent de manipuler les manettes et les boutons de l'économie.
Les Français ont plus de bon sens (ils réclament des subventions pour eux et des impôts pour les autres, c'est une forme de bon sens !). Ils voient tous les jours des administrations qui font n'importe quoi, que cela soit pour un sauvetage de fonderie ou un permis de construire, et ces gens-là seraient capables de «prendre des mesures» pour l'économie ? Il ne faut pas prendre les Français pour des cons.
Les Français réclament sans cesse l'intervention de l'Etat pour en tirer des avantages personnels. Mais de là à croire que l'Etat peut améliorer la santé économique pour l'ensemble de la collectivité, il y a une marge.
Et puis, ils savent que «la politique prime l'économie» se traduit toujours par «les couillons vont continuer à payer pour les groupes de pression».
Seul un intellectuel est assez naïf pour être chevènementiste. C'est pourquoi le chevènementisme n'aura toujours que de petits bataillons.
La seule politique de l'Etat qui est efficace en matière économique sur le long terme, c'est «laissez faire, laissez passer» (y compris «laissez faire» la monnaie, donc pas d'Euro). Tous les exemples de pays prétendument protectionnistes qu'on nous cite ont su s'ouvrir à temps à la compétition internationale.
Cela n'empêche nullement, bien au contraire, d'utiliser cette prospérité économique à des fins politiques. Politique et économie sont liées, mais pas dans le sens où l'Etat décide s'il faut investir dans le caleçon en laine ou dans le bas de soie.
Sur le plan théorique, je me répète (mais la répétition est la base de la pédagogie), au triptyque infernal «étatisme-mondialisme-immigrationnisme», il faut opposer le principe de subsidiarité. Il est bien dommage que la Suisse abandonne, sous la pression insidieuse d'une oligarchie avide de pouvoir, ce principe qui a fait sa fortune.
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Nota : je suis en désaccord avec Jean-Pierre Chevènement, je crois que son analyse est fondamentalement fausse parce qu'il articule improprement politique et économie, que ses conceptions économiques sont souvent absurdes et contraires aux quelques faits avérés en économie.
Cependant, j'ai du respect pour lui : j'ai lu son dernier livre 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ? Pas un de nos politiciens en exercice, ni Hollande ni Sarkozy, ni Fillon, n'est capable d'écrire ainsi (je crois qu'à long terme le fait que nos politiciens n'écrivent plus leurs discours est un drame).
Son livre est stimulant. Il dit des vérités historiques sur nos relations avec l'Allemagne, la Russie, les Etats-Unis et l'Europe en général qui feraient s'étrangler les gardiens du politiquement correct.
Par exemple, il rappelle que c'est l'offensive précoce des Russes, rendue possible par les chemins de fer payés par les fameux emprunts, qui a permis le «miracle de la Marne». Et que les sacrifices russes sont autrement importants pour la victoire finale que l'aide américaine en 1917.
Que la deuxième bataille de la Marne (une des plus magnifiques victoires de l'armée française, pas loin d'Austerlitz et de Rocroy), celle de juillet 1918 (pas oubliée par hasard mais par idéologie), qui ouvrit la porte de la victoire finale, ne comprenait quasiment aucune troupe américaine.
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