L'affaire Hollande-Gayet ne m'inspire qu'une réaction, une citation de Montaigne :
«A ceux, qui nous régissent et commandent, qui tiennent le monde en leur main, ce n'est pas assez d'avoir un entendement commun, de pouvoir ce que nous pouvons. Ils sont bien loing au dessoubs de nous, s'ils ne sont bien loing au dessus. Comme ils promettent plus, ils doivent aussi plus.»
François Hollande se comporte (au mieux) comme un Français moyen, normal, pour reprendre son expression favorite. Mais, justement, il ne l'est pas, normal (1).
Un dirigeant assume deux morales. Une morale collective : individuellement, c'est mal de tuer, mais, en tant que gouvernant, pour le bien de la collectivité, cela peut être son devoir que d'ordonner de tuer. En revanche, en morale individuelle, il doit donner l'exemple et se montrer irréprochable.
Par le passé, un gouvernant pouvait se permettre quelques écarts en morale individuelle du moment que cela ne se savait pas trop et ne portait pas atteinte à son devoir d'exemplarité. N'exagérons toutefois pas cette licence : Bossuet était obligé de rappeler Louis XIV à l'ordre. Maintenant, qui rappellera Hollande à son devoir d'exemplarité ?
Mais aujourd'hui où tout finit par se savoir, les politiciens doivent être irréprochables, ou compenser par de brillants résultats les reproches moraux qu'on pourrait leur faire. Si cela leur déplaît, qu'ils ne fassent pas de politique.
Voilà pour la morale privée.
Pour la morale collective, ils ne sont pas mieux. Manuel Valls prend le risque de saper la liberté d'expression en France pour une vindicte personnelle et pour gagner quelques voix à gauche aux municipales. Ils sont complètement irresponsables. Pire, je crois qu'ils s'en foutent, des conséquences à long terme. Seul le court terme les intéresse.
Tous ces gens ont conscience, plutôt deux fois qu'une, de leurs droits. Mais, de leurs devoirs ?
Bref, n'étant pas loin au-dessus de nous, ils sont loin, très loin, en-dessous. Nos gouvernants sont la lie de notre société. Je vais vomir.
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(1) : le plus choquant de l'affaire, c'est que le président aille voir sa pouffe en scooter accompagné d'un seul officier de sécurité. Pour visiter quatre Français, il déplace un escadron de CRS. Mais pour aller tirer un coup, il n'hésite pas à prendre des risques.
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Deux réactions qui complètent ce billet :
La classe politique se tient remarquablement les coudes (Marine Le Pen comprise, qui confirme une fois de plus que sa «dédiabolisation» est une normalisation dans le plus mauvais sens), seul Georges Fenech (UMP) dit les choses qui doivent être dites :
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La question de la démission de Hollande se pose
Après la scabreuse affaire DSK et la piteuse affaire Cahuzac, l'affaire Hollande-Gayet finit d'achever la gauche morale.
Comment ne pas déplorer l'atteinte intolérable à l'image de la France, quand le Chef de l'État, qui n'est pas un citoyen comme les autres, non content d'entretenir aux yeux de la terre entière une relation illégitime à l'Elysée, se fait surprendre casqué et à moto pour des rendez-vous galants, de surcroît entouré de gardes du corps rémunérés sur fonds publics.
La question de la démission de François Hollande doit être posée, avant que les valeurs qui fondent une nation ne soient définitivement détruites.
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Et Maxime Tandonnet :
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Cauchemar…
La solidarité de la classe politique concernant la "liaison" du chef de l’Etat révélée par Closer est sidérante. Mme le Pen (présidente du FN) a été la première a déclarer ce matin que le président avait "comme tout le monde droit à la vie privée", puis M. Jean-Pierre Bel, M. Cohn Bendit, M. Désir, Mme Hidalgo, M. Ayrault sont intervenus dans le même sens. Or, je ne partage pas cette vision. L’histoire de la République le montre sous toutes les coutures, le chef de l’Etat, pendant son mandat, n’a pas de vie privée: il est au service de la France. Incarnant l’Etat, il a un devoir d’exemplarité dans son comportement. Représentant la Nation vis-à-vis de l’extérieur, garant de son image internationale, il se doit d’être irréprochable. C’est d’autant plus vrai que l’actuel président avait placé sa campagne sous le signe de l’exemplarité morale et de la normalité. Dans un pays en plein marasme, les Français attendent de lui qu’il consacre son énergie à "les sortir de la crise" et à rien d’autre. Cette impression de mélange des genres entre le chef de l’Etat et le star system est accablante. Jamais le gouffre entre le système politico-médiatique qui sert les coudes, se protège (y compris les soi-disant "anti système" qui en sont en réalité l’un des piliers), et le peuple français qui se sent abandonné, ridiculisé par l’ensemble de sa classe politique et ses élites, n’aura été aussi profond, abysssal. Bref, le cauchemar continue. Accrochons nous, il me semble qu’une crise politique de grande ampleur se rapproche…
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