Pierre Manent dans le Figaro
Article passionnant.
J'aime bien cette expression d'«émigration (sous-entendu, dans sa tête) de la classe politique». Certains emploient «sécession des élites», mais cela me semble recouvrir une réalité différente, bien que complémentaire.
Les «élites» des centres-villse méprisent le peuple, pour ne pas dire, le haïssent de toutes leurs tripes (dans leur bouche, les pires insultes sont «franchouillard» et «populiste»). Au sein de ces «élites», les politiciens ont déjà franchi une étape supplémentaire : ils ne sont plus ici dans leur tête, ils sont déjà à Bruxelles. Ils ont remplacé la France, trop étroite pour leurs rêves de grandeur, ils ont abandonné tous leurs devoirs envers elle et n'aspirent plus qu'à un empire européen et «Périssent les nations !».
La gauche méprise le peuple français : elle le met sous étroite surveillance car elle l'accuse d'être en proie à toutes les idées «nauséabondes» qui se terminent par «phobie». La droite méprise le peuple français : elle le menace sans cesse de «réformes» dignes du père Fouettard car, au fond, elle est persuadée que le peuple français est paresseux.
Je suis un peu plus libéral que Manent, mais c'est un détail. Je partage sa ligne de pensée. Je me retrouve pleinement dans cette phrase :
«De quelque
parti qu'ils soient, les modernes ont un point commun: ils pensent n'avoir rien fait tant qu'ils ne se sont pas mis sous le
pouvoir absolu d'une idée abstraite».
Cette phrase explique les critiques que m'adressent les commentateurs : qui m'accuse d'être incohérent dans mon libéralisme en étant conservateur, qui me reproche de ne pas avoir compris les délices de l'occiddentalisme, qui m'en veut de ne pas pousser mon patriotisme jusqu'à l'antisémitisme, etc.
Je préfère le risque de l'incohérence au risque du ridicule, en me plaçant sous l'emprise d'une idée et une seule.
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