jeudi, février 27, 2014

Vers la société servile



Vous connaissez le premier paradoxe démocratique : les qualités pour être élu sont à l'opposé des qualités pour gouverner.

Kenneth Minogue pointe un deuxième paradoxe démocratique : les jours d'élections, les citoyens sont considérés par les politiciens comme des adultes responsables et leurs décisions ce jour-là font force de loi, incontestables. Les politiciens savent assez se réclamer de cette légitimité. Tous les autres jours de l'année, les citoyens sont considérés par les politiciens comme des mineurs irresponsables que l'Etat doit guider et protéger.

Il est vrai que ce paradoxe est en train de disparaître par le mauvais bout : même les jours d'élections, les politiciens ne considèrent plus les citoyens comme des adultes responsables. C'est que recouvre l'usage intensif de «populiste» comme insulte.

L'inquiétant rétrécissement des libertés publiques

Cellule de soutien psychologique pour les jurés d'assises : le ridicule ne tue plus !

L'explication de Bilger est limpide :

Si une telle absurdité [la cellule de soutien psychologique pour les jurés d'assises] était suivie d'effet, elle ne ferait que renforcer cette tendance qui, bien au-delà du judiciaire, nous constitue comme des handicapés de l'audace et des angoissés de l'action, nous fait craindre ce qui est susceptible de nous rehausser et n'a pour objectif que de nous éloigner en définitive de l'épopée familière et combative qu'est toute existence, même la plus réussie, pour nous engluer dans la peur avant le mouvement, dans la suspicion avant la connaissance, dans l'effroi avant les symptômes.

Mais la phrase la plus importante est :

Etre juré d'assises est un honneur, un don démocratique, pas une maladie.

L'honneur, c'est un vieux truc d'homme, désuet, dépassé. Maintenant, le neuf, c'est de considérer les gens comme des victimes, des malades ou des enfants. Voire tout cela à la fois.

Enorme progrès !

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