Chesterton avance une explication à la déchristianisation de l'Occident.
La religion d'en-haut, le mysticisme, et la religion d'en-bas, la superstition, sont liées, elles se nourrissent l'une l'autre par les voies mystérieuses de la Providence.
Ceux qui se sont crus très intelligents en supprimant les processions à Saint Tartempion, guérisseur des pieds plats et des hémorroïdes, comme de ridicules superstitions, ont en réalité fait quelque chose de très bête : ils ont déraciné la religion du peuple.
Il suffit d'aller dans une église de France aujourd'hui : le public y est très peu populaire.
Mais Chesterton va plus loin. La déchristianisation est une conséquence de l'urbanisation.
La superstition nait du rapport à la nature. Il n'y a de dieu des fontaines et des moissons que si les gens connaissent les fontaines et les moissons. Or, les urbains ne connaissent plus rien de la nature.
Bien sûr, certains en ont une connaissance livresque, mais c'est de connaissance psychologique, intime, dont on parle ici. Il n'y a plus guère de Français dont l'existence ou la subsistance dépendent des humeurs de la nature.
Je traite souvent l'écologie de nouvelle superstition mais c'est une superstition qui ne connaît pas son objet. Cela me rappelle cette anglaise «défenseuse» des droits des animaux déchiquetée par un taureau de combat en sautant dans son enclos pour prouver qu'il était inoffensif.
Non, la nature n'est pas gentille, mais qui le sait encore et éprouve le besoin de l'amadouer par des prières ?
Il n'y a plus de dieu des navets parce qu'il n'y a plus de navets.
Nota : Chesterton n'en parle pas, mais on remarquera aussi à quel point les formes d'islam radical (pléonasme) qui montent dans nos contrées sont abstraites, désincarnées, déracinées.
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