Suite à mon premier billet sur le sujet :
Vous savez que je ne porte pas Nicolas Sarkozy dans mon coeur mais je m'efforce de lui opposer des critiques rationnelles, proportionnées.
Or, il y a un type de critiques qui me dérange et suscite ma perplexité : l'antisarkozysme viscéral, qui s'attaque à la personne, au physique, insulte ou, plus subtilement (mais cela revient au même), qui voit Sarkozy tout en noir.
Je sais bien qu'il faut être con comme un balai pour croire que la politique est rationnelle, qu'elle se fait à coups de débat argumenté. Non, la politique se fait avec des images, des impressions, des connotations, des amalgames. Mais, tout de même, cet oubli total de la rationalité chez quelques uns dès qu'on prononce «Sarkozy» m'intrigue.
Nicolas Sarkozy est l'homme que certains aiment haïr, pourquoi ?
C'est presque une étude psychanalytique collective qu'il faudrait faire.
Bien sûr, derrière l'antisarkozysme viscéral de beaucoup, il y a finalement des petits intérêts personnels bien rationnels. Mais cela ne me suffit pas comme explication.
Je pense que le fond du problème est le style Sarkozy, indépendamment de ses idées et de ses actions politiques : agité, vibrionnant. Je pense à René Char : «La France a des réactions d'épave dérangée dans son sommeil». Par son style, Sarkozy nous empêche de mourir en paix, bourgeoisement, à cause de toute l'énergie dont il éclabousse l'écran.
Je n'emploie pas «bourgeoisement» par hasard : je pense qu'il y a dans l'antisarkozysme viscéral un mépris de classe. La classe jacassante méprise celui qui est toujours par certains cotés un «petit chose», bien qu'issu d'une famille bourgeoise. La maitresse de maison Bilger lui en voudra toujours de s'essuyer les doigts sur la nappe et le regardera toujours de haut, comme un parvenu qu'on tolère à cause de son argent mais qui ne sera jamais des nôtres. On remarque que Marine Le Pen, qui répond bien à tous les codes de la bourgeoisie (et ne menace aucune rente) est désormais moins victime d'un discours haineux que Nicolas Sarkozy.
Bref, je pense que la racine profonde de l'antisarkozysme viscéral, c'est que Nicolas Sarkozy est encore un peu vivant alors que la bourgeoisie aimerait bien qu'on laisse mourir la France en paix.
Le destin de Nicolas Sarkozy m'indiffère car je ne crois pas qu'il soit le sauveur de la France. En revanche, les réactions qu'il suscite ne laissent pas de m'inquiéter car elles révèlent que la France ne supporte plus l'énergie. Or, si sauveur il devait y avoir, il serait nécessairement énergique comme Nicolas Sarkozy.
La France, ou du moins la partie qu'on en entend, n'a plus en envie de vivre et c'est cela que révèle, à mon sens, l'antisarkozysme rabique.
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