Guérilla à Barbès et à Sarcelles : «Il y a eu impuissance de l'État»
La dernière phrase de ce texte confirme mon impression : l'appareil d'Etat, qui nous coûte si cher en impôts, ne fait pas tout ce qu'il peut empêcher ou pour réprimer les violences urbaines, et ce comportement trouve son origine au sommet.
Tout d'abord, il y a dans notre gouvernement un penchant racaillophile qui ne fait aucun doute. Mais je ne suis pas sûr que cet élément soit si important dans les événements actuels que le croient certains opposants. C'est un plus, la cerise sur le gateau.
Pour moi, il y a deux éléments dans l'attitude molle du gouvernement, partagés à droite et à gauche :
1) La classe dirigeante est coupée de la population, physiquement et psychologiquement. Ces événements ne la concernent pas directement. Aucun fils, aucun neveu, de ministre ou de parlementaire ne sera jamais victime d'une émeute à Barbès, ils vivent dans un autre monde, c'est la coupure physique. Et ils ne ressentent aucune empathie pour le petit peuple (qu'il méprise) et qui, lui, pourrait être pris dans une émeute. C'est la coupure psychologique.
(On notera à cette occasion que Marine Le Pen prouve une fois de plus qu'elle a intégré la classe dirigeante. Elle n'est, comme le suggère son père, qu'une petite bourgeoise pas très intelligente qui gère un créneau marketing.)
Voyez d'ailleurs un biais significatif : ce sont les «actes et les injures antisémites» qui sont au centre du «choquage» des choqués professionnels. En revanche, une émeute dans le Paris populaire, cela ne vaut pas, en soi, un coup de «choquage».
La classe dirigeante n'est plus touchée par ces événements qu'à travers leurs conséquences médiatiques et électorales. Or, s'ils contribuent à faire monter le Front National ou l'abstention, le pouvoir peut considérer qu'ils sont positifs en vue des élections de 2017 (toujours le scénario du deuxième tour Hollande - Le Pen).
2) Plus aucun de nos dirigeants ne croit en la prison, ne croit que mettre des gens en prison protège la société. Et ils n'y croient plus parce que, de manière plus large, ils ne croient plus à la Justice et à l'Ordre (les majuscules sont à dessein).
Ils sont devenus des êres tout entiers cyniques : la morale et les valeurs sont invoquées avec d'autant plus de légèreté qu'elles ne sont qu'un argument rhétorique vidé de tout contenu personnel. Un François Hollande ou une Christiane Taubira ou un Bernard Cazeneuve seraient bien surpris si on leur disait qu'il y a une morale qui les engage, eux personnellement, dans leur conscience, et leur crée des devoirs, que la morale n'est pas seulement un réservoir d'insultes à jeter à la tête des adversaires politiques.
Pendant les vacances, j'ai lu quelques uns des petits livres d'Henry de Monfreid. Au détour d'un récit, il se permet d'exprimer une opinion politique : la fonction du pouvoir est d'imposer la Force (il s'agit de force morale, du respect que l'on inspire) et la Justice, qui vont de pair (on n'est pas très loin de mon billet A quoi sert l'autorité ?). Il ajoute que la démocratie engendre la faiblesse et l'injustice.
Je ne suis pas aussi sûr que Monfreid que la démocratie conduit à la faiblesse et à l'injustice. En revanche, j'approuve tout à fait que Force et Justice, vertus cardinales, marchent de concert, de même qu'injustice et faiblesse.
Le gouvernement Hollande le prouve tous les jours : incapable de la moindre réforme, il accumule les injustices. La prétendue opposition, ce n'est pas mieux. La vérité rend libre : les Français ne sont pas près d'être délivrés. Mais le veulent-ils ?
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