En vacances, nous visitons le musée de la céramique à Lezoux. Nous croisons un groupe d'une quarantaine d'enfants d'environ dix ans.
Aussitôt, l'analogie qui me frappe est celle de la fosse aux singes du zoo de Vincennes.
Ils braillent, ils s'agitent en tous sens, ils se chamaillent, dans le bordel le plus complet. Exactement les singes du zoo de Vincennes. Mais les singes ont une excuse : ils sont des singes.
Devant cette scène édifiante, je pense au prince de Salina dans le Guépard : "Encore un peu et ils se suspendront aux lustres par la queue." Heureusement, merveille de prévoyance de l'esprit moderne, l'architecte n'a pas mis de lustres au plafond.
J'observe quelques minutes : ils sautent d'"espaces ludiques" en "animations" dans un foutoir même pas joyeux. Non seulement cette visite est sans profit pour eux, ils ruinent la visite des autres, mais ils s'ennuient.
Quant aux adultes censés les encadrer, ils sont perdus dans la masse et ne semblent pas avoir honte de quoi que ce soit.
Une surveillante nous dit d'un air désolé : "Ils sont un peu bruyants, hein ?".
Voilà, notre civilisation s'écroule et c'est un peu bruyant.
Rémi Brague dit qu'il suffit qu'une ou deux générations ne transmettent pas pour que la culture se perde définitivement et que la civilisation disparaisse.
Pour bien comprendre notre déchéance, il faut imaginer la même visite en 1974, c'est-à-dire il y a moins de quarante ans.
Oh bien sûr, quelques uns de ces petits singes deviendront, malgré tout, malgré ce qu'on ne leur enseigne pas, des hommes mais c'est notre malheur que de devoir nous contenter de si peu.
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