Après L'âge du renoncement, Chantal Delsol cherche ce qu'on peut sauver des principes chrétiens qui construisent, qu'on le veuille ou non, notre société (sans christianisme, pas de personnes et pas de libertés individuelles, pas de Vérité et pas de quête de la Vérité).
Cette tentative me semble vaine. A mon sens, il n'y a qu'une manière de sauver les principes du christianisme : être chrétien. Tout le reste est irréaliste.
Puisque notre société est déchristianisée, elle a renoncé à elle-même, elle n'a donc qu'un destin : disparaître à brève échéance, comme a disparu l'empire romain. Ce qui n'empêcherait pas d'ailleurs une renaissance ultérieure du christianisme, sur les décombres. Car notre société peut disparaître, les hommes continueront à vivre et auront besoin de constituer une société, qui sera autre que la nôtre.
Cependant, Delsol a nombre de réflexions intéressantes.
Par exemple, elle explique que des sociétés sans père existent et peuvent encore exister (contrairement à ce que prétendent certains opposants à la dénaturation du mariage), mais elles ont toutes un point commun : ce ne sont pas des sociétés libres. Car le rôle du père est libérateur. Je rappelle qu'on a décrit le régime nazi comme le régime des enfants sans pères (pères tués à la guerre, estropiés, dévalorisés par le chômage).
Ou encore, elle met en lumière la contradiction entre la démocratie, qui suppose des citoyens adultes et responsables, et l'Etat-providence, qui nous traite tous comme des enfants irresponsables.
Pour Delsol, le mal absolu est le subjectivisme. S'il n'y a aucun critère objectif pour rien, alors ce que décrète l'Etat s'impose sans contestation possible, il ne peut plus y avoir d'Antigone qui conteste le pouvoir au nom de principes supérieurs, puisqu'il n'y a plus de principes supérieurs.
C'est le positivisme juridique, que le sénateur bolchévique Michel a excellemment résumé : «Ce qui est juste, c'est ce que dit la loi» (oui, on a pu entendre des phrases comme celles-ci en France en 2013. C'est stupéfiant). Si la loi dit 2+2=5 (comme les lois mémorielles), qui peut le contester puisque tout est affaire d'opinions subjectives ? La voie du totalitarisme est ouverte. Et qu'il soit mou, à coup d'abrutissement médiatique plutôt que de séjours à la Loubianka, ne change pas le fond.
Les pierres d'angle
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