Air France menacée par le scénario Alitalia
L'auteur fait mine de considérer qu'Air France peut encore être sauvé.
Peut-être sacrifie-t-il aux convenances qui veulent qu'on n'annonce pas trop brutalement l'étendue du mal à l'agonisant et à sa famille.
Moi, je n'ai pas ces politesses. J'avais des doutes sur l'avenir d'Air France avant la grève. Les pilotes les ont levés, hélas pas dans le bon sens.
Dans dix ans, Air France sera une filiale d'Emirates ou d'Etihad et aura perdu la moitié ou les deux tiers de ses effectifs. Merci les pilotes (et la direction).
C'est d'autant plus facile à anticiper que le scénario n'a rien de surprenant : il s'est déjà produit plusieurs fois depuis vingt ans. De là à penser que les pilotes d'Air France, puisqu'ils ne savent même pas tirer leçon des erreurs fatales des autres, sont bêtes à manger du foin ...
lundi, septembre 29, 2014
L'école des femmes
J'aime L'école des femmes beaucoup moins que Le misanthrope, à l'inverse du public de Molière.
Il y a une raison fondamentale : l'évolution des moeurs. Le cocu faisait rire, désormais il fait pleurer. Le cocu n'est plus le pater familias tout puissant et trompé mais le pauvre homme forclos qui devient inutile dès l'engrossement de madame.
De plus, cette pièce trace des psychologies beaucoup trop sommaires.
Mais la version télévisée avec Bernard Blier et Isabelle Adjani était plaisante :
Quel dommage que cette extraordinaire actrice n'ait ensuite pas pu se dégager des rôles de folles.
Il y a une raison fondamentale : l'évolution des moeurs. Le cocu faisait rire, désormais il fait pleurer. Le cocu n'est plus le pater familias tout puissant et trompé mais le pauvre homme forclos qui devient inutile dès l'engrossement de madame.
De plus, cette pièce trace des psychologies beaucoup trop sommaires.
Mais la version télévisée avec Bernard Blier et Isabelle Adjani était plaisante :
Quel dommage que cette extraordinaire actrice n'ait ensuite pas pu se dégager des rôles de folles.
jeudi, septembre 25, 2014
mercredi, septembre 24, 2014
Ah, tous ces grands exégètes coraniques de gouvernement ...
Manuel Valls a déclaré que Daech (comprendre l'Etat Islamique du Levant) est une insulte à l'islam.
Ca me fait marrer, comme Eric Zemmour, tous nos grands exégètes coraniques de gouvernement qui savent distinguer immanquablement le vrai islam du faux islam, qui voient à coup sûr ce qui trahit et ce qui ne trahit pas l'islam.
On se demande ce qui motive tant de passion exégétique chez des gens qu'on ne connaissait pas si passionnés des choses de l'érudition et de l'esprit. Si seulement ils pouvaient mettre la moitié de motivation à comprendre la religion catholique.
Oui, on se demande bien ce qui les motive.
La peur des dix millions de musulmans en France ? Pourtant, si l'islam est une religion de paix et d'amour, comme on nous le répète jusqu'à plus soif, pourquoi avoir peur ? N'y aurait-il pas là une légère contradiction ?
Ca me fait marrer, comme Eric Zemmour, tous nos grands exégètes coraniques de gouvernement qui savent distinguer immanquablement le vrai islam du faux islam, qui voient à coup sûr ce qui trahit et ce qui ne trahit pas l'islam.
On se demande ce qui motive tant de passion exégétique chez des gens qu'on ne connaissait pas si passionnés des choses de l'érudition et de l'esprit. Si seulement ils pouvaient mettre la moitié de motivation à comprendre la religion catholique.
Oui, on se demande bien ce qui les motive.
La peur des dix millions de musulmans en France ? Pourtant, si l'islam est une religion de paix et d'amour, comme on nous le répète jusqu'à plus soif, pourquoi avoir peur ? N'y aurait-il pas là une légère contradiction ?
Air France, c'est fini
Air France renonce à son plan de la dernière chance. Sous la pression des pilotes, Air France vient de rater le dernier métro.
Air France disparaitra donc dans les dix ans à venir, de crise en crise, comme a disparu Pan Am en 1992, qui était cogéré de fait par les employés.
L'agonie sera longue, mais elle est écrite.
Air France disparaitra donc dans les dix ans à venir, de crise en crise, comme a disparu Pan Am en 1992, qui était cogéré de fait par les employés.
L'agonie sera longue, mais elle est écrite.
mardi, septembre 23, 2014
Zemmour : Sarkozy en Louis XVI
Éric Zemmour : "Le référendum, rideau de fumée... par rtl-fr
Nombre d'éditorialistes l'ont souligné : pour avoir une chance sérieuse de mener une politique bonne pour la France après 2017, s'il était élu, Nicolas Sarkozy doit dire non pas «J'ai changé» mais «J'ai compris pourquoi j'ai perdu en 2012, c'est pour telle et telle raison précise, et j'en ai tiré les leçons», sous-entendu, «je ne recommencerai pas».
Or, il semble bien qu'il en soit totalement incapable de cette analyse.
lundi, septembre 22, 2014
Milan en 1796
Le 15 mai 1796 le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur.
Les miracles de hardiesse et de génie dont l'Italie fut témoin en quelques mois réveillèrent un peuple endormi ; huit jours encore avant l'arrivée des Français, les Milanais ne voyaient en eux qu'un ramassis de brigands, habitués à fuir toujours devant les troupes de Sa Majesté Impériale et Royale : c'était du moins ce que leur répétait trois fois la semaine un petit journal grand comme la main, imprimé sur papier sale.
Au moyen âge les Milanais étaient braves comme les Français de la Révolution et méritèrent de voir leur ville entièrement rasée par les empereurs d'Allemagne. Depuis qu'ils étaient devenus de fidèles sujets, leur grande affaire était d'imprimer des sonnets sur de petits mouchoirs de taffetas rose quand arrivait le mariage d'une jeune fille appartenant à quelque famille noble ou riche. Deux ou trois ans après cette grande époque de sa vie, cette jeune fille prenait un cavalier servant : quelquefois le nom du sigisbée choisi par la famille du mari occupait une place honorable dans le contrat de mariage. Il y avait loin de ces mœurs efféminées aux émotions profondes que donna l'arrivée imprévue de l'armée française. Bientôt surgirent des mœurs nouvelles et passionnées. Un peuple tout entier s'aperçut, le 15 mai 1796, que tout ce qu'il avait respecté jusque-là était souverainement ridicule et quelquefois odieux.
Les miracles de hardiesse et de génie dont l'Italie fut témoin en quelques mois réveillèrent un peuple endormi ; huit jours encore avant l'arrivée des Français, les Milanais ne voyaient en eux qu'un ramassis de brigands, habitués à fuir toujours devant les troupes de Sa Majesté Impériale et Royale : c'était du moins ce que leur répétait trois fois la semaine un petit journal grand comme la main, imprimé sur papier sale.
Au moyen âge les Milanais étaient braves comme les Français de la Révolution et méritèrent de voir leur ville entièrement rasée par les empereurs d'Allemagne. Depuis qu'ils étaient devenus de fidèles sujets, leur grande affaire était d'imprimer des sonnets sur de petits mouchoirs de taffetas rose quand arrivait le mariage d'une jeune fille appartenant à quelque famille noble ou riche. Deux ou trois ans après cette grande époque de sa vie, cette jeune fille prenait un cavalier servant : quelquefois le nom du sigisbée choisi par la famille du mari occupait une place honorable dans le contrat de mariage. Il y avait loin de ces mœurs efféminées aux émotions profondes que donna l'arrivée imprévue de l'armée française. Bientôt surgirent des mœurs nouvelles et passionnées. Un peuple tout entier s'aperçut, le 15 mai 1796, que tout ce qu'il avait respecté jusque-là était souverainement ridicule et quelquefois odieux.
dimanche, septembre 21, 2014
Aimons toujours ! Aimons encore !...
Aimons toujours ! Aimons encore !
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable : Aimons !
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c'est le bonheur !
Aime ! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !
Soyons le miroir et l'image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un !
Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et rêveurs.
Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !
Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur coeurs.
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "
L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour !
Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir !
Les contemplations (1856)
Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.
L'amour, c'est le cri de l'aurore,
L'amour c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages,
Ce que le vent dit aux vieux monts,
Ce que l'astre dit aux nuages,
C'est le mot ineffable : Aimons !
L'amour fait songer, vivre et croire.
Il a pour réchauffer le coeur,
Un rayon de plus que la gloire,
Et ce rayon c'est le bonheur !
Aime ! qu'on les loue ou les blâme,
Toujours les grand coeurs aimeront :
Joins cette jeunesse de l'âme
A la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures !
Afin qu'on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures
Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage !
Unissons-nous mieux chaque jour.
Les arbres croissent en feuillage ;
Que notre âme croisse en amour !
Soyons le miroir et l'image !
Soyons la fleur et le parfum !
Les amants, qui, seuls sous l'ombrage,
Se sentent deux et ne sont qu'un !
Les poètes cherchent les belles.
La femme, ange aux chastes faveurs,
Aime à rafraîchir sous ses ailes
Ces grand fronts brûlants et rêveurs.
Venez à nous, beautés touchantes !
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi !
Ange ! viens à moi quand tu chantes,
Et, quand tu pleures, viens à moi !
Nous seuls comprenons vos extases.
Car notre esprit n'est point moqueur ;
Car les poètes sont les vases
Où les femmes versent leur coeurs.
Moi qui ne cherche dans ce monde
Que la seule réalité,
Moi qui laisse fuir comme l'onde
Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère aux biens dont s'enivre
L'orgueil du soldat ou du roi,
L'ombre que tu fais sur mon livre
Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée
Dans notre esprit, brasier subtil,
Tombe en cendre ou vole en fumée,
Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "
Tout plaisir, fleur à peine éclose
Dans notre avril sombre et terni,
S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose,
Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "
L'amour seul reste. O noble femme
Si tu veux dans ce vil séjour,
Garder ta foi, garder ton âme,
Garder ton Dieu, garde l'amour !
Conserve en ton coeur, sans rien craindre,
Dusses-tu pleurer et souffrir,
La flamme qui ne peut s'éteindre
Et la fleur qui ne peut mourir !
Les contemplations (1856)
vendredi, septembre 19, 2014
Sur le «retour» de Sarkozy
l’inéluctable retour de Sarkozy
Eric Zemmour
Il n’avait pas le choix. Son retour était inéluctable. Un retour à épisodes. Le retour dans le bureau du juge d’instruction. Dans les pages Justice des médias. Un retour encouragé, programmé par le pouvoir socialiste en dépit de ses dénégations hypocrites et vertueuses. Sarkozy avait le choix entre le retour chez le juge et le retour à la tête de l’UMP. On aura donc le juge et l’UMP, mais celui-ci servant de bouclier contre celui-là. Il y a du Berlusconi dans Sarkozy. La menace des juges italiens poussa « Sua Emittenza » à se lancer en politique. A créer Forza Italia sur les ruines de la Démocratie chrétienne. A être à deux reprises président du Conseil.
Sarkozy pourrait être tenté d’imiter son ancien ami transalpin. Fonder un nouveau parti après avoir achevé une UMP minée par les divisions et les scandales. Faire monter une nouvelle génération. Des jeunes et des femmes, de la diversité. Il trouvera sans peine un clone de Najat, une nouvelle Rachida ou Rama. Tout changer pour que rien ne change.
C’est l’épée de Damoclès qui pend au-dessus de la tête de l’ancien Président. Se contenter de dire : je reviens. Je fus et je serai. L’anti-hollandisme sera à Sarkozy ce que l’anti-sarkozysme fut à Hollande. Un marchepied d’une redoutable efficacité ; mais un piège mortel. Un écran de fumée qui fait croire à Sarkozy que son seul retour suffira à tout changer. Mais c’est oublier que Sarkozy à l’Elysée n’a nullement réglé les contradictions fondamentales qui minent notre pays : entre la Ve République et l’Europe ; entre la liberté de mouvement des marchandises et des capitaux et notre modèle social ; entre la maîtrise de l’immigration, de la délinquance, et les rigueurs incapacitantes de l’Etat de droit.
Sarkozy cède au fantasme si français de l’homme providentiel. Mais les deux plus grands hommes providentiels de l’Histoire de France, de Gaulle et Bonaparte, avaient pris la précaution de renverser la table. De Gaulle établit de nouvelles règles du jeu institutionnel. Bonaparte forgea un code civil et une organisation administrative de l’Etat. Ils ne crurent pas, eux, que leur intelligence, leur énergie, leur autorité - pourtant infiniment supérieures à celles de Sarkozy - suffiraient à imposer leurs volontés.
En faisant de son retour le seul changement, en ne croyant qu’aux personnes, les conseillers de Sarkozy le poussent à suivre la doxa dominante, européiste et multiculturaliste. Le refus apparent des idéologies est une idéologie. Faire de l’ancien Président le rempart anti-FN conduira à la chiraquisation de Sarkozy, à sa transformation en un candidat du centre. Pour la plus grande fureur de l’électorat populaire et la plus grande joie de Marine Le Pen.
mercredi, septembre 17, 2014
Macron a raison : le goût de la vérité et du mot juste
Ca m'arrache un bras de dire cela d'un ministre de Hollande, mais Emmanuel Macron a raison. Il y a bien parmi les salariés de Gad 20 % d'illettrés et c'est un problème majeur pour leur reclassement.
La déclaration initiale d'Emmanuel Macron était juste et ne nécessitait aucune rectification et bien sûr pas d'excuses.
Je suis terrifié de constater à quel point on ne peut plus appeler un chat un chat dans le débat public.
Car sans mots justes, pas de diagnostic correct et sans diagnostic correct, l'impasse.
Dernière minute :
Macron, «les illettrées», le réel et la novlangue
mardi, septembre 16, 2014
Heretics / Orthodoxy / The Blachford controversies (Gilbert Keith Chesterton)
L'ensemble constitue une extraordinaire, et très chestertonienne, apologie du catholicisme.
Chesterton foisonne
C'est à lire de bout en bout. Chesterton manie le paradoxe et le contrepied avec maestria. Avec génie.
Par exemple, il explique que l'humilité fait la force du christianisme : une armée où chaque soldat est prêt à mourir pour la cause parce qu'il ne se considère pas plus grand qu'un autre est bien plus forte qu'une armée où chacun se prend pour César.
Pour Chesterton, les maux de notre époque, même ceux qu'on croit les plus matériels, sont spirituels.
Ses textes fourmillent de mille notations méritant développement. Une au hasard : la fausse science (il faut sans doute comprendre, d'après le contexte, les sciences sociales) a pour objet de justifier l'immoralité des riches et des puissants vis-à-vis des pauvres, la substitution des devoirs les plus immédiats envers son prochain par des théories fumeuses et lointaines.
Chesterton se livre à une défense originale de la nation et de la famille. J'ai écrit un billet sur ce sujet.
Il loue Thomas Beckett qui, sous les somptueux habits d'évêques, cache un cilice. C'est une pierre dans le jardin du pape François, à la pauvreté ostentatoire (ce pape, qui plaît beaucoup trop aux medias que je déteste pour que je ne doute pas, me met mal à l'aise).
Ses considérations sur la fausse notion «l'union fait la force» sont frappantes de fraicheur. Tout comme ses réflexions sur les prétendues jeunes et vieilles nations. Ou sur le flegme pas du tout britannique.
A propos du scepticisme moderne, Chersterton va droit au but : l'homme est une machine à fabriquer des dogmes. Dire «je ne crois en rien», c'est avouer être un animal, ce qu'aucun homme n'est. Et, comme moi, Chesterton préfère des dogmes conscients et patinés par la tradition à des dogmes récents, inconscients et brutaux.
De nombreuses idées jetées sur le papier sont étonnantes de prescience. Plus d'une fois, je me suis arrêté de lire, stupéfait de l'actualité du propos. On retrouve beaucoup d'échos dans Les pierres d'angle.
Par exemple, sa défense de l'autorité religieuse est étonnante, elle paraît écrite en 2014 :
«De la même façon qu'une génération peut empêcher l'existence de la suivante, simplement en entrant tous au monastère ou en sautant à la mer, de même un groupe de penseurs peut empêcher la génération suivante de penser en lui enseignant qu'aucune pensée humaine n'est valide. Il est oiseux d'évoquer l'alternative entre la foi et la raison. La raison est elle-même matière de foi. C'est un acte de foi de supposer que nos raisonnements ont un rapport quelconque avec la réalité. [Suit un passage sur le scepticisme].
Il y a une pensée qui arrête la pensée. C'est la seule pensée qui doit être arrêtée. C'est ce fléau ultime que combat toute autorité religieuse. Il apparaît à la fin d'un âge décadent comme le nôtre.»
Sa mise à mort du touriste et du tourisme est réjouissante.
Chesterton est un poète de génie. Il est très sensible aux mots. Il pense que les grands mots complexes permettent aux hommes du XXème siècle de se passer de penser comme les automobiles, engins complexes, permettent aux hommes de se passer de marcher. C'est formidablement vu : réfléchissez à tous ces cas où un mot complexe a remplacé un mot simple pour dissimuler l'exigence que portait ce dernier. Chesterton donne des exemples anglais, mais il est facile de trouver des équivalents français, solidarité remplaçant charité et tant d'autres.
Il fait aussi quelques allusions à Nietzsche assez décapantes (il traite son culte du surhomme d'«hystérique et féminin»). Il considère d'ailleurs que Jeanne d'Arc fusionne et surpasse Nietzsche et Tolstoï !
Au final, je n'ai détecté qu'une erreur : sa prédiction, très curieuse, de la chute prochaine des Etats-Unis. Notons qu'elle n'est absolument pas teintée de l'antiaméricanisme qui accompagne souvent ce genre d'annonces.
Les convictions de Chesterton
L'innovation chrétienne des vertus théologales, Foi, Espérance et Charité (auxquelles Chesterton ajoute l'Humilité) est aussi importante dans le domaine de l'esprit que la théorie newtonienne en astronomie. Après ce genre de découvertes, tout retour à l'ignorance antérieure est impossible (sur ce point, je ne suis pas si serein que Chesterton).
C'est pourquoi le paganisme est mort et ne revivra pas (on pense aux conneries à la de Benoist/Venner. N'insistons pas trop : ils ne boxent pas dans la même catégorie que Chesterton (1)).
Chesterton manie en permanence le paradoxe. Cela agace quelquefois, comme un truc de prestidigitateur. Mais il en tire des effets si profonds qu'on est bien obligé d'en admettre la pertinence.
Son analyse des vertus païennes raisonnables, donc faibles, et des vertus chrétiennes déraisonnables, donc fortes, est un morceau de bravoure.
Les convictions religieuses de Chesterton, dont il affirme qu'il les avait et qu'ensuite il a découvert que le catholicisme collait à celles-ci, sont les suivantes.
Notre monde est ce qui reste après un grand naufrage et c'est pour cela, comme survivant, qu'il est poétique et précieux, de la même manière que la liste des ustensiles sauvés du naufrage par Robinson Crusoe est pour lui un sommet de poésie (ce passage plaisait particulièrement à Simon Leys). Le naufrage qu'envisage Chesterton, c'est la Chute du paradis originel.
Le monde est le travail d'un créateur artiste : le monde semble logique, puis soudain il y a une petite touche artistique, la surprise du chef. L'exemple que donne Chesterton : l'anatomie. Un martien qui verrait un homme, avec ses deux jambes, ses deux bras ses deux yeux, imaginerait qu'il a deux coeurs symétriques. Hé bien, non, il a un seul coeur, légèrement décalé à gauche. C'est ce que Chesterton appelle la touche artistique du créateur. Nul doute que s'il avait connu la physique quantique, il y aurait puisé quantité d'exemples.
Chesterton considère que le catholicisme, très rationnel mais pas complètement, colle point par point à cette vision artistique du monde.
Ensuite, Chesterton voit le créateur libérant sa créature. Ici, inutile de m'étendre. Des bibliothèques entière ont été écrites sur le sujet, le libre arbitre, la grâce, la rédemption, le créateur lié d'amour à sa créature ... (2)
Chesterton voit le christianisme comme la religion de la contradiction féconde, par opposition au juste milieu stérile que cherche le sage antique (et contemporain). Le chrétien ne fait pas du rose avec le rouge et le blanc du bouclier de Saint Georges. Il garde les couleurs juxtaposées et il combat le dragon.
On peut trouver de multiples exemples chrétiens de contradictions fécondes. L'homme est à la fois un être supérieur car fait à l'image de Dieu et un être vil déchu du paradis. Il n'est pas un peu de l'un et un peu de l'autre, il est les deux à la fois.
De même, et cela intéresse beaucoup plus les débats actuels (Chesterton a un talent visionnaire indéniable), le christianisme est la religion où le lion couche à coté de l'agneau sans cesser d'être un lion, sans se transformer en agneau. On a les moines et les martyrs qui se font tuer en tendant l'autre joue, mais on a aussi Saint Louis qui part en croisade. Le christianisme ne consiste pas seulement à tendre l'autre joue mais aussi à partir en croisade (contrairement à ce que beaucoup disent aujourd'hui, je ne vois aucune raison de nous repentir des croisades). Chesterton place très haut Jeanne d'Arc.
Il poursuit en réfutant avec brio trois arguments contre le christianisme : il est la cause de la chute de l'empire romain, il est obscurantiste, il est triste.
Il conclut sur les miracles d'une manière intéressante. Chercher à prouver ou à démentir les miracles selon une méthode scientifique est une erreur philosophique : les miracles sont de l'ordre de la poésie, non de la science. Si un ami vous confie un secret et qu'il refuse de le répéter devant un comité de quinze psychologues destinés à la prouver scientifiquement, en conclurez vous qu'il a menti ?
Chesterton fournit une grille d'interprétation du monde moderne et de ses maux qu'il est loisible à chacun d'adapter. Je ne pense pas qu'il aurait été en désaccord avec Brague écrivant que la modernité s'est contentée de phagocyter et d'épuiser l'énergie intellectuelle et spirituelle du Moyen-Âge. Pour Chesterton, la déchristianisation a commencé avec la Réforme, point de vue intéressant quand on sait que Chesterton n'est pas né catholique mais a rejoint le catholicisme assez tardivement. Il y a donc bien eu de sa part une démarche consciente pour remettre en cause la Réforme.
Il conclut par où il avait commencé : le scandale du christianisme, c'est qu'il est joyeux. Le scandale du Christ, c'est Sa joie.
Le matérialisme qui trouve que le monde n'a ni rime ni raison ni sens est fondamentalement, irrémédiablement, triste.
Chesterton lie remarquablement matérialisme, scientisme et déclin de la démocratie.
Chesterton, décédé en 1936, a peu connu les horreurs totalitaires et génocidaires, mais il n'en aurait pas été surpris.
Pour résumer, il a une vision poétique du christianisme. N'est-ce pas ainsi qu'on atteint la vérité des choses ?
*************
(1) : Chesterton ne parle jamais de «religions du désert», ce poncif des imbéciles anti-chrétiens.
(2) : Denis Tillinac déplore que tant d'enfants ne reçoivent plus d'éducation religieuse, car indépendamment des convictions qu'ils en gardent à l'âge adulte, la pensée religieuse (et Tillinac devait songer en priorité au christianisme) est d'une richesse intellectuelle et poétique fantastique, la pensée chrétienne est luxuriante. A l'enfant qui n'a pas reçu d'éducation religieuse, c'est à tout jamais un manque. Il ne pourra pas lire en en pénétrant l'intimité les sermons de Saint Bernard sur le Cantique des Cantiques. On peut vivre sans, mais on vit mieux avec.
Chesterton foisonne
C'est à lire de bout en bout. Chesterton manie le paradoxe et le contrepied avec maestria. Avec génie.
Par exemple, il explique que l'humilité fait la force du christianisme : une armée où chaque soldat est prêt à mourir pour la cause parce qu'il ne se considère pas plus grand qu'un autre est bien plus forte qu'une armée où chacun se prend pour César.
Pour Chesterton, les maux de notre époque, même ceux qu'on croit les plus matériels, sont spirituels.
Ses textes fourmillent de mille notations méritant développement. Une au hasard : la fausse science (il faut sans doute comprendre, d'après le contexte, les sciences sociales) a pour objet de justifier l'immoralité des riches et des puissants vis-à-vis des pauvres, la substitution des devoirs les plus immédiats envers son prochain par des théories fumeuses et lointaines.
Chesterton se livre à une défense originale de la nation et de la famille. J'ai écrit un billet sur ce sujet.
Il loue Thomas Beckett qui, sous les somptueux habits d'évêques, cache un cilice. C'est une pierre dans le jardin du pape François, à la pauvreté ostentatoire (ce pape, qui plaît beaucoup trop aux medias que je déteste pour que je ne doute pas, me met mal à l'aise).
Ses considérations sur la fausse notion «l'union fait la force» sont frappantes de fraicheur. Tout comme ses réflexions sur les prétendues jeunes et vieilles nations. Ou sur le flegme pas du tout britannique.
A propos du scepticisme moderne, Chersterton va droit au but : l'homme est une machine à fabriquer des dogmes. Dire «je ne crois en rien», c'est avouer être un animal, ce qu'aucun homme n'est. Et, comme moi, Chesterton préfère des dogmes conscients et patinés par la tradition à des dogmes récents, inconscients et brutaux.
De nombreuses idées jetées sur le papier sont étonnantes de prescience. Plus d'une fois, je me suis arrêté de lire, stupéfait de l'actualité du propos. On retrouve beaucoup d'échos dans Les pierres d'angle.
Par exemple, sa défense de l'autorité religieuse est étonnante, elle paraît écrite en 2014 :
«De la même façon qu'une génération peut empêcher l'existence de la suivante, simplement en entrant tous au monastère ou en sautant à la mer, de même un groupe de penseurs peut empêcher la génération suivante de penser en lui enseignant qu'aucune pensée humaine n'est valide. Il est oiseux d'évoquer l'alternative entre la foi et la raison. La raison est elle-même matière de foi. C'est un acte de foi de supposer que nos raisonnements ont un rapport quelconque avec la réalité. [Suit un passage sur le scepticisme].
Il y a une pensée qui arrête la pensée. C'est la seule pensée qui doit être arrêtée. C'est ce fléau ultime que combat toute autorité religieuse. Il apparaît à la fin d'un âge décadent comme le nôtre.»
Sa mise à mort du touriste et du tourisme est réjouissante.
Chesterton est un poète de génie. Il est très sensible aux mots. Il pense que les grands mots complexes permettent aux hommes du XXème siècle de se passer de penser comme les automobiles, engins complexes, permettent aux hommes de se passer de marcher. C'est formidablement vu : réfléchissez à tous ces cas où un mot complexe a remplacé un mot simple pour dissimuler l'exigence que portait ce dernier. Chesterton donne des exemples anglais, mais il est facile de trouver des équivalents français, solidarité remplaçant charité et tant d'autres.
Il fait aussi quelques allusions à Nietzsche assez décapantes (il traite son culte du surhomme d'«hystérique et féminin»). Il considère d'ailleurs que Jeanne d'Arc fusionne et surpasse Nietzsche et Tolstoï !
Au final, je n'ai détecté qu'une erreur : sa prédiction, très curieuse, de la chute prochaine des Etats-Unis. Notons qu'elle n'est absolument pas teintée de l'antiaméricanisme qui accompagne souvent ce genre d'annonces.
Les convictions de Chesterton
L'innovation chrétienne des vertus théologales, Foi, Espérance et Charité (auxquelles Chesterton ajoute l'Humilité) est aussi importante dans le domaine de l'esprit que la théorie newtonienne en astronomie. Après ce genre de découvertes, tout retour à l'ignorance antérieure est impossible (sur ce point, je ne suis pas si serein que Chesterton).
C'est pourquoi le paganisme est mort et ne revivra pas (on pense aux conneries à la de Benoist/Venner. N'insistons pas trop : ils ne boxent pas dans la même catégorie que Chesterton (1)).
Chesterton manie en permanence le paradoxe. Cela agace quelquefois, comme un truc de prestidigitateur. Mais il en tire des effets si profonds qu'on est bien obligé d'en admettre la pertinence.
Son analyse des vertus païennes raisonnables, donc faibles, et des vertus chrétiennes déraisonnables, donc fortes, est un morceau de bravoure.
Les convictions religieuses de Chesterton, dont il affirme qu'il les avait et qu'ensuite il a découvert que le catholicisme collait à celles-ci, sont les suivantes.
Notre monde est ce qui reste après un grand naufrage et c'est pour cela, comme survivant, qu'il est poétique et précieux, de la même manière que la liste des ustensiles sauvés du naufrage par Robinson Crusoe est pour lui un sommet de poésie (ce passage plaisait particulièrement à Simon Leys). Le naufrage qu'envisage Chesterton, c'est la Chute du paradis originel.
Le monde est le travail d'un créateur artiste : le monde semble logique, puis soudain il y a une petite touche artistique, la surprise du chef. L'exemple que donne Chesterton : l'anatomie. Un martien qui verrait un homme, avec ses deux jambes, ses deux bras ses deux yeux, imaginerait qu'il a deux coeurs symétriques. Hé bien, non, il a un seul coeur, légèrement décalé à gauche. C'est ce que Chesterton appelle la touche artistique du créateur. Nul doute que s'il avait connu la physique quantique, il y aurait puisé quantité d'exemples.
Chesterton considère que le catholicisme, très rationnel mais pas complètement, colle point par point à cette vision artistique du monde.
Ensuite, Chesterton voit le créateur libérant sa créature. Ici, inutile de m'étendre. Des bibliothèques entière ont été écrites sur le sujet, le libre arbitre, la grâce, la rédemption, le créateur lié d'amour à sa créature ... (2)
Chesterton voit le christianisme comme la religion de la contradiction féconde, par opposition au juste milieu stérile que cherche le sage antique (et contemporain). Le chrétien ne fait pas du rose avec le rouge et le blanc du bouclier de Saint Georges. Il garde les couleurs juxtaposées et il combat le dragon.
On peut trouver de multiples exemples chrétiens de contradictions fécondes. L'homme est à la fois un être supérieur car fait à l'image de Dieu et un être vil déchu du paradis. Il n'est pas un peu de l'un et un peu de l'autre, il est les deux à la fois.
De même, et cela intéresse beaucoup plus les débats actuels (Chesterton a un talent visionnaire indéniable), le christianisme est la religion où le lion couche à coté de l'agneau sans cesser d'être un lion, sans se transformer en agneau. On a les moines et les martyrs qui se font tuer en tendant l'autre joue, mais on a aussi Saint Louis qui part en croisade. Le christianisme ne consiste pas seulement à tendre l'autre joue mais aussi à partir en croisade (contrairement à ce que beaucoup disent aujourd'hui, je ne vois aucune raison de nous repentir des croisades). Chesterton place très haut Jeanne d'Arc.
Il poursuit en réfutant avec brio trois arguments contre le christianisme : il est la cause de la chute de l'empire romain, il est obscurantiste, il est triste.
Il conclut sur les miracles d'une manière intéressante. Chercher à prouver ou à démentir les miracles selon une méthode scientifique est une erreur philosophique : les miracles sont de l'ordre de la poésie, non de la science. Si un ami vous confie un secret et qu'il refuse de le répéter devant un comité de quinze psychologues destinés à la prouver scientifiquement, en conclurez vous qu'il a menti ?
Chesterton fournit une grille d'interprétation du monde moderne et de ses maux qu'il est loisible à chacun d'adapter. Je ne pense pas qu'il aurait été en désaccord avec Brague écrivant que la modernité s'est contentée de phagocyter et d'épuiser l'énergie intellectuelle et spirituelle du Moyen-Âge. Pour Chesterton, la déchristianisation a commencé avec la Réforme, point de vue intéressant quand on sait que Chesterton n'est pas né catholique mais a rejoint le catholicisme assez tardivement. Il y a donc bien eu de sa part une démarche consciente pour remettre en cause la Réforme.
Il conclut par où il avait commencé : le scandale du christianisme, c'est qu'il est joyeux. Le scandale du Christ, c'est Sa joie.
Le matérialisme qui trouve que le monde n'a ni rime ni raison ni sens est fondamentalement, irrémédiablement, triste.
Chesterton lie remarquablement matérialisme, scientisme et déclin de la démocratie.
Chesterton, décédé en 1936, a peu connu les horreurs totalitaires et génocidaires, mais il n'en aurait pas été surpris.
Pour résumer, il a une vision poétique du christianisme. N'est-ce pas ainsi qu'on atteint la vérité des choses ?
*************
(1) : Chesterton ne parle jamais de «religions du désert», ce poncif des imbéciles anti-chrétiens.
(2) : Denis Tillinac déplore que tant d'enfants ne reçoivent plus d'éducation religieuse, car indépendamment des convictions qu'ils en gardent à l'âge adulte, la pensée religieuse (et Tillinac devait songer en priorité au christianisme) est d'une richesse intellectuelle et poétique fantastique, la pensée chrétienne est luxuriante. A l'enfant qui n'a pas reçu d'éducation religieuse, c'est à tout jamais un manque. Il ne pourra pas lire en en pénétrant l'intimité les sermons de Saint Bernard sur le Cantique des Cantiques. On peut vivre sans, mais on vit mieux avec.
Alceste et Célimène, Philinte et Eliante
Le Misanthrope ou l'atrabilaire amoureux. Cette pièce subtile me plaît.
Alceste, le misanthrope, pourrait aimer la sage Eliante et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Hélas, c'est de la coquette Célimène dont il est amoureux, lui, l'ennemi du genre humain et de ses artifices.
On fait souvent de cette pièce un duel entre Philinte, l'ami du genre humain, et Alceste, le misanthrope. C'est faux : Philinte est plus misanthrope qu'Alceste, il a moins d'illusions sur les hommes.
Tout le monde connaît (ou devrait connaître, avec notre système éducatif pourri, on n'est plus sûr de rien), le dialogue de la première scène :
************
Philinte.
Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
Alceste.
Oui, j' ai conçu pour elle une effroyable haine.
Philinte.
Tous les pauvres mortels, sans nulle exception,
seront enveloppés dans cette aversion ?
Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes...
Alceste.
Non : elle est générale, et je hais tous les hommes :
les uns, parce qu' ils sont méchants et malfaisants,
et les autres, pour être aux méchants complaisants,
et n' avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
que doit donner le vice aux âmes vertueuses.
De cette complaisance on voit l' injuste excès
pour le franc scélérat avec qui j' ai procès :
au travers de son masque on voit à plein le traître ;
partout il est connu pour tout ce qu' il peut être ;
et ses roulements d' yeux et son ton radouci
n' imposent qu' à des gens qui ne sont point d' ici.
On sait que ce pied plat, digne qu' on le confonde,
par de sales emplois s' est poussé dans le monde,
et que par eux son sort de splendeur revêtu
fait gronder le mérite et rougir la vertu.
Quelques titres honteux qu' en tous lieux on lui donne,
son misérable honneur ne voit pour lui personne ;
nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit,
tout le monde en convient, et nul n' y contredit.
Cependant sa grimace est partout bienvenue :
on l' accueille, on lui rit, partout il s' insinue ;
et s' il est, par la brigue, un rang à disputer,
sur le plus honnête homme on le voit l' emporter.
Têtebleu ! Ce me sont de mortelles blessures,
de voir qu' avec le vice on garde des mesures ;
et parfois il me prend des mouvements soudains
de fuir dans un désert l' approche des humains.
Philinte.
Mon Dieu, des moeurs du temps mettons-nous moins en peine,
et faisons un peu grâce à la nature humaine ;
ne l' examinons point dans la grande rigueur,
et voyons ses défauts avec quelque douceur.
Il faut, parmi le monde, une vertu traitable ;
à force de sagesse, on peut être blâmable ;
la parfaite raison fuit toute extrémité,
et veut que l' on soit sage avec sobriété.
Cette grande roideur des vertus des vieux âges
heurte trop notre siècle et les communs usages ;
elle veut aux mortels trop de perfection :
il faut fléchir au temps sans obstination ;
et c' est une folie à nulle autre seconde
de vouloir se mêler de corriger le monde.
J' observe, comme vous, cent choses tous les jours,
qui pourroient mieux aller, prenant un autre cours ;
mais quoi qu' à chaque pas je puisse voir paroître,
en courroux, comme vous, on ne me voit point être ;
je prends tout doucement les hommes comme ils sont,
j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font ;
et je crois qu' à la cour, de même qu' à la ville,
mon flegme est philosophe autant que votre bile.
************
Le mystère du misanthrope est son intrigue amoureuse. Pourquoi Alceste s'éprend-il de son contraire, la coquette Célimène, en toute conscience ? Et pourquoi Célimène, abandonnée de tous ces amants, repousse-t-elle l'offre d'Alceste ?
************
Célimène.
Moi, renoncer au monde avant que de vieillir,
et dans votre désert aller m' ensevelir !
Alceste.
Et s' il faut qu' à mes feux votre flamme réponde,
que vous doit importer tout le reste du monde ?
Vos désirs avec moi ne sont-ils pas contents ?
Célimène.
La solitude effraye une âme de vingt ans :
je ne sens point la mienne assez grande, assez forte,
pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos voeux,
je pourrai me résoudre à serrer de tels noeuds ;
et l' hymen...
Alceste.
Non : mon coeur à présent vous déteste,
et ce refus lui seul fait plus que tout le reste.
Puisque vous n' êtes point, en des liens si doux,
pour trouver tout en moi, comme moi tout en vous,
allez, je vous refuse, et ce sensible outrage
de vos indignes fers pour jamais me dégage.
(Célimène se retire)
[...]
[Philinte demande Eliante en mariage]
Éliante.
Vous pouvez suivre cette pensée :
ma main de se donner n' est pas embarrassée ;
et voilà votre ami, sans trop m' inquiéter,
qui, si je l' en priois, la pourroit accepter.
Philinte.
Ah ! Cet honneur, madame, est toute mon envie,
et j' y sacrifierois et mon sang et ma vie.
************
Il me semble que la clé, c'est l'âge de Célimène.
Molière, qui ne laisse guère de place au hasard dans ses dialogues, ne lui fait pas préciser sans intention qu'elle n'a que vingt ans. A cet âge, on comprend le désir et la passion, mais l'amour ? Question intéressante qui mériterait une longue étude in vivo.
La fraicheur de Célimène attire Alceste, je suppose, mais c'est aussi ce qui l'empêche d'accepter la proposition d'Alceste.
Plus âgée, elle eut sans doute été plus habile. Le définitif n'est qu'un provisoire qui dure et l'exil campagnard définitif d'Alceste serait peut-être mort avec la paternité.
Alceste, le misanthrope, pourrait aimer la sage Eliante et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Hélas, c'est de la coquette Célimène dont il est amoureux, lui, l'ennemi du genre humain et de ses artifices.
On fait souvent de cette pièce un duel entre Philinte, l'ami du genre humain, et Alceste, le misanthrope. C'est faux : Philinte est plus misanthrope qu'Alceste, il a moins d'illusions sur les hommes.
Tout le monde connaît (ou devrait connaître, avec notre système éducatif pourri, on n'est plus sûr de rien), le dialogue de la première scène :
************
Philinte.
Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
Alceste.
Oui, j' ai conçu pour elle une effroyable haine.
Philinte.
Tous les pauvres mortels, sans nulle exception,
seront enveloppés dans cette aversion ?
Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes...
Alceste.
Non : elle est générale, et je hais tous les hommes :
les uns, parce qu' ils sont méchants et malfaisants,
et les autres, pour être aux méchants complaisants,
et n' avoir pas pour eux ces haines vigoureuses
que doit donner le vice aux âmes vertueuses.
De cette complaisance on voit l' injuste excès
pour le franc scélérat avec qui j' ai procès :
au travers de son masque on voit à plein le traître ;
partout il est connu pour tout ce qu' il peut être ;
et ses roulements d' yeux et son ton radouci
n' imposent qu' à des gens qui ne sont point d' ici.
On sait que ce pied plat, digne qu' on le confonde,
par de sales emplois s' est poussé dans le monde,
et que par eux son sort de splendeur revêtu
fait gronder le mérite et rougir la vertu.
Quelques titres honteux qu' en tous lieux on lui donne,
son misérable honneur ne voit pour lui personne ;
nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit,
tout le monde en convient, et nul n' y contredit.
Cependant sa grimace est partout bienvenue :
on l' accueille, on lui rit, partout il s' insinue ;
et s' il est, par la brigue, un rang à disputer,
sur le plus honnête homme on le voit l' emporter.
Têtebleu ! Ce me sont de mortelles blessures,
de voir qu' avec le vice on garde des mesures ;
et parfois il me prend des mouvements soudains
de fuir dans un désert l' approche des humains.
Philinte.
Mon Dieu, des moeurs du temps mettons-nous moins en peine,
et faisons un peu grâce à la nature humaine ;
ne l' examinons point dans la grande rigueur,
et voyons ses défauts avec quelque douceur.
Il faut, parmi le monde, une vertu traitable ;
à force de sagesse, on peut être blâmable ;
la parfaite raison fuit toute extrémité,
et veut que l' on soit sage avec sobriété.
Cette grande roideur des vertus des vieux âges
heurte trop notre siècle et les communs usages ;
elle veut aux mortels trop de perfection :
il faut fléchir au temps sans obstination ;
et c' est une folie à nulle autre seconde
de vouloir se mêler de corriger le monde.
J' observe, comme vous, cent choses tous les jours,
qui pourroient mieux aller, prenant un autre cours ;
mais quoi qu' à chaque pas je puisse voir paroître,
en courroux, comme vous, on ne me voit point être ;
je prends tout doucement les hommes comme ils sont,
j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font ;
et je crois qu' à la cour, de même qu' à la ville,
mon flegme est philosophe autant que votre bile.
************
Le mystère du misanthrope est son intrigue amoureuse. Pourquoi Alceste s'éprend-il de son contraire, la coquette Célimène, en toute conscience ? Et pourquoi Célimène, abandonnée de tous ces amants, repousse-t-elle l'offre d'Alceste ?
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Célimène.
Moi, renoncer au monde avant que de vieillir,
et dans votre désert aller m' ensevelir !
Alceste.
Et s' il faut qu' à mes feux votre flamme réponde,
que vous doit importer tout le reste du monde ?
Vos désirs avec moi ne sont-ils pas contents ?
Célimène.
La solitude effraye une âme de vingt ans :
je ne sens point la mienne assez grande, assez forte,
pour me résoudre à prendre un dessein de la sorte.
Si le don de ma main peut contenter vos voeux,
je pourrai me résoudre à serrer de tels noeuds ;
et l' hymen...
Alceste.
Non : mon coeur à présent vous déteste,
et ce refus lui seul fait plus que tout le reste.
Puisque vous n' êtes point, en des liens si doux,
pour trouver tout en moi, comme moi tout en vous,
allez, je vous refuse, et ce sensible outrage
de vos indignes fers pour jamais me dégage.
(Célimène se retire)
[...]
[Philinte demande Eliante en mariage]
Éliante.
Vous pouvez suivre cette pensée :
ma main de se donner n' est pas embarrassée ;
et voilà votre ami, sans trop m' inquiéter,
qui, si je l' en priois, la pourroit accepter.
Philinte.
Ah ! Cet honneur, madame, est toute mon envie,
et j' y sacrifierois et mon sang et ma vie.
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Il me semble que la clé, c'est l'âge de Célimène.
Molière, qui ne laisse guère de place au hasard dans ses dialogues, ne lui fait pas préciser sans intention qu'elle n'a que vingt ans. A cet âge, on comprend le désir et la passion, mais l'amour ? Question intéressante qui mériterait une longue étude in vivo.
La fraicheur de Célimène attire Alceste, je suppose, mais c'est aussi ce qui l'empêche d'accepter la proposition d'Alceste.
Plus âgée, elle eut sans doute été plus habile. Le définitif n'est qu'un provisoire qui dure et l'exil campagnard définitif d'Alceste serait peut-être mort avec la paternité.
lundi, septembre 15, 2014
Encore un qui ne croit pas ce que dit Hollande
*************
«Le président français, François Hollande, dit que son pays ne paye pas de rançons aux terroristes, alors qu'en réalité, il le fait», s'irrite le président américain dans les colonnes du New York Times.
*************
Soyons justes avec François Hollande : Barack Obama est une pourriture dans son genre, il ne bénéficie d'aucune sorte de supériorité morale lui permettant de chapitrer notre président, simplement il est grand et mince, il lit mieux le prompteur, et il est noir clair.
«Le président français, François Hollande, dit que son pays ne paye pas de rançons aux terroristes, alors qu'en réalité, il le fait», s'irrite le président américain dans les colonnes du New York Times.
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Soyons justes avec François Hollande : Barack Obama est une pourriture dans son genre, il ne bénéficie d'aucune sorte de supériorité morale lui permettant de chapitrer notre président, simplement il est grand et mince, il lit mieux le prompteur, et il est noir clair.
vendredi, septembre 05, 2014
Le 5 septembre 1914, Péguy
Le 5 septembre 1914, Charles Péguy est tué à l'ennemi, dans un champ de betteraves de Villeroy. La grande tombe et le monument existent toujours. Il est facile de s'y rendre en venant de Paris.
Cette mort a été tellement célébrée et récupérée, pas toujours dans des conditions d'honnêteté et de respect parfaites, qu'il est inutile d'insister.
Il est juste et conforme à nos temps de grande misère intellectuelle et morale que la commémoration officielle du 7 septembre ne comporte que des personnalités politiques mineures (mais un évêque viendra). Quand on voit qui et comment elle commémore, on peut juger notre époque, au moins du coté de la classe dirigeante. Car les humbles ont rendu à Péguy l'hommage qu'il mérite :
Une messe était célébrée ce soir à Ste Clotilde.
Il est de bon ton d'écrire que Péguy reste très actuel. Certes. Ce sont des mots qui ne coutent rien : nos contemporains seraient horrifiés s'ils lisaient vraiment Péguy, non parce qu'il écrit le mot «race», qui n'effraie que les imbéciles nominalistes, mais parce que ses écrits sont subversifs. Ils condamnent notre époque avec des bruits de tonnerre et des éclairs d'épouvante.
Comme Chesterton, il insiste sur la maladie spirituelle de nos temps de malheurs, malheurs non pas physiques, malheurs de l'âme.
Péguy n'est pas une grenouille de bénitier, un écrivain de bondieuseries. Comme non-marié à l'église, il est exclu des sacrements. Mais il a écrit l'extraordinaire Mystère de la charité de Jeanne d'Arc.
Quelques citations de Péguy (empruntées à Maxime Tandonnet) :
- Dans le monde moderne, c’est l’ingratitude qui est rituelle; c’est elle qui est devenue comme un devoir, une obligation, presque une fidélité.
- Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir. Et les lâches sont des gens qui regorgent d’explication.
- Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte.
- On n’a pas le droit de trahir les traîtres mêmes. On n’a jamais le droit de trahir. Les traîtres, il faut les combattre, pas les trahir.
- On ne remplace personne. On ne remplace rien. Tout est irréversible.
-Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
Cette mort a été tellement célébrée et récupérée, pas toujours dans des conditions d'honnêteté et de respect parfaites, qu'il est inutile d'insister.
Il est juste et conforme à nos temps de grande misère intellectuelle et morale que la commémoration officielle du 7 septembre ne comporte que des personnalités politiques mineures (mais un évêque viendra). Quand on voit qui et comment elle commémore, on peut juger notre époque, au moins du coté de la classe dirigeante. Car les humbles ont rendu à Péguy l'hommage qu'il mérite :
Une messe était célébrée ce soir à Ste Clotilde.
Il est de bon ton d'écrire que Péguy reste très actuel. Certes. Ce sont des mots qui ne coutent rien : nos contemporains seraient horrifiés s'ils lisaient vraiment Péguy, non parce qu'il écrit le mot «race», qui n'effraie que les imbéciles nominalistes, mais parce que ses écrits sont subversifs. Ils condamnent notre époque avec des bruits de tonnerre et des éclairs d'épouvante.
Comme Chesterton, il insiste sur la maladie spirituelle de nos temps de malheurs, malheurs non pas physiques, malheurs de l'âme.
Péguy n'est pas une grenouille de bénitier, un écrivain de bondieuseries. Comme non-marié à l'église, il est exclu des sacrements. Mais il a écrit l'extraordinaire Mystère de la charité de Jeanne d'Arc.
Quelques citations de Péguy (empruntées à Maxime Tandonnet) :
- Dans le monde moderne, c’est l’ingratitude qui est rituelle; c’est elle qui est devenue comme un devoir, une obligation, presque une fidélité.
- Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir. Et les lâches sont des gens qui regorgent d’explication.
- Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte.
- On n’a pas le droit de trahir les traîtres mêmes. On n’a jamais le droit de trahir. Les traîtres, il faut les combattre, pas les trahir.
- On ne remplace personne. On ne remplace rien. Tout est irréversible.
-Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique.
«L'engagement de toute ma vie ...»
Quel baratineur ce Hollande ! Et quel maladroit !
Soupçonné de se foutre de la gueule des pauvres, François Hollande argue que son souci des pauvres est «l'engagement de toute ma vie». Qui peut le croire ? Qui peut ne pas rire (ou pleurer) d'une telle déclaration ?
Oui, pour soeur Thérésa, pour soeur Emmanuelle, les pauvres sont l'engagement de toute leur vie.
Mais pour François Hollande, l'homme qui ne s'engage jamais, même pas avec la mère de ses enfants ? Pour François Hollande, le bourgeois qui vit au milieu de la gauche caviar et fréquente des restaurants autrement plus chics que le Fouquet's ? Pour François Hollande dont le seul souci semble être ses finasseries de petit arrangeur ?
Il y a des cas où il vaut mieux ne rien dire. La déclaration de François Hollande est tellement pathétique qu'il me ferait presque pitié.
Soupçonné de se foutre de la gueule des pauvres, François Hollande argue que son souci des pauvres est «l'engagement de toute ma vie». Qui peut le croire ? Qui peut ne pas rire (ou pleurer) d'une telle déclaration ?
Oui, pour soeur Thérésa, pour soeur Emmanuelle, les pauvres sont l'engagement de toute leur vie.
Mais pour François Hollande, l'homme qui ne s'engage jamais, même pas avec la mère de ses enfants ? Pour François Hollande, le bourgeois qui vit au milieu de la gauche caviar et fréquente des restaurants autrement plus chics que le Fouquet's ? Pour François Hollande dont le seul souci semble être ses finasseries de petit arrangeur ?
Il y a des cas où il vaut mieux ne rien dire. La déclaration de François Hollande est tellement pathétique qu'il me ferait presque pitié.
jeudi, septembre 04, 2014
Valérie a des dents et elle mord
Valérie Trierweiler pousse jusqu'au bout la logique de la démocratie représentative.
Les cris d'orfraie des politiciens - qui montrent là une solidarité corporatiste de la plus belle eau - vis-à-vis du bouquin de Valérie Trierweiler me semblent rater un point essentiel.
Nous sommes en démocratie représentative, on élit un homme, et non un programme. Il n'est donc pas illégitime de s'attacher à la personnalité, au caractère et à l'intimité des politiciens. Il faut juste faire preuve de mesure.
Or, il se trouve que les politiciens eux-mêmes ont personnalisé la campagne présidentielle de manière démesurée. Il n'est donc pas illogique qu'ils se reçoivent en retour un voyeurisme démesuré. Pour désamorcer cette tendance destructrice, il faut aller à rebrousse-poil du mouvement de fond et dépersonnaliser le pouvoir. On en revient à mon idéal suisse. Je ne pense pas que les politiciens français soient capables de le faire.
Ceci étant dit, le comportement de Valérie Trierweiler est indigne. Hélas, il est à l'image de son milieu : sans foi, ni loi, sans pudeur, sans droiture. François Hollande et elle faisaient bien la paire.
Le mépris de François Hollande pour les pauvres ne m'étonne pas, je n'ai d'ailleurs pas besoin de Valérie Trierweiler pour le connaître. Il apparaît de manière tout à fait publique et officielle dans les discours et dans les décisions. Ce n'est pas un hasard si "populiste" est devenu l'insulte suprême. La morgue et le mépris de la classe dirigeante, et spécialement de sa composante de gauche, sont déjà bien documentés.
François Hollande paye une erreur profonde : ne pas s'engager, ne pas se marier et, cependant, tricher, faire comme s'il s'était engagé quand même. Je l'avais dit à l'époque : soit il se marie et Valérie Trierweiler a sa place à l'Elysée, soit il ne se marie pas et elle n'a pas sa place à l'Elysée. Il a choisi de ne pas choisir quand le choix était nécessaire.
Bref, il a fait du Hollande.
Le mépris que la classe dirigeante a pour le peuple n'a d'égal que le mépris en retour dont le peuple asperge ses dirigeants. C'est situation délétère peut-elle durer ? Hélas, l'histoire montre que oui, il peut s'installer sur une longue durée un mépris réciproque entre le peuple et ses dirigeants. Cela n'est jamais bon. Toute maison divisée contre elle-même périra.
Les cris d'orfraie des politiciens - qui montrent là une solidarité corporatiste de la plus belle eau - vis-à-vis du bouquin de Valérie Trierweiler me semblent rater un point essentiel.
Nous sommes en démocratie représentative, on élit un homme, et non un programme. Il n'est donc pas illégitime de s'attacher à la personnalité, au caractère et à l'intimité des politiciens. Il faut juste faire preuve de mesure.
Or, il se trouve que les politiciens eux-mêmes ont personnalisé la campagne présidentielle de manière démesurée. Il n'est donc pas illogique qu'ils se reçoivent en retour un voyeurisme démesuré. Pour désamorcer cette tendance destructrice, il faut aller à rebrousse-poil du mouvement de fond et dépersonnaliser le pouvoir. On en revient à mon idéal suisse. Je ne pense pas que les politiciens français soient capables de le faire.
Ceci étant dit, le comportement de Valérie Trierweiler est indigne. Hélas, il est à l'image de son milieu : sans foi, ni loi, sans pudeur, sans droiture. François Hollande et elle faisaient bien la paire.
Le mépris de François Hollande pour les pauvres ne m'étonne pas, je n'ai d'ailleurs pas besoin de Valérie Trierweiler pour le connaître. Il apparaît de manière tout à fait publique et officielle dans les discours et dans les décisions. Ce n'est pas un hasard si "populiste" est devenu l'insulte suprême. La morgue et le mépris de la classe dirigeante, et spécialement de sa composante de gauche, sont déjà bien documentés.
François Hollande paye une erreur profonde : ne pas s'engager, ne pas se marier et, cependant, tricher, faire comme s'il s'était engagé quand même. Je l'avais dit à l'époque : soit il se marie et Valérie Trierweiler a sa place à l'Elysée, soit il ne se marie pas et elle n'a pas sa place à l'Elysée. Il a choisi de ne pas choisir quand le choix était nécessaire.
Bref, il a fait du Hollande.
Le mépris que la classe dirigeante a pour le peuple n'a d'égal que le mépris en retour dont le peuple asperge ses dirigeants. C'est situation délétère peut-elle durer ? Hélas, l'histoire montre que oui, il peut s'installer sur une longue durée un mépris réciproque entre le peuple et ses dirigeants. Cela n'est jamais bon. Toute maison divisée contre elle-même périra.
mercredi, septembre 03, 2014
Hypocrisie gauchiste : deux articles dévastateurs
François Hollande, les «sans‐dents» et le cynisme de la gauche morale
Je ne comprends pas cette expression de «sans dents». En revanche, que la gauche des grands bourgeois, Touraine, Fabius, DSK, Hollande et cie éclabousse le peuple de son mépris ne peut surprendre que les crétins.
Les people lâchent Hollande : mieux vaut tard que jamais !
Je partage la colère de Crombaz. Les people se foutent de notre gueule.
Voici l'article prémonitoire auquel Crombaz fait allusion : M. le président, méfiez vous du train.
Sur ce blog aussi : Pourquoi j'ai peur de François Hollande.
Les people font mine de découvrir que Hollande est menteur, minable, mesquin, inculte, goujat, creux, sans tripes, sans coeur et sans âme. Mais laquelle de ces informations sur le caractère de Hollande n'était pas disponible avant les élections de 2012 ?
Est-ce que les people qui soutiennent Hollande sont cons comme des balais ou est-ce qu'ils sont comme lui, menteurs, minables, mesquins, incultes, goujats, creux, sans tripes, sans coeur et sans âme ?
Remarquez que ces deux hypothèses peuvent se cumuler. Dans le cas d'un Noah, par exemple, le cumul ne fait guère de doutes.
Je ne comprends pas cette expression de «sans dents». En revanche, que la gauche des grands bourgeois, Touraine, Fabius, DSK, Hollande et cie éclabousse le peuple de son mépris ne peut surprendre que les crétins.
Les people lâchent Hollande : mieux vaut tard que jamais !
Je partage la colère de Crombaz. Les people se foutent de notre gueule.
Voici l'article prémonitoire auquel Crombaz fait allusion : M. le président, méfiez vous du train.
Sur ce blog aussi : Pourquoi j'ai peur de François Hollande.
Les people font mine de découvrir que Hollande est menteur, minable, mesquin, inculte, goujat, creux, sans tripes, sans coeur et sans âme. Mais laquelle de ces informations sur le caractère de Hollande n'était pas disponible avant les élections de 2012 ?
Est-ce que les people qui soutiennent Hollande sont cons comme des balais ou est-ce qu'ils sont comme lui, menteurs, minables, mesquins, incultes, goujats, creux, sans tripes, sans coeur et sans âme ?
Remarquez que ces deux hypothèses peuvent se cumuler. Dans le cas d'un Noah, par exemple, le cumul ne fait guère de doutes.