Le Français Jules Bianchi vient d'avoir un accident visiblement très grave en F1, au Japon. J'espère qu'il s'en sortira.
Cependant, je ne peux m'empêcher de penser à un commentaire de Jackie Stewart, grand champion de la sécurité en F1, à propos de la commémoration du décès d'Ayrton Senna il y a quelques mois :
«Cela fait vingt ans qu'il n'y a pas eu de mort en F1. Quand on participait à trois enterrements d'amis par saison, on ne pouvait pas oublier le risque mortel. Aujourd'hui, les plus jeunes pilotes de F1 n'étaient pas nés quand Senna est mort. La conscience du risque recule. La vigilance se relâche. Les acteurs deviennent plus insouciants, moins rigoureux. Ma crainte augmente».
Je souhaite à Jules Bianchi que ces propos ne passent pas bientôt pour prémonitoires.
Dans les années 60, les pilotes de F1 avaient un taux mortalité proche de celui des pilotes des premiers avions à réaction. L'amélioration a été spectaculaire (je pense que la raison fondamentale, c'est la télé et le sponsoring à grande échelle : quand on paye des millions pour avoir son nom sur une bagnole, ça fait tache de voir le pilote griller comme une saucisse dans la dite bagnole en direct à la télé).
C'est le cercle vicieux de toutes les organisations à forte contrainte sécuritaire : plus elles sont efficaces, moins il y a d'accidents. Moins il y a d'accidents, plus la vigilance se relâche. Et plus les risques d'accidents augmentent.
L'aviation a trouvé des techniques : la toute-puissance (théorique) des organismes de sécurité et l'institutionnalisation de l'analyse des presque-accidents. Ca n'évite pas tout, mais ça aide.
Je doute qu'en F1, on en soit là. On remarquera que la chirurgie s'inspire de plus en plus des techniques aéronautiques (check-lists, contrôles croisés, débriefings, etc.).
L'article de Jackie Stewart sur Senna
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