Après la mort de Louis XIV, la monarchie française (le pouvoir du roi d'incarner le pays et l'intérêt général) est rongée de l'intérieur par la tenaille de la réaction aristocratique, soutenue par le haut clergé dévot issu de l'aristocratie (toujours aussi con, l'épiscopat français, ce n'est pas une nouveauté de 2015) et de l'opinion publique naissante.
Nous connaissons aujourd'hui la voie de sortie d'une telle tenaille : prendre à témoin le peuple, sous les formes organisées de la démocratie, contre la réaction aristocratique.
Nous avons beau le savoir, cela reste très difficile : nous subissons aujourd'hui une réaction aristocratique et, pourtant, nous n'arrivons pas à nous en sortir et à redonner au peuple la parole dont il est privé depuis (au moins) le référendum de 2005.
La réponse à cette problématique est aussi connue : l'autorité légitime. Sûre d'elle-même, elle redonnerait la parole au peuple.
L'autorité, je le répète : «L'autorité est fille du courage sous toutes ses formes, moral, intellectuel et physique».
Quant à la légitimité, elle vient de ce qu'on se préoccupe plus de l'intérêt du pays que d'un parti, d'un clan, d'une mafia, de telle ou telle promotion de l'ENA.
Le drame simplifie les options. Si le débat public était ôté des mains de ceux qui confondent les intérêts des centres-villes de Paris, Lyon et Bordeaux avec les intérêts de la France, je ne doute pas qu'il se dégagerait vite une majorité sur une politique migratoire très restrictive et sur la sortie de l'Euro (1).
Notons d'ailleurs qu'en janvier 2016, il se pourrait que nous ne nous posions plus la question de la sortie de l'Euro, que les Grecs, les Espagnols, les Italiens et les marchés financiers aient choisi pour nous durant 2015. Mais je préfère que la France choisisse son destin plutôt que de subir les événements.
La dernière fois où un homme a exercé en France une autorité légitime, c'est Pompidou. Ensuite, les présidents se sont délégitimés par leur démagogie.
Deux remarques :
- si Louix XV a eu des faiblesses morales et intellectuelles, on ne peut rien lui retirer du courage physique. Napoléon, le dieu des batailles, à la compétence incontestable sur le sujet, jugeait que le courage de Louis XV, au moment critique de la bataille de Fontenoy, était le facteur déterminant de la victoire.
- le choix de ses dernières maitresses, la marquise de Pompadour et la duchesse du Barry, était humainement excellent : contrairement aux calomnies (Michelet s'y est déshonoré), elles étaient des reines de beauté, mais aussi des femmes intelligentes et d'une grande bonté, qui se sont peu mêlées de politique (Louis XV s'en servait quelquefois de paravents, d'où les influences excessives qu'on leur prêtait). C'est une des nombreuses taches sur la révolution que d'avoir guillotiné la du Barry («Encore un instant, monsieur le bourreau»).
Pour Petitfils, deux décisions en apparence anecdotiques furent des occasions manquées majeures : le refus du mariage avec une princesse russe, l'installation à Versailles plutôt qu'au Louvre.
Jean-Christian Petitfils, Louis XV par Librairie-La-Procure
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(1) : aujourd'hui, les Français ont peur de la rupture que représente la sortie de l'Euro. C'est normal, cette option est portée par une harpie socialiste arriviste, Marine Le Pen, rien de rassurant. Je ne doute pas qu'on puisse construire une offre politique intelligente autour de la sortie de l'Euro.
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