To connect or not to connect
Lors d'un repas de famille, j'ai tenté de défendre les mérites de l'ennui.
Tout le monde m'est tombé sur le poil en me prenant, au mieux, pour un provocateur (ce qui est sans doute vrai mais reste à la surface des choses : je crois vraiment aux mérites de l'ennui).
Evidemment, je pensais à Simone Weil, pour qui l'ennui est le fondement de l'école et à Aristote (cité par Annah Arendt à la fin de la Condition de l'homme moderne, si ma mémoire est bonne) : «L'homme n'agit jamais plus que lorsqu'il ne fait rien et n'est jamais moins isolé que lorsqu'il est seul».
Comme mon but était surtout de convaincre les jeunes (les vieux sont irrécupérables) accrochés à leur téléphone, leurs faces de bouc et leur instagram, je m'étais mis la condition suivante : ne pas recourir à l'abstraction, seulement utiliser des exemples concrets.
J'ai très vite concédé ma défaite. Il est pratiquement impossible de faire entendre en groupe les bons arguments, qui sont forcément intimes, puisque s'ennuyer, c'est accepter d'être seul avec soi-même.
J'ai aussi péché par naïveté, je pensais que quelques uns se mettraient dans mon camp. Car, tout de même, les vertus de l'ennui sont presque une évidence. Ne dit-on pas que les Anglais ont conquis le monde à cause de leur dimanche si ennuyeux ?
Mais non. On n'est jamais mieux trahi que par les siens.
J'en ai tiré une leçon : je recommencerai en tête à tête. La frénésie et l'histrionisme de notre époque rendent ma croisade d'utilité publique !
Et puis, il y a aussi les ornithologues anglais :
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