Qu'il est triste d'avoir raison
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«Nietzsche disait que la liberté est une idée d'esclaves. Tout se passe comme si le
respect de la ploutocratie était une conception des socialistes. Le résultat, c'est
qu'on charge maintenant les banquiers de décider du sort des peuples par-dessus
la tête de leurs gouvernements. C'est ce qu'on appelle la démocratie. Et l'on est un
réactionnaire quand on se permet de douter que ce soit un progrès.»
On lit ces phrases plusieurs fois. On sourit, incrédule, en regardant la date de
publication: 1924.
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Le Sisyphe grec va-t-il continuer à rouler l’Euro ?
Pourquoi le boycott d'Israël est inacceptable
Thibault de Montbrial : «Une fraction de la jeunesse française combat son propre pays»
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Dans votre livre, vous comparez la situation à celle de 1914 «lorsque les
dirigeants et les peuples marchaient vers la guerre sans prendre la pleine
mesure de ce qui se préparait». Faisons-nous preuve de naïveté ?
Notre continent a bénéficié d'une situation tout à fait exceptionnelle sur le plan
historique : 70 ans de paix.
Nos élites (politiques, administratives, économiques, médiatiques…) sont
aujourd'hui constituées par la troisième génération de citoyens qui n'ont pas
connu de guerre.
Petit à petit, la nécessité de se défendre, le rapport à la violence et à la mort, l'idée
même que l'on puisse s'en prendre à un système politique dont nous nous sommes
persuadés que sa suprématie morale nous protégerait, nous ont conduit à perdre
de vue l'idée que nous pouvions être attaqués. En ce sens, oui, notre société a fait
preuve d'une naïveté considérable.
[Ajout personnel ,extrait de l'article Julien Freund de Wikipedia :
Pierre-André Taguieff dans son ouvrage sur Julien Freund rapporte un dialogue entre Jean Hyppolite et Julien Freund lors de la soutenance de thèse en 1965 de ce dernier. Hyppolite dit :
« Sur la question de la catégorie de l'ami-ennemi, si vous avez vraiment raison, il ne me reste plus qu'à aller cultiver mon jardin. »
Freund répliqua :
« Écoutez, Monsieur Hyppolite, vous avez dit […] que vous aviez commis une erreur à propos de Kelsen. Je crois que vous êtes en train de commettre une autre erreur, car vous pensez que c'est vous qui désignez l'ennemi, comme tous les pacifistes. Du moment que nous ne voulons pas d'ennemis, nous n'en aurons pas, raisonnez-vous. Or c'est l'ennemi qui vous désigne. Et s'il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d'amitiés. Du moment qu'il veut que vous soyez son ennemi, vous l'êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin. »
Hyppolite répondit :
« Dans ce cas, il ne me reste plus qu'à me suicider. »
P.-A. Taguieff cite ensuite le commentaire critique fait par Raymond Aron à propos de Jean Hyppolite et rapporté par Julien Freund :
« Votre position est dramatique et typique de nombreux professeurs. Vous préférez vous anéantir plutôt que de reconnaître que la politique réelle obéit à des règles qui ne correspondent pas à vos normes idéales. »
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Mon grand-père ce héros : François Hollande au Mont Valérien
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Mais voilà que la dame [Julie Gayet] aide un vieillard chenu tout sourire, à sortir
d’une voiture pour l’installer sur une chaise roulante qu’elle va se mettre à pousser. Le
commentateur nous dit qu’il s’agit de son grand-père, ancien résistant de 93 ans. La presse du
lendemain, un peu goguenarde, qualifiera la séquence d’alibi pour justifier la présence de
Madame Gayet à la cérémonie.
Le problème c’est qu’il a une sacrée gueule l’alibi. Alain Gayet, encore écolier, a rejoint
Londres pour s’engager dans la France Libre le 1er juillet 1940, il avait 17 ans. Il
fera absolument toutes les campagnes de la France Libre de Dakar à Berchtesgaden.
Compagnon de la Libération par décret du 17 novembre 1945. Ils étaient 1038 Compagnons
comme lui. Il en reste 9 aujourd’hui, le dernier d’entre eux à quitter ce monde reposera dans la
crypte du Mont-Valérien. Alain Gayet est de cet ultime carré.
[...]
Alors ravalant ricanements et quolibets, on rectifie la position et on salue. Normal.
Laissons quand même le dernier mot à cet ami jamais en retard d’une méchanceté : « Bien sûr,
la présence de Julie Gayet était légitime, mais François Hollande qu’est-ce
qu’il foutait là ? »
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«Catholiques et musulmans, la même humanité, pas la même religion»
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Faut-il donner au culte musulman les églises désaffectées ?
J'ai lu une phrase extraordinaire de Mgr Dubost, évêque d'Évry. Il a dit: «Dans le principe, je préférerais que des églises désaffectées
soient transformées en mosquée plutôt qu'en restaurants.» Cet évêque catholique considère donc qu'il n'est pas bon que les gens
puissent se réjouir en se retrouvant ensemble au restaurant. Il trouve plus beau, plus sublime et plus digne que des personnes rendent
un culte à une religion qu'en principe, comme évêque catholique, il considère comme fausse. Cette phrase gomme l'incompatibilité entre
islam et catholicisme. Elle témoigne d'une sorte de malveillance à l'encontre d'une population qui choisirait de transformer son ancien
lieu de culte pour se réjouir innocemment au restaurant plutôt que de le confier aux musulmans. Cette phrase est prodigieuse.
Les catholiques sont naïfs sur l'islam ?
Il est normal que les catholiques aient le plus grand respect pour les musulmans comme ils doivent en avoir pour tout un chacun. Vis-àvis
de l'islam comme religion, il y a des formulations un peu étranges. «Nous respectons la religion musulmane», entend-on souvent.
Qu'on respecte les hommes oui, c'est normal, mais autre chose est de respecter une religion qui nie le christianisme et qui le fait très
franchement et qui a le droit de le faire. C'est le droit des musulmans de penser que l'Église nous trompe et se trompe mais que l'Église
loue et respecte l'islam pour cela c'est un peu déroutant. Cela ne date pas d'hier. Durant le concile Vatican II la déclaration Nostra Aetate
semble déjà donner une préférence à l'islam par rapport aux autres religions non chrétiennes et aux agnostiques de notre monde. Cela
est paradoxal parce que les autres religions non chrétiennes ont une chance de devenir chrétiennes un jour. C'est ce qu'on appelle la
praeparatio evangelica.
La religion gréco-romaine est devenue chrétienne. Les religions germaniques et certaines religions asiatiques sont dans ce cas. Mais
l'islam n'est pas une praeparatio evangelica. Au contraire, l'expérience de quinze siècles montre que les conversions de l'islam vers le
christianisme n'ont pas été faciles. On a vu d'innombrables conversions du christianisme vers l'islam, mais l'inverse est très rare. Ce
qu'on a surtout vu c'étaient des affrontements très violents où les musulmans chassaient de chez eux les chrétiens et où les chrétiens
expulsaient les musulmans. On a expulsé les musulmans d'Espagne, de Malte, des Balkans, et de leur côté les musulmans ont converti
l'Afrique du Nord et aujourd'hui ils expulsent les chrétiens des régions qui sont les plus vieilles de la chrétienté.
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