Miramas : « accablant » !
N'importe quel Français peut rattacher, en changeant quelques sigles et noms, ce passage à une expérience personnelle :
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La faute à qui ? A personne puisque tout le monde est un peu responsable d’un petit bout de la chaîne.
On avait déjà vu une telle chaîne d’irresponsabilités à l’oeuvre avec le système Louvois, un fiasco total
qui a gravement perturbé le paiement des soldes militaires depuis 2011. A Miramas, l’armée de terre,
principale utilisatrice de ce dépôt, ne se sent pas directement concernée, parce que les munitions
dépendent, depuis 2011, du SIMu, le Service Interarmées des Munitions, un organisme rattaché à
l’état-major des armées. Quant à la protection des sites, elle relève d’une nouvelle Direction de la
protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID), qui relève directement du
ministère. Attention à ne pas confondre cette DPID avec la DPSD (direction de la protection et de la
sécurité de la défense), l’ancienne sécurité militaire, dont c’est aussi un peu le métier ! Dans les étatsmajors
parisiens, on parle « organisation matricielle » et « benchmark », et on découvre que le
responsable du site ne dispose pas, en propre, de moyens humains pour assurer sa protection ou
d’argent pour faire réparer un grillage. « Tout cela illustre la désorganisation du soutien au sein des
armées, avec par exemple la création des bases de défense », mise en place par l’ancien ministre de la
Défense Hervé Morin, explique un officier général. Si Miramas est un cas « accablant », l’enquête de
commandement constate que « des fragilités extrêmement concrètes existent sur d’autres sites »,
reconnaît-on à la Défense.
[…]
Moins que les effectifs, c’est l’organisation militaire à la mode shadok qu’il faut revoir, pour éviter que l’armée, engagée dans la protection des Français depuis les attentats de janvier, ne se fasse voler ses propres armes.
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Depuis longtemps, je soutiens que l'Etat obèse et bureaucratique est le principal facteur de risques pour la France alors que c'est sa raison d'être que d'assurer la défense, sous toutes ses formes, du pays.
Bien sûr, on pense immédiatement à la dette : serions nous aussi serviles vis-à-vis des pétromonarchies, de l'Allemagne et des Etats-Unis si nous n'étions en train de nous noyer dans un océan de dette étatique ? Serions nous obligés de rogner sans cesse la défense ?
Il y a pire : Darwin a démontré que ceux qui survivent au changement ne sont ni les plus forts ni les plus intelligents mais ceux qui s'adaptent le plus vite.
Si deux adversaires, toutes choses égales par ailleurs, ont 95 % de chances de prendre la bonne décision pour le premier et 50 % pour le second, mais que ce dernier est deux fois plus rapide à prendre une décision, c'est lui qui l'emportera dans 51 % des cas contre 23 % pour le premier.
Plus encore que l'aspect purement pécuniaire, dette et impôts, je pense que la complexification que l'Etat obèse introduit dans la vie française est mortifère.
Puisque les fonctionnaires sont bien trop nombreux pour être tous occupés à des choses bonnes et utiles, beaucoup sont occupés à des choses mauvaises et nuisibles (avec les meilleures -à leurs yeux- raisons du monde, bien entendu). Comme disait Georges Pompidou, vous prenez un fonctionnaire, vous l'asseyez sur une chaise, une heure plus tard, il a trouvé un papier et un crayon, et une heure après, il a pondu une norme, un décret, une circulaire. Quand il y a trop de fonctionnaires, il y a trop de normes, de décrets, de circulaires.
C'est ainsi que la France est devenue le pays des 11 000 lois, 130 000 décrets, 400 000 normes.
Le seul moyen pérenne de lutter contre cette tendance funeste, c'est de diminuer le nombre de ceux qui font les lois et le nombre de ceux qui font des décrets, des circulaires, des normes et des règlements.
Rien qu'à l'énoncé du remède, vous comprenez que le malade n'est pas près de retrouver la pleine santé.
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