Minutes d'un colloque, ce livre est dans le style universitaire casse-couilles, il est néanmoins passionnant.
D'abord, d'abord (dirait Jacques Brel), le sujet lui-même est passionnant. Comme Maurice Genevoix, je suis amoureux de la Loire. Ce fut, jusqu'à naguère, un fleuve sauvage. Dans ma jeunesse pas si lointaine, je l'ai vu embaclé, je l'ai vu en crue plusieurs fois (chose, maintenant qu'il est ligoté par les barrages, impossible), je l'ai vu traversé à pied, je m'y suis baigné. Par le hasard, un peu orienté par mes goûts, de la vie de pilote de loisir, je l'ai remonté deux fois cette année de Saumur à Orléans.
Le slogan Fleuve royal est publicitaire, mais il retient une part de vérité.
La Loire a une majesté qu'on ne retrouve ni dans la Tamise ni dans le Rhin. Peut-être dans le Danube ou la Volga, je ne sais pas.
Je me souviens de Pierre Clostermann qui trimbala, durant toute la guerre, au fond de son sac de pilote de la RAF, La boite à pêche, comme un talisman.
Dans ses contributions, deux m'ont particulièrement intéressé :
• une sur les implantations précoces des légions romaines et les ponts antiques sur la Loire. L'auteur a l'idée astucieuse de confronter les découvertes archéologiques à un traité pontonnier du XIXème siècle, d'avant le fer et le béton armé.
• une sur le recrutement des mariniers de la Loire comme marins de haute mer au moment de la pénurie suscitée par les gros besoins de la guerre d'indépendance américaine et de la guerre des Indes. Des gabariers de Beaugency ou d'Orléans se sont retrouvés au large de Chesapeake et de Madras. Sur environ 700 membres d'équipage d'un vaisseau de premier rang, 100 seulement étaient des marins, mais ce métier était très spécialisé, d'où une pénurie récurrente. Il faut bien dire que nos ancêtres étaient, quand ils quittaient la terre natale, beaucoup plus aventuriers que nous. L'avion de ligne fait qu'un départ lointain n'est jamais une aventure aussi totale que de suivre Jacques Cartier ou Bougainville.
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