Pourquoi les jeunes filles rejoignent les rangs de l'État islamique
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On remarque très souvent l'absence du père dans les constellations familiales des candidats au djihad, filles comme garçons [je rappelle la présentation du nazisme comme politique des enfants sans père (morts pendant la première guerre mondiale ou discrédités par la crise)]. Ce manque de figure patriarcale a rendu attrayantes des formes d'autorité qui répondent au besoin d'être protégées par un homme qu'elles n'ont pas eu auparavant.
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J’ai remarqué qu’on parle très souvent de manipulation chez les jeunes filles comme si c'était la seule justification possible. Si elles partent, elles sont forcément manipulées. Pour nous Occidentaux, imaginer qu'une femme puisse adhérer à une idéologie qui propose l'opposé de notre vision de la femme libérée héritée de mai 68 est difficile. La dissonance est trop forte, on refuse cette idée que la femme puisse être attirée par une forme de soumission, ça nous apparaît contre-intuitif. Or elles sont attirées par la norme et l'austérité. Si on veut comprendre le processus de radicalisation, il faut s'intéresser aux motivations de la conversion, qui est souvent axée sur les sentiments. Vous êtes en recherche de vérité, en questionnement. On vous dit qu'à partir du moment où vous vous « ressentez » musulman, il vous suffit de prononcer la Chahada (l'attestation de foi) pour vous convertir, que vous avez toute votre vie pour connaître la religion. On conforte votre intuition, en vous proposant un projet opposé au modèle occidental, qui apporte des réponses à ses défaillances et vous inscrit dans un système puissant, une utopie sociale et religieuse qui fonctionne. Les femmes avec lesquelles je parle ont vraiment l'impression de s'émanciper d'un modèle occidental qu'elles rejettent en bloc.
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