Les non-dits de la déchéance de nationalité
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Les adversaires de la déchéance de la nationalité
invoquent pour la combattre beaucoup de
principes et peu d'arguments. On voit mal quel droit sacré serait bafoué par une
loi qui prévoit le retrait de la nationalité française à un individu qui l'a de luimême
abdiquée — et qui ne s'estime du reste nullement apatride puisqu'il se veut
citoyen de l'État islamique. Et pas davantage en quoi une telle révocation
heurterait notre droit du sol. Et moins encore qu'on puisse assimiler tous les
binationaux de France à des terroristes qui font la guerre à leurs concitoyens en
violant toutes les lois de la guerre.
[…]
Les déclamations élevées à gauche contre la déchéance de la nationalité
contredisent une tradition de gauchequi va, pour le meilleur et pour le pire, de Sieyès à Renan et au-delà.
L'un comme l'autre tient la nationalité pour un acte de volonté, «un plébiscite
de tous les jours», dit admirablement Renan, qu'il oppose aux conceptions
culturalistes et territoriales de la nation. Les Alsaciens, écrit-il au lendemain de la
défaite de 1870, ne sont et ne peuvent devenir allemands parce qu'ils ne le veulent
pas: «Cela tranche la question.» Aujourd'hui, les terroristes l'ont tranchée, à leur
manière. Les partisans de la déchéance l'ont tranchée aussi, du moins sur le
principe. Tout comme les Français dans leur écrasante majorité ainsi qu'une
bonne partie de la classe politique.
Pour démentir tout ce monde, on sent bien que l'usage habituel de l'indignation ne
suffit plus.
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Jean-Pierre Chevènement a vendu la mèche en se demandant si les opposants à la déchéance de nationalité pour les terroristes n'étaient pas en réalité des opposants masqués à la nation française elle-même. Et poser la question, c'est y répondre.
N'importe quel Français se prenant pour un Français et non pour « un citoyen du monde » n'éprouve aucune gêne à déchoir un traitre revendiqué de sa nationalité française.
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