Je n’ai pas parlé beaucoup de Donald Trump, mais je m’y intéresse.
Donald Trump fait du Gérard Depardieu (restons français, que diable) en beaucoup mieux.
Quand on ne pense pas comme le Système, il y a une seule manière d’intéresser les medias du Système, la provocation (ainsi, le Système laisse le choix aux opposants entre le silence et l'extravagance : le Système exclut ses opposants du sérieux). C’est facile, puisque le simple fait de penser différemment du Système est considéré comme une provocation intolérable qui déclenche le tir de barrage automatique : « nauséabond », « HLPSDNH », « rance », « pas bisou » etc.
Le point de décision, c’est la suite. Est-ce qu’on s’excuse, c’est-à-à-dire qu’on rentre dans le rang et qu’on valide le Système, ou est-ce qu’on assume et qu’on en rajoute une louche ? Le comportement classique est de faire carpette. Il y a la variante Marine Le Pen : ne plus faire de provocation en comptant sur l’aura provocatrice laissée par son père.
Et puis il y a la technique Gérard : on remet les pieds dans le plat.
Le danger, c’est la lassitude du provocateur (ça demande de l’énergie d’aller contre le Système) et l’indifférence des medias et des spectateurs par mithridatisation.
C’est ce qui arrive à Depardieu parce qu’il parle sans réfléchir.
Mais Donald Trump, lui, pense stratégie (il faut arrêter de le prendre pour un crétin. Un provocateur, oui. Un crétin, non). Il a compris qu’il y a un électorat anti-Système qui est peut-être majoritaire, il a donc bâti un discours et un comportement en adéquation avec cette analyse.
Je souhaite la victoire de Donald Trump, dont je sais qu’elle est peut-être illusoire (il n’y a peut-être rien derrière la façade Trump) mais il faut tenter le coup, en transposant aux Etats-Unis des quelques lignes de Cyril Bennassar : «En politique, j’ai pris l’habitude de me méfier de ceux qui rassurent l’opinion pour m’intéresser à ceux qui l’inquiètent. Souvent dans l’histoire de France, les visionnaires excentriques ont concentré les méfiances et les moqueries pendant que les gestionnaires à courte vue ramassaient les suffrages. On se souvient qu’en juin 1940, Pétain était plus acclamé que de Gaulle, qu’en 2002, Jacques Chirac mit le pays dans sa poche face à Jean-Marie Le Pen et, comme on n’apprend jamais rien, il se pourrait qu’en 2017, les mêmes trouilles et les mêmes paresses nous condamnent à perdre cinq longues années avec Alain Juppé. La tentation du centre est le recours des Français qui ne comprennent rien et qui ont peur de tout, de ceux qui préfèrent s’endormir avec Alain Duhamel plutôt que réfléchir avec Alain Finkielkraut. »
Comme chez nous, mais moins que chez nous j’espère, Trump aura contre lui les éternels mous, les centristes, les peureux, les fatalistes. Le grand atout du Système, c’est l’inertie. Il est installé et les gens ont peur du changement, même quand ils sont insatisfaits de leur situation.
Tout cela concerne les Américains. Et Trump, que pourrait-il faire pour nous ? C’est très simple : tuer l’OTAN. Il nous rendrait un immense service en nous redonnant, bien malgré nous, notre souveraineté militaire. Est-ce que nous en ferions bon usage ? Est-ce que nous saurions l’assumer ? Je ne sais pas. Mais c’est comme la souveraineté monétaire et toutes les autres souverainetés, si on ne l’a pas, on ne risque pas d’en faire bon usage.
Enfin, y a-t-il possibilité d’un Trump en France ? Très difficile, à cause des lois totalitaires (Pleven, Gayssot, Taubira) très dissuasives, à la fois pour l’émergence d’une personnalité, la construction de son entourage et la diffusion de sa parole. La seule personnalité comparable est celle de Jean-Marie Le Pen et il a été très efficacement cantonné (je n'insiste pas sur sa fille, je dirais des choses pas très galantes). Comme d’habitude, la république gouverne mal mais se défend bien.
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