Je continue à explorer les interprétations alternatives du Brexit :
Le véritable clivage du Brexit (billet invité)
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L’économiste David Graeber nous met sur la piste. Sa pensée stimulante et iconoclaste a fait ressortir un fait saillant du monde de l’entreprise post-moderne : la multiplication des « bullshit jobs », activités aux titres ronflants mais ne produisant en pratique rien de concret ni d’utile, parasitant au contraire ceux qui produisent un véritable travail.
Au premier chef des « bullshit jobs » figure bien entendu l’activité de consultant en stratégie, celle de prestigieux cabinets tels que le BCG ou Mc Kinsey, dont n’importe quel bon professionnel en entreprise vous confirmera qu’ils provoquent l’hilarité et la moquerie que méritent la vacuité et la superficialité.
Nous proposons donc le clivage alternatif suivant : sont partisans du Bremain ceux qui exercent un « Bullshit job » et sont partisans du Brexit ceux qui exercent un travail réel et connaissent la vraie vie. Ceci d’ailleurs, quel que soit le niveau social du poste exercé, aussi bien pour les « bullshit jobs » que pour les vrais métiers.
Cette explication a l’avantage de bien mieux rendre compte de la situation. En premier lieu, la séparation selon la classe sociale ne devient plus le facteur prépondérant – l’on trouve des partisans du Brexit d’un niveau social très élevé – mais sa corrélation avec le vote demeure expliquée.
En effet et comme le note malicieusement David Graeber, les postes les plus élevés de la société post-moderne sont des « bullshit jobs », expliquant corrélativement « l’élite » superficielle, narcissique et totalement incompétente qui tient actuellement les commandes du monde politique et économique.
Si les « bullshit jobs » ont toujours existé, le propre de la société post-moderne est de leur avoir donné le pouvoir, créant une caste d’illusionnistes vivant dans un monde artificiel et irréel.
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Un trader de la City m'a aimablement confirmé qu'il se trouvait au coeur de la « bullshit machine » et que Gaspard Koenig était un con. De là à interpréter les votes, c'est une autre histoire.
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