La moutarde commence à monter au nez des Anglais confrontés à la nullité de leurs politiciens (ils ont beau avoir voté le Brexit, on dirait bien qu'ils ont le même problème avec leur classe politique que les continentaux !).
Si la politique se déroulait dans le meilleur des mondes entre gens intelligents, les partis politiques éclateraient entre Pro-EU et Anti-EU, puisque l'enjeu du moment est là, il y aurait une élection générale à l'automne et le gouvernement pourrait légitimement négocier l'indépendance de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'UE.
Mais nous ne sommes pas dans le meilleur des mondes entre gens intelligents. Les Tories (que je rechigne à appeler conservateurs, ce qu'ils ne sont plus, en majorité, depuis longtemps) ne veulent pas convoquer une nouvelle élection générale de peur de perdre leurs sièges et ça se poignarde à qui mieux mieux comme dans une tragédie shakespearienne.
Le rigolo, qui étonne les Français, est que, dans la course à la direction du parti majoritaire, les journaux publient les cotes des bookmakers comme s'il s'agissait du Grand Steeple-Chase. J'imagine dans les journaux français : Juppé 12/1, Hollande 22/1, Sarkozy 7/2 etc.
L'enjeu post-Brexit est le suivant : les fractures révélées par le référendum vont-elles trouver une traduction politique ou vont-elles, une fois de plus, être poussées sous le tapis ?
Pour l'instant, l'opération Vérité est mal partie. Theresa May, qui tient la corde, est une « remainiste ». Si l'indépendance de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'UE devait être sabotée, la longue crise d'illégitimité commencée dans les années 90 dans tous les pays européens se poursuivrait en Grande-Bretagne aussi.
Notons que les Anglais ont mieux su, au cours de leur histoire, réconcilier légalité et légitimité quand elles s'éloignaient l'une de l'autre. Il y a plus de petits ajustements (plus de rois anglais assassinés ou exécutés que de rois de France, plus de révoltes politiques) et aucune révolution de la table rase.
Je ne sais pas à combien est la cote pour « Il n'y aura pas de Brexit » mais, assurément, elle monte, comme la moutarde au nez des Anglais.
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Nota : certains voient la possible indépendance de l'Ecosse suite au Brexit comme une conséquence néfaste. Néfaste pour les Ecossais, c'est certain, mais c'est le prix de la liberté. Néfaste pour les Anglais ? On est à peu près sûr du contraire. Je serais anglais, je prendrais l'indépendance de l'Ecosse pour une conséquence positive du Brexit. Mais ne suis pas anglais.
De toute façon, l'indépendance de l'Ecosse, c'est très loin d'être fait.
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