Je relis, pour prendre de la hauteur, les écrits de combat de Georges Bernanos.
Comme l'auteur est un visionnaire, le fait qu'il soit mort en 1948 n'enlève rien à leur actualité et à leur fraicheur. Ses textes sont dévastateurs, écrits à la grenade et à la bayonette, sans une once de vulgarité.
Dire que c'est un géant est réducteur : Bernanos est Bernanos.
Il est de la trempe de Chesterton, la poésie et la fantaisie en moins, la colère en plus. Le rapprochement avec Péguy est aussi naturel : Bernanos, réformé, engagé volontaire, plusieurs fois blessé, s'obstine à refuser la légion d'honneur.
Je me demandais ce que peut bien en penser Eric Zemmour (le rapprochement étant évident pour qui voit au-delà des apparences du juif et du chrétien) quand je tombe (merci Google) sur cet article de 2014 par Charles Gave : Zemmour et Bernanos. Les esprits se rencontrent.
Gave a raison : Bernanos est un prophète d'Israël. Il voit ce qu'il voit, plus loin et plus précisément que les autres, et aucune force terrestre ne peut le faire taire.
Simone Weil, lettre à Bernanos, printemps 1938
Depuis que j'ai été en Espagne, que j'entends, que je lis toutes sortes de considérations sur l'Espagne, je ne puis citer personne, hors vous seul, qui, à ma connaissance, ait baigné dans l'atmosphère de la guerre espagnole et y ait résisté. Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe ? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon - ces camarades que, pourtant, j'aimais.
Parait-il que ses derniers mots ont été : « A nous deux ».
Au fait, sa définition de l'optimiste ? L'optimiste ne trouve jamais rien de révoltant. Si le fisc lui prend tout, même ses vêtements, il explique qu'il se promène nu parce que c'est bon pour la santé.
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