Natacha Polony est souvent ridicule (comme Zemmour) quand elle aborde les questions économiques, mais quand elle s'en tient éloignée, ses propos sont plus solides :
Natacha Polony: « Pas de démocratie sans souveraineté militaire »
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Ceux qui, depuis des décennies, utilisent le budget de la défense comme variable
d'ajustement répondent à deux principes idéologiques. Le premier est un mépris
profond pour l'industrie - celle de l'armement, qu'on le déplore ou non, est une des rares
que la France ait pu sauver - qui explique qu'ils aient laissé détruire plus d'un million
d'emplois industriels sur les quinze dernières années alors que ce sont les emplois les
plus porteurs de valeur ajoutée. Le second est une indifférence totale à l'idée de
souveraineté, qui est pourtant le fondement même de la démocratie.
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Emmanuel Macron, la commémoration politiquement correcte
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Fondamentalement ce fut là, sur le moment, l’attitude de la Résistance : les Juifs sont victimes des occupants, c’est
donc ceux-ci
qu’il faut combattre. Aider directement leurs victimes privilégiées ne peut être qu’un palliatif, une bonne
oeuvre. J’ai eu un ami, reconnu « juste des nations » auquel sa femme reprochait encore, des décennies plus tard,
de ne pas être allé au maquis. La question que les résistants ont prise au sérieux, alors que beaucoup autour d’eux
l’éludaient était simplement : se battre ou pas. Cela est resté leur critère de jugement, tant qu’ils ont vécu. C’est
pourquoi, Simone Veil l’a rappelé : après la guerre, on écoutait plus volontiers dans sa famille sa soeur qui avait pris
des risques dans les FrancsTireurs,
que celle qui avait survécu à Auschwitz.
Plus tard, au procès Papon, Pierre Messmer a choqué en disant qu’il était plus ému par le souvenir de ceux qui
étaient morts en luttant pour notre liberté que par celui des victimes de la barbarie. Il parlait en acteur qu’il était
encore devant des hommes de commémoration.
C’est parce que nous commémorons de loin l’événement que nous saisissons mal ce qu’était l’enjeu : la question
d’être ou ne pas être, posée à la France et même à chacun. Nous croyons donner plus de profondeur au choix de
naguère en lui associant un corpus idéologique et des motifs moraux ou sentimentaux. Mais ce sont des rajouts
pour le spectacle. Aucune liste de bonnes raisons ne me dira jamais pourquoi je dois, moi, m’engager… y aller. On
s’inquiète donc quand nos politiciens, sincèrement sans doute, s’époumonent à nous exhorter après coup. Ils
croient servir un progrès dans la lucidité en jouant les épurateurs de conscience, mais ils sortent ainsi de leur rôle,
qui serait d’assumer et de revendiquer le sens présent de leur action. En sont-ils
capables ? Leurs performances
commémoratives, de quel manque actuel sont-elles
un alibi ?
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Jacques Sapir fait aussi remarquer (Bir Hakeim, le Vel’ d’Hiv’ et Emmanuel Macron) que la vision chiraco-hollando-mécronienne de la seconde guerre mondiale (Vichy était la France, De Gaulle et la Résistance étaient des illusions) est très américaine. Le plus grand, le plus acharné, adversaire de De Gaulle était Rossevelt.
Breton / Saint-Exupéry : le manifeste et le sacrifice
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À celui qui professe un mépris absolu de la religion et un refus de la transcendance,
Saint-Ex rappelle qu'il est lui-même le plus clérical des hommes, le héraut d'une « Très
Sainte Inquisition ». « Vous êtes l'homme des excommunications, des exclusives, des
orthodoxies absolues, des procès de tendance, des jugements définitifs portés sur
l'homme à l'occasion d'une phrase de hasard, d'un pas, d'un geste. Si vous n'êtes pas
l'homme des bastilles, c'est faute de pouvoir. Mais dans la mesure où votre faible pouvoir
peut s'exercer, vous êtes l'homme des camps de concentration spirituels », écrit-il. Et
encore: « On ne condamne personne chez moi pour un mot qu'il a prononcé ou une
connerie qu'on a racontée sur lui. On y ignore les délits d'opinion. »
Au clivage droite-gauche que voudraient instaurer les antifascistes, Saint-Exupéry
oppose une autre frontière plus fondamentale : celle qui sépare les planqués, ceux qui se
sont mis à l'abri, de ceux qui vivent l'engagement dans leur chair. À la « culture du
manifeste » (référence aux deux manifestes surréalistes) qui prône des signes extérieurs
de vertu sans « mouiller le maillot », il répond par son expérience concrète du métier
d'aviateur: « Je crois aux actes, non aux grands mots », « D'abord, je me suis battu ». Il
oppose à la mondanité surfaite des avant-gardes une saine camaraderie soudée par le
danger: « Il vous manque mes vingt ans d'aviation parmi les mécaniciens et les ouvriers.
Bon Dieu, que nous étions faciles à vivre. On disait “je t'emmerde” et on jouait sa peau
les uns pour les autres. »
[…]
La veille de sa mort, il écrivait à son ami Pierre Dalloz, comme en écho avec sa
dispute avec Breton : « Je hais leurs vertus de robots. » À la liberté proclamée des
surréalistes, cette liberté pétitionnaire, cette liberté de l'écriture automatique qui hache
la conscience au lieu d'entretenir l'âme, Saint-Exupéry oppose une liberté toute simple,
aussi pure et claire qu'une traînée d'avion dans un ciel bleu : celle de la mort consentie.
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L'opposition est presque trop belle pour être vraie : Breton, le baveux sectaire et bien confortable, et Saint-Ex qui ne la ramène mais meurt pour ce qu'il croit.
En ce moment, je suis agacé que les conservateurs puissent paraître des grincheux acariâtres, alors il ne me déplaît pas que Natacha Polony soit plutôt mignonne et que Saint-Ex fût un doux.
Tiens, un autre conservateur qu'on eut aimé avoir comme ami :
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