Il est ce qu’il est mais il l’est remarquablement bien.
Son récent coup de griffe aux journalistes et aux intellectuels alors qu’il doit sa victoire à la médiasphère est un coup de maitre. Il brouille les pistes, donne des gages à la droite pour la désarmer et ériger Mélenchon en seul opposant. Il fait passer des réformettes pour des révolutions. Il donne l’impression d’avoir une vision (pire, il en a peut-être réellement une). Il donne aussi l’impression d’avoir lu des livres et même d’en avoir retenu quelque chose. Globalement, on le sentiment d’avoir affaire à une personnalité, pas à une outre vide comme tous les autres.
L’explication en est simple : il a développé une vraie pensée, par essence personnelle (sa justesse est une autre histoire), contrairement aux autres qui se contentent de répéter en boucle les âneries à la mode dans leur camp (grandiose, les mecs de droite qui rêvent depuis des années de sabrer le code du travail et qui gueulent comme des putois quand c’est fait par Macron).
Et puis, il a eu l'audace et l'intelligence de revenir aux fondements de la Vème république : un homme, le peuple, en court-circuitant les primaires auxquelles se sont soumis les imbéciles et les conformistes. Il est vrai qu'il est plus facile de se montrer audacieux quand on a l'assurance d'être le candidat de l'hyper-classe mondialisée, mais tout de même : il a eu les audaces que la droite apeurée n'a pas su avoir.
Toutes ces qualités font d'Emmanuel Macron un grand danger pour la France.
Elles sont bien superficielles, me direz-vous. Il nous faudrait une pensée juste et un vrai amour de la patrie.
Mais, en face, c’est un tel désert intellectuel et humain qu’on se contenterait avec joie de voir les couleurs de la vraie droite portée par un homme qui aurait la moitié du quart des qualités de Macron.
Éric Zemmour : « Macron ou le moment orléaniste »
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On sait depuis Sarkozy au moins que l'hyperprésident français est devenu en vérité un hypoprésident. C'est d'ailleurs une des causes majeures du désenchantement démocratique en France: le peuple croit encore élire un roi et il découvre très vite qu'il n'a sous la main qu'un roitelet. Macron en fera l'expérience amère comme Sarkozy. Il y a incompatibilité entre l'esprit de la Ve République gaullienne et la réalité de ce qu'est devenue la souveraineté nationale, dépecée par l'action conjointe depuis trente ans de la décentralisation, de l'européisation et de la judiciarisation. C'est ce qui permet d'ailleurs à Taguieff de toucher Macron au coeur en citant Sophocle: «Je n'ai que mépris pour le mortel qui se réchauffe avec des espérances creuses.» Espérances creuses car Macron est l'homme du pragmatisme dévoyé en simple respect de ce qui marche et est rentable ; l'homme de l'adaptabilité au monde tel qu'il est, soumis aux oligarchies financières.
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Eric Zemmour : Ainsi va la vie (et le monde) à droite ...
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Wauquiez est sans doute persuadé d'être habile. Mais il sera lui aussi victime de la « maladresse des demi-habiles » qu'évoque Pascal. Il arrive trop tard dans un monde trop vieux. Il ne pourra pas, comme ses prédécesseurs, se rattraper par un discours économique libéral et antisocialiste Emmanuel Macron faisant en économie la politique de la droite. Il ne pourra attirer l'électorat populaire qui vote massivement FN qu'en reprenant le programme de ce parti sur l'immigration. C'est exactement ce que lui interdiront ses alliés modérés et centristes. Ils le sommeront de ne jamais faire de concessions aux idées du FN. Wauquiez devra se soumettre d'autant plus qu'il est soupçonné des pires arrière-pensées. C'est ce qui s'appelle perdre sur tous les tableaux.
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