Livre foisonnant et fort intéressant.
Didier Raoult est spécialiste des bactéries.
Il invite à se méfier de la tendance de l'esprit humain à voir un ordre là où il n'y a que hasard. Expérience bien connue : si vous mettez des points au hasard sur une feuille et que vous le présentez à des gens, ils y verront des formes.
Raoult est scientifique mais pas scientiste.
Non seulement, la science n'a pas réponse à tout, mais elle n'a pas réponse à grand'chose. Par exemple, la liste de nos ignorances en génétique phénoménale.
Il explique deux choses :
1) Le passé est aussi imprévisible que l'avenir car nous manquons autant d'éléments (et paf pour le darwinisme : Raoult est un évolutionniste non-darwiniste).
2) Les biais intellectuels sont très forts. Il faut s'en méfier en permanence. Il cite Holderlin : « Du pur intellect, rien d'intelligent n'est jamais sorti, et de la raison pure, rien de raisonnable ».
Il esaie d'échapper à ces pièges par la philosophie et par la poésie.
L'ironie de cette histoire est que Didier Raoult est lui-même victime des biais intellectuels dont il invite à se méfier :
Combien Le Point paie-t-il le « professeur » Raoult pour assassiner la mémoire de la France ?
Son article du Point ne vaut rien, il est bon pour la poubelle : réduire le problème du Français de souche à une question génétique, c'est aussi grossier que de détecter les juifs en mesurant leur crâne. Sans compter qu'il est malhonnête même du point de vue génétique.
En usant de son autorité en génétique pour se ridiculiser sur un sujet exclusivement politique, il prouve juste qu'il n'est, hors de son domaine, pas plus intelligent que le premier con venu.
Les commentaires sous l'article en question, qui n'émanent probablement pas d'éminents professeurs, montrent cent fois plus de bon sens.
J'ai déjà remarqué que les chercheurs sont souvent de parfaits abrutis en politique. Peut-être parce que la politique est à l'exact inverse intellectuel d'être spécialiste d'un domaine. Les propos politiques d'Einstein sont dignes d'un enfant attardé de dix ans.
Finalement, c'est assez réjouissant. Il n'y a pas de surhomme : il y a des hommes extraordinaires dans certains domaines et tout à fait ordinaires dans d'autres.
Je vous encourage à lire ce livre, en gardant à l'esprit qu'il a été écrit par un chercheur, donc par quelqu'un que son travail incline vers l'étroitesse.
Addendum :
Puisque ce sujet a agité ce blog :
Raoult sur l'évolution
Et parce que, en pensant à l'article du Point, cela nous permet une bonne tranche de rire :
Raoult et les brèves de comptoir
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