Voici ce qu'Eric Verhaeghe écrit de la gestion du conflit social chez Air France :
Air France, SNCF: les entreprises publiques sont-elles capables de négocier avec leurs partenaires sociaux ?
********
Depuis le début, on s’étonnera quand même du peu de ménagement dont la direction d’Air France semble avoir fait preuve vis-à-vis des pilotes de ligne. On peut bien entendu reprocher à cette catégorie de salariés socialement privilégiée de se comporter à la manière des diva. Il n’en reste pas moins que, lorsqu’on est obligé de passer par un syndicat représentatif, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin. Manifestement, ce n’est pas la première des facultés de la direction d’Air France.
[…]
Dans une entreprise ordinaire, les négociations entre patronat et syndicats ne se passent pas par l’intermédiaire de la presse. Tôt ou tard, la direction y rencontre les représentants élus des salariés et discute avec eux pour trouver un accord.
Manifestement cette méthode de négociation est trop simple pour les brillants cerveaux qui dirigent les entreprises publiques. Ceux-ci préfèrent se lancer dans des billards à quinze bandes dont l’issue laisse dubitatif.
Dans le cas d’Air France, la direction ne semble guère avoir exprimé auprès du SNPL son intention de négocier clairement avec lui. Au contraire, le SNPL a compris que la direction cherchait à le contourner et à le discréditer.
Comme à la SNCF, tout se passe comme si l’élite technocratique à la tête des entreprises publiques gâchait toute possibilité d’évolution collective faute de savoir négocier avec le petit personnel. Comme si jouer le jeu de la négociation avec les syndicats exposait à un ridicule indigne des codes aristocratiques.
********
Or, que dit Christian Morel ? Que la coopération hautement fiable, à base d'honnêteté, de réciprocité, d'ouverture et de confiance est indispensable à la sécurité et devrait être étendue au delà de ce domaine en raison de sa contribution décisive à la résilience de l'entreprise.
Cela m'inspire une réflexion : il n'y a rien d'étonnant à ce qu'Air France ne soit pas en tête des classements de sécurité des vols et ne soit pas non plus dans les compagnies à la santé florissante.
On pourra me dire que gestion de l'entreprise et gestion de la sécurité sont séparées. Oui ... mais non. Pas si on vise l'excellence. C'est même la culture de la sécurité, et donc de la coopération, diffusée à tous, y compris aux non-intervenants directs dans le vol, qui fait la différence entre l'excellence et la moyenne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire