En 61 ap. JC, sous le principat de Néron, peu avant la retraite de Sénèque, Lucius Pedanius Secundus, un richissime aristocrate, est assassiné dans son palais romain par un de ses esclaves. Le mobile est obscur : rivalité amoureuse pour un éphèbe ? Promesse d'affranchissement non tenue ?
Toujours est-il que la loi en vigueur prévoit que l'ensemble des esclaves vivant sous le toit du maitre assassiné est torturé et mis à mort. On comprend bien l'objet d'une telle loi : rendre les esclaves solidairement responsables de la vie de leur maître, sous peine de leur propre vie.
Mais Pedanius avait un nombre considérable d'esclaves dans son palais, 400 ! La loi demande donc un massacre. L'affaire émeut même la plèbe, dont il est tout à fait inhabituel qu'elle se préoccupe du sort des esclaves. Il faut imaginer qu'il y a, parmi ces esclaves, des intendants, des coursiers, des gens en relation avec l'extérieur, qui ont des amis, des connaissances. Puis, il y a des femmes et des enfants.
Le Sénat s'empare donc du cas, comme c'est son droit. Il semble que l'empereur lui-même ne verrait pas d'un mauvais oeil la clémence.
Hé bien, il suffit d'un discours du sénateur Caius Cassius Longin expliquant que, si le Sénat cédait aux sentiments pour cette fois, jamais plus un Romain ne pourrait se sentir en sécurité parmi ses esclaves, pour que les tenants de la mansuétude se taisent.
La loi a été appliquée : les 400 esclaves ont été torturés et exécutés.
C'est dire à quel point les Romains vivaient dans la peur de leurs esclaves. Le film Spartacus, de Stanley Kubrick, malgré tous ses cotés hollywoodiens assez comiques (1), rend bien cette terreur.
Mais Rome ne pouvait vivre sans esclaves. Quand la prise d'esclaves diminua, Rome périt.
La guerre des Gaules a rapporté à Rome entre quatre cent mille et un million d'esclaves.
Alors, on peut être d'accord avec Camille :
Pourtant, Montaigne fut tout fier de son certificat de citoyen romain d'honneur.
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(1) : les révoltés qui se lèvent à la fin en clamant l'un après l'autre « I am Spartacus ! ». Franchement ... Par contre, Charles Laughton, très bien.
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