Je relis le Journal des années noires, de Jean Guéhenno, tant je trouve de parallèles entre cette période et la nôtre (mais tout à l’inverse des imbéciles qui évoquent les HLPSDNH).
A propos de ces crétins de marins qui ont sabordé la flotte à Toulon, alors qu’ils auraient pu continuer la guerre aux côtés des Anglais dès l’été 40, Guéhenno écrit « il n’y a pas de mérite à être dupe ». Et pour que les choses soient bien claires, il précise que les marins français furent sots et vaniteux.
Tout le monde peut se tromper, Guéhenno n’est pas exempt d’erreurs grossières, mais, d’expérience, je sais qu’il y a une disposition d’esprit, qui ressort de la psychologie et du caractère plus que de l’intellect, de ne pas être dupe. C’est la red pill du cinéma.
Elle est fort peu partagée, pour la simple raison que, pour l’animal social qu’est l’humain, l’indépendance d’esprit a un coût que ne sont pas prêts à payer la grande majorité des bipèdes.
J’en connais qui font des analyses indépendantes et puis, qui, au moment d’en tirer les conclusions, rentrent dans le conformisme. Je me souviens particulièrement d’un homme qui avait décrit avec précision tous les défauts et les mauvaises décisions d’un puissant, qui montraient sa médiocrité. Pourtant, cet analyste rigoureux concluait que le chef était brillant et irremplaçable. La contradiction était si flagrante que ses interlocuteurs ont marqué un instant d’étonnement muet, ne sachant que dire.
On nous explique ce matin que le tyranneau Macron a l’intention, après l’affaire Benalla, de mettre la haute fonction publique au pas (de l’oie ? Du hip-hop ?).
Que diront ses navrants électeurs ? Qu’ils ont été dupés ? Ou que c’est une bonne chose que cette politique au service d’intérêts très particuliers balaie les obstacles ? La seconde solution serait aussi conne que la première mais plus bravache. Le bourgeois, quand il est en position de force, ne se sent plus pisser de mépris.
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