Saint-Cyr : une promotion débaptisée par l'armée
Les généraux français sont des technocrates en uniforme. Le mot important n'est pas « uniforme » mais « technocrates ».
Depuis Bonaparte et Boulanger, la république a peur de ses généraux et a développé toute une méthode et des traditions pour sélectionner les plus serviles, les plus carriéristes, les moins susceptibles de se révolter, surtout quand la révolte est nécessaire (De Gaulle fut une malheureuse erreur de sélection de ce système).
Réciproquement, ceux-ci ont cultivé un talent pour dissimuler leur servilité sous une allure martiale (c'est la moindre des choses pour un militaire). Mais ne vous y trompez pas : il n'y a pas de haut fonctionnaire plus soumis qu'un général, moins susceptible de défendre les intérêts politiques de la France.
Avec le général Lecointre, c'est encore pire qu'avec ses prédécesseurs : sa promotion météorique garantit qu'il n'a qu'un appui très modéré de ses collègues et qu'il est entièrement dans la main du macronide élyséen.
Même quand il y a une guerre à gagner, le système ne change pas vraiment de priorité (Joffre est un troisième choix et ne parlons pas de Gamelin), alors, quand il n'y a pas de guerre à gagner ... Puis, la guerre finit toujours par arriver et on s'étonne que ça se passe mal. Bah, le sang des troufions, c'est pas cher.
Bref, toutes les institutions, y compris le sabre et le goupillon, sont gangrenées par la sécession des élites : le peuple d'en bas est abandonné par les traitres d'en haut.
Devant une telle crise de la classe dirigeante, le seul remède est une révolution, mais je ne sais pas comment.
En tout cas, la révolution au Portugal fut faite par les capitaines, pas par les généraux.
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