Emmanuel Macron et le risque du Chaos
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Le problème aujourd’hui posé au gouvernement est donc de faire retomber la violence et de canaliser la colère. Il n’en prend pas le chemin avec ses provocations. Mais, que peut-il faire? La première des actions serait de reconnaître la légitimité des revendications des Gilets Jaunes. On voit bien ici poindre les problèmes politiques.
Pour les revendications politiques, comme l’établissement du scrutin à la proportionnelle et le référendum d’initiative citoyenne, ces innovations menacent de désarticuler le cadre qui assure à une petite minorité de pouvoir gouverner même face à des oppositions populaires majoritaires. On comprend alors pourquoi Emmanuel Macron voudrait vider ces innovations de leur contenu réellement démocratique en les cantonnant dans des domaines qui leur enlèveraient tout sens.
Quant aux revendications de justice fiscale, elles ne peuvent être satisfaites tant que la liberté des capitaux sera élevée au rang de principe. Car, c’est cette liberté de capitaux qui permet aux grandes fortunes et aux entreprises largement bénéficiaires de pouvoir jouer avec la loi. Or, les atteintes à la liberté des capitaux sont prohibées par l’Union européenne.
Sur le pouvoir d’achat, les mesures ici se heurtent à la trop fameuse « compétitivité internationale » de la France qui joue ici le rôle d’une règle de fer dans un pays qui ne peut plus déprécier sa monnaie. Car, il faut s’en souvenir, ce qui contraint toute politique de partage des richesses créées par le travail, c’est en réalité la monnaie unique, c’est l’Euro.
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Cette analyse est juste sur l'impossibilité du gouvernement Macron de satisfaire les Gilets sans un changement révolutionnaire (très peu probable) de politique. J'ajoute : Alerte Rouge : après la Chine, Donald Trump entend s’attaquer à l’Europe et voilàpourquoi la France serait bien inspirée de réagir au plus vite.
En revanche, Jacques Sapir se trompe radicalement, par incohérence, quand il écrit que « le problème aujourd’hui posé au gouvernement est donc de faire retomber la violence et de canaliser la colère ». Il est très naïf.
Non. E. Macron est plus conséquent. Il ne veut pas faire retomber la violence car il sait que le seul moyen d'y parvenir est de renier sa politique, de se renier lui-même (comme l'explique Sapir), ce qu'il ne veut pas.
Il est clair (à mes yeux, en tout cas) qu'il cherche au contraire à exacerber la violence pour y trouver un prétexte à réprimer les Gilets jaunes sans changer de politique. On appelle cela la politique du pire. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire qu'elle est pratiquée et il arrive qu'elle fonctionne (au moins pour un temps), au profit du tyran et pour le plus grand malheur du peuple. Du point de vue d'Emmanuel Macron, c'est le bon choix, tout simplement parce que c'est le seul possible, tous les autres impliquant un mea culpa gigantesque.
Les déclarations que beaucoup prennent pour des maladresses sont en réalité des provocations délibérées.
N'ayons pas peur des mots, puisqu'il y a déjà eu des morts : cette politique est un crime de haute trahison et j'espère qu'Emmanuel Macron sera un jour puni comme il le mérite. Le crime étant politique, le procès devra être politique.
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