En théorie, il se dégage une forte majorité de Français pour estimer que la France a besoin d'une remise en ordre : des enseignants qui enseignent (sans faire de fautes d'orthographe), des juges qui mettent les voleurs en prison pour longtemps, des étrangers considérés comme des étrangers, des politiciens dévoués au bien commun de la France et non à se remplir les poches à la poursuite de chimères mondialistes etc.
Mais dans la pratique ?
Elisabeth Lévy fait cette remarque à Djordje Kuzmanovic qu'il ne faut pas idéaliser le peuple français, parce que l'état actuel de la France, il l'a en grande partie voulu, que la liberté que lui donnait le libertarisme, les T-shirts et les écrans plats chinois, il n'a pas craché dessus.
Si on ne fait pas l'effort de cette traduction d'idées générales en pratique, on retombe vite sur Bossuet (Dieu rit des prières qu'on lui fait pour écarter des maux etc.).
Prenons un exemple concret qui va au coeur du problème de l'ordre : l'autorité.
Les Français sont-ils prêts à donner systématiquement raison aux professeurs devant leurs enfants en cas de désaccord ? (Qu'ils règlent leurs problèmes entre adultes hors de la présence et à l'insu des enfants, c'est une autre histoire).
La raison en est très simple : les parents délèguent de facto leur autorité aux enseignants le temps de l'école. Contredire le professeur devant l'enfant, c'est saper sa propre autorité : « Si ce prof est mauvais, pourquoi me confies-tu à lui ? ».
Respecter l'autorité légitime (celle des parents sur les enfants) et sa délégation, c'est un principe évident d'ordre.
Cette manière de raisonner était instinctive à des parents normaux, avant cette inversion qui consiste à faire de l'enfant le centre de la famille. C'est le traditionnel : « Si j'étais puni par le prof, mes parents en rajoutaient une couche ».
Or, de ce que je vois, dans ce monde peuplé de « papas » et de « mamans », surtout de « mamans » d'ailleurs (moi, à mon âge, je n'ai pas un papa et une maman, j'ai un père et une mère. Et les élèves aussi, quand j'étais à l'école), tout en démagogie et en séduction de l'enfant plutôt qu'en éducation, c'est loin d'être gagné.
L'ordre, c'est aussi de plus se marier et de moins divorcer.
J'aurais pu prendre un autre exemple, le traitement des étrangers ...
Bref, la question « Les Français sont-ils prêts à assumer en pratique l'ordre qu'ils réclament en théorie ? » ou, dit autrement, « Les Français sont-ils prêts à assumer pour eux-mêmes l'ordre qu'ils réclament pour les autres ? », suscite chez moi comme un doute.
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