Bon, le duo d’ordures Pétain-Weygand est occupé, avec la sournoiserie qui convient, à rendre la défaite de la France la plus inéluctable possible (1). Il est bien secondé par des ordures de moindre importance comme Paul Baudouin (qui fut condamné à la Libération).
Mais le plus frappant, c’est la faiblesse de Paul Reynaud, dont j’ai déjà dit la ressemblance avec Nicolas Sarkozy. Énergique en apparence, il se révèle incapable de renverser le mauvais destin quand vient l’épreuve, dont on pouvait croire qu’il l’avait préparée toute sa vie.
C’est tout le contraire d’un Churchill ou d’un De Gaulle.
Alors, certes, Hitler est un embrouilleur de première. Mais quand même.
Paul Reynaud gémit d’être tellement fatigué, assailli de partout, qu’il n’a plus les idées claires. On n’imagine pas un Clemenceau se laissant aller à une telle plainte. Les parlementaires notent en juillet 1940 que Reynaud paraît ragaillardi d'être déchargé des responsabilités du pouvoir.
Prisonnier de sa stratégie d'usure « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », il est incapable d'en imaginer une autre, faute de l'avoir méditée, quand l'ennemi la réduit à néant par son offensive éclair. Il lui manque le ressort du grand chef.
Quel sens cela a-t-il de nommer De Gaulle au gouvernement en conservant le colonel de Villelume, un archi-défaitiste (2) comme conseiller ?
On devine, bien que ça ne soit jamais clairement dit, l'idée de fond de Paul Reynaud. Il comprend la moitié de la situation (c'est déjà mieux que les défaitistes à la Pétain-Weygand-Baudouin). Il sait que, si la France est occupée par l'Allemagne alors que la Grande-Bretagne continue la guerre, la position française sera catastrophique, cumulant les inconvénients de la défaite et ceux de la continuation de la guerre.
Mais il ne lui vient pas à l'idée d'utiliser l'alliance anglaise pour continuer le combat. Il veut juste arrêter la guerre dans un rapport de forces pas trop défavorable.
C'est pourquoi il ne rompt pas l'alliance britannique : il espère entrainer la Grande-Bretagne dans une négociation de paix conjointe avec l'Allemagne, en bénéficiant, pourquoi pas ?, de la médiation de l'Italie ou des Etats-Unis.
L'obstination de Churchill le gêne, le Premier Ministre multiplie très habilement les signes de non-rupture de l'alliance, comme l'envoi d'escadrilles en France (que ses militaires, pas plus futés que les militaires français, ne comprennent pas). Ces signes sont à usage interne et externe.
Même Mandel renonce à résister (parce qu'il est juif et qu'il a peur qu'on lui reproche de fuir).
Les dirigeants français sont en-dessous de tout, mauvais comme des cochons, trimballés par Hitler. J'en veux à ces hommes morts depuis longtemps car je pense qu'ils ont une lourde responsabilité dans le malaise français actuel.
Tout le monde occidental est touché par le masochisme collectif, mais la France plus que les autres.
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(1) : les Belges ont tranché en 1950 une question assez similaire en refusant de remettre sur le trône le roi qui avait capitulé en espérant que les Allemands lui en seraient reconnaissants.
(2) : l'armée française de 1940 est la plus étrange du monde : jamais dans l'histoire, je pense, un pays n'a eu un tel réservoir de défaitistes chez ses officiers supérieurs. Etre défaitiste pour un militaire, c'est comme être athée pour un curé (assurément, on peut s'attendre à tout avec les curés modernes). Je constate la haine de certains anti-gaullistes, mais je ne comprends pas que cette haine les amène à défendre ces officiers de merde, qui étaient plus d'onctueux chanoines que de terribles guerriers. Les haines d'après-guerre ont dénaturé tous les jugements, mais les Gamelin, Weygand, Georges, Blanchard et compagnie ont été lamentables.
La campagne de France de 1940 enseigne le mépris des officiers supérieurs.
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