Le meilleur livre que j'ai lu sur la crise du COVID. Il faut dire que c'est aussi le seul, cela limite grandement la concurrence.
Nicolas Lévine est le pseudonyme d'un haut fonctionnaire, qui écrit souvent dans Causeur.
Le ton est pamphlétaire, acide. C'est assez réjouissant.
Les branques et les autres
J'ai un désaccord de fond : il moque le gouvernement d'avoir minimisé l'épidémie de COVID en son début, alors que je lui reproche d'avoir arrêté de la minimiser et de l'avoir exagérée. Mais nous tombons évidemment d'accord pour dire que nous avons un gouvernement de branquignols de premier ordre. Il rappelle certaines déclarations, qui se passent de commentaires, de Sibeth Ndaye.
Lévine est cruel. Je note des phrases comme « Il aime jouer au père de la nation, sauf qu'il n'y a plus de père ni de nation, à cause de l'idéologie qu'il défend avec ferveur ». Inutile que je vous précise de qui on parle.
L'auteur est particulièrement féroce pour les médecins, notamment pour les jeunes. Je suis entièrement d'accord : face à l'impéritie des politiciens (majorité et prétendues oppositions confondues), les Français se sont raccrochés aux médecins comme à des oracles. Réaction compréhensible mais stupide : la plupart des médecins (à quelques exceptions près : Raoult, Fouché, Perronne, Toussaint) sont cons comme des balais et lourds comme des enclumes. Les hommes qui ont fait les meilleures analyses tout au long de la crise, JD Michel et Toubiana, ne sont pas médecins.
Cette carence manifeste des médecins est assez facile à expliquer (sélection, formation, métier), ce n'est pas l'objet de ce billet.
Exécution en règle des people, genre Canet et Cotillard, grands donneurs de leçons devant l'éternel, qui courent se réfugier dans leur résidence secondaire dès l'annonce du confinement. Je connais des bobos qui ont fait de même : mon jugement n'en a pas été modifié, je les méprisais avant, je les méprise après.
Digression personnelle : ce COVID a été une remarquable ordalie et mon jugement a été globalement validé. Des gens que je méprisais ont confirmé qu'ils méritaient mon mépris et des gens que j'estimais ont bien agi. Peu de surprises : Bernard-Henri Lévy et Jean Quatremer en bien, NN Taleb en mal. Quelques belles découvertes : Mark Changizi, Martine Wonner, Louis Fouché, Nicole Delépine, Jean-Férédéric Poisson, Florian Philippot, Lionnel Lucca ...
Didier Raoult n'est pas une découverte (je l'avais lu avant).
Lévine, qui voit quotidiennement les politiques travailler, est encore plus féroce que moi (si c'est possible) sur la nullité crasse de ceux qui nous dirigent.
Les chinoiseries
Lévine remet à sa place, centrale, l'énorme responsabilité chinoise dans cette crise (que le virus soit naturel ou non).
Par une étude minutieuse de la chronologie, il montre que la Chine a contrecarré les efforts de contrôle de l'épidémie et répandu la psychose, ce qu'essaient de cacher nos corrompus jusqu'à l'os par la Chine (Raffarin bien sûr, mais, plus intéressant, Buzyn et Véran).
Trump, dont les imbéciles aiment tant se moquer, a parfaitement raison de parler de virus chinois.
Notre désindustrialisation et donc notre dépendance chinoise nous rendent serviles vis-à-vis des saloperies chinetoques.
La vague
Lévine décrit une administration qui s'effondre, comme 1940. Des conseillers ministériels et des hauts fonctionnaires grassement payés qui s'enfuient dans leurs résidences secondaires, dans le Vecors ou ailleurs. Des petits fonctionnaires réfugiés dans leur banlieue qu'on essaie de faire revenir au travail en leur promettant des avantages.
Les couloirs de ministères vides, où de temps en temps surgit un gratte-papiers affolé.
La conclusion de Lévine
C'est une crise du libéralisme (ne pas fermer les frontières) et du technocratisme (l'administration, à commencer par le gouvernement, a passé son temps à entraver les initiatives).
C'est une crise de l'apolitisme (« il n'y a pas d'alternative »). Les EHPAD ont été complètement abandonnés alors que nous sommes censés faire tout ça pour sauver les vieux.
C'est pourquoi Raoult les dérange tant : il a réagi comme un décideur à l'ancienne. Il ne s'est pas enfermé chez lui. On prend les problèmes à bras-le-corps, on se bat, on essaie, on se trompe, on corrige.
Ma conclusion
Lévine fait une grosse erreur d'analyse : il surestime de beaucoup la dangerosité du COVID, même s'il reconnaît que nous l'avons exagérée.
La crise du COVID est une énorme défaite collective de l'Occident, sans équivalent dans l'histoire. Pour nous Français, elle nous rappelle l'effondrement de juin 1940.
Cette crise est un triple effondrement :
1) psychologique : nous n'avons pas maitrisé notre peur de la maladie à un point qui fait de nous des clowns. Nous avons immédiatement baissé les bras et nous nous sommes enfermés chez nous au lieu de nous battre. Nous ne maitrisons toujours pas cette peur. Nous sommes grotesques, ridicules, avec nos masques et nos confinements.
2) intellectuel : l'incapacité à mettre les choses en perspective est rageante. Dès mars 2020, nous avions tous les chiffres pour juger que l'épidémie de COVID était moyennement grave, sans plus.
3) les gouvernements occidentaux (exception faite de la Suède) se comportent à la fois avec incompétence, morgue et méchanceté. Les peuples se sont laissés faire et ils se laissent toujours faire. Cette lâcheté politique est le pendant de la lâcheté face à la maladie. Quand je croise un autre démasqué, nous échangeons un regard, mais que nous sommes peu nombreux !
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