C'est un complément du livre Les vainqueurs, de Michel Goya (lire l'article Les Poilus et l'anti-fragilité).
Il montre à quel point la victoire de 1918 ne doit rien à la chance.
C'est toute l'ingéniosité de la nation qui est mobilisée, et mieux que chez les Allemands.
Un exemple parmi mille : les téléphones sont monofils, le retour se faisant par la prise de terre.
Le sergent Delavie (très vite promu officier), professeur d'électricité dans un lycée technique, se rend compte que ses conversations téléphoniques sont brouillées par les conversations ennemies de la tranchée d'en face et décide d'en tirer partie. Il fait venir en première ligne des casques de TSF par l'intendant de son établissement et écoute les conversations allemandes, le général Mangin est prévenu du bon résultat et donne les moyens qu'il faut. La pratique se diffuse dans toute l'armée française en quelques semaines.
La tour Eiffel est bien entendu mise à contribution pour les écoutes radios.
L'histoire des écoutes françaises se termine par une scène extraordinaire : en 1968, Painvin, le génie du déchiffrage français, très vieux monsieur, rencontre son adversaire allemand, celui qui a élaboré la plupart des codes allemands, lui aussi très vieux.
Au bout d'un quart d'heure, l'Allemand se tait, écrasé. La conversation tourne au monologue qui dure plusieurs heures : il découvre que le Français a cassé tous ses codes.
Jamais le commandement français n'a pas été dans le noir sur les intentions ennemies à partir de la fin 1914. Quelquefois, l'information est arrivée trop tard pour être exploitée, ou elle a été mal évaluée, le problème récurrent étant le manque d'interprètes germanophones compétents techniquement. Mais, dans l'ensemble, le commandement français était beaucoup mieux informé que son adversaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire