Le père de l’auteur a été prisonnier en Autriche pendant la seconde guerre mondiale et y a gardé des liens. Ce livre d’histoire est donc aussi personnel.
L'Autriche, la grande victime de la première guerre mondiale
En 1918, l’Autriche, dépouillée de l’empire des Habsbourg, sombre dans le chaos, elle ne s’en remet pas.
C’est la grande victime politique de la première guerre mondiale.
Les pressions intérieures et extérieures (celles de l’Allemagne, notamment celles des nazis) pour un rattachement à l’Allemagne, pourtant interdit par les traités, sont fortes.
Chaque parti politique a sa milice, celles-ci sont au total plus fortes que l'armée régulière. Cela rend le pays ingérable.
Les catastrophes économiques s'enchainent. Le chancelier Seipel, qui est aussi évêque (!), tente de faire naitre un sentiment national.
Des décisions malheureuses face à un destin funeste
La dernière chance, ténue, de résister à la pression nazie est ratée en 1931 quand les socialistes refusent de participer à un gouvernement d’union nationale.
Engelbert Dollfuss, un petit (1,53 m) homme énergique, héros de guerre, tente d'établir une dictature
chrétienne anti-nazie.
Le 12 février 1934, largement sur un malentendu (tous les socialistes ne participent pas), les socialistes déclenchent une insurrection armée qui est promptement réprimée. Malgré les tentatives ultérieures de conciliation de Dollfuss, resteront les images lamentables de l'armée tirant au canon sur des immeubles ouvriers et de pères de famille exécutés.
Le 25 juillet 1934, un coup d'Etat nazi échoue lamentablement à son tour mais Dollfuss est assassiné, trois heures d'atroce agonie sans médecin ni prêtre. C'est une perte irréparable. 200 000 Autrichiens assistent à son enterrement, c'est aussi celui de la liberté de l'Autriche.
Le chancelier Schussnigg lui succède, mais il n'a pas le caractère indomptable de Dolllfuss.
1935, année de la honte de l'Angleterre
La seconde guerre mondiale a un coupable : Adolf Hitler. Mais elle a deux responsables : l'Angleterre et les Etats-Unis.
En 1935, Schussnigg vient quémander à Paris et à Londres de l'aide contre l'Allemagne nazie. Il est reçu froidement, de nuit à Paris (!), sous la pression des socialistes des deux pays opposés à l'« austrofascisme ».
C'est aussi l'année où l'Angleterre signe dans le dos de la France le honteux traité naval avec l'Allemagne. Hitler s'est bien marré. Croire, en 1935, que le plus grand danger pour l'Angleterre, c'est une suprématie française sur le continent témoigne à la fois de la bêtise anglaise et de l'habileté hitlérienne.
1938, entrée dans la nuit nazie
Etant donnée la situation intérieure et extérieure de l'Autriche, l'annexion par l'Allemagne nazie, l'Anschluss, était inévitable.
Mais il ne faut pas prendre au pied de la lettre les images de foules enthousiastes accueillant Hitler. Elles sont vraies mais soigneusement sélectionnées pour raconter la « bonne » histoire.
Au même moment, il y a des manifestations de protestation qui, elles, ne sont pas prises en photo.
Ne jamais oublier, face à une image publiée : qu'est-ce que cette image cache, passe sous silence ?
Une résistance héroïque mais vaine
Dès le début, la résistance extérieure est réduite à l'impuissance par les socialistes qui, toujours aussi cons, sont opposés à l'indépendance autrichienne, un truc de catholiques et de conservateurs, et rêvent d'une grande Allemagne révolutionnaire (qui n'arrivera évidemment jamais).
A l'intérieur, des socialistes résistent sous l'étiquette communiste, mais le gros des maigres troupes, ce sont des catholiques conservateurs.
Les groupes de résistants sont systématiquement infiltrés par des agents doubles et démantelés. Efficacité nulle.
Ca donne quelques belles figures de martyrs mais rien de plus. Ce n'est pas négligeable sur le plan symbolique, mais c'est tout de même limité.
Après guerre, bien forcée, l'Autriche finit par trouver une conscience nationale.
Quelle leçon en tirer ? Pas grand chose, à part il vaut mieux être grand, riche et bien portant que petit, pauvre et malade.