mercredi, février 01, 2006
Le capitaliste Villepin
Dominique de Villepin a déclaré que le partiotisme économique consistait en ce que le capital soit contrôlé et qu'il incite les patrons à y veiller. Merveilleux, comme si les patrons, dont c'est l'obsession et l'inquiétude - on le leur reproche assez-, avaient attendu Galouzeau pour savoir ça !
Mais allons plus loin dans la mécanique infernale, c'est un pot aux roses en forme de poupées russes à trois niveaux : pourquoi l'actionnariat de Danone, Total et Alcatel, pour ne prendre que ces exemples, est-il majoritairement aux mains d'étrangers ?
1) Les bénéfices des sociétés du CAC servent à payer la retraite des retraités californiens : il n'y a pas de fonds de pension français. Or, par paresse intellectuelle, on a jeté l'anathème sur les fonds de pension . Pourtant il ne s'agit en réalité que de salariés qui mutualisent leur épargne-retraite, il n'y a là absolument rien de condamnable. On peut même penser que ça serait une diversification intelligente d'introduire une part d'épargne dans notre système de retraite. C'est d'ailleurs possible en France ... pour les fonctionnaires (après, vous aurez du mal à me dire que c'est une simple obsession de ma part de considérer les fonctionnaires comme des privilégiés).
2) Il se trouve pourtant que les Français épargnent pour leur retraite en plus du système par répartition, c'est un bel effort : il s'agit de l'assurance-vie. Or il se trouve que 90 % de l'assurance-vie gérée par les banques (2/3 des assurances-vie) sont investis en OAT, c'est-à-dire qu'elles financent le déficit de l'Etat, autrement dit la partie la moins dynamique de l'économie. C'est un des effets les plus pervers et les plus dévastateurs des déficits étatiques que d'assécher les sources de capital des entreprises françaises, il n'est pas besoin de chercher ailleurs les causes de la faiblesse en PME de la France.
3) La fiscalité favorise outrageusement l'immobilier (exonération des plus-values sur la résidence principale, par exemple) alors que les plus-values sur actions sont fortement taxées (26 %). C'est bien joli, l'architecture et les immeubles modernes, mais ça ne prépare pas l'industrie de demain. En plus, comble de la bêtise, ces avantages fiscaux ne résolvent pas la crise de l'immobilier car bien des blocages viennent de contraintes réglementaires et non fiscales.
Bref, les choix de la France sont en faveur de l'immobilisme (immobilier contre actions, dette étatique contre capital privé). Doit-on alors s'étonner que les entreprises françaises cotées soient souvent "à poil" ? Nous sommes dans un système qui ne favorise pas la création de richesses : combien y a-t-il d'entreprises du CAC 40 qui n'existaient pas il y a 20 ans ? Alors que Google et Microsoft ... Mais inutile de retourner le couteau dans la plaie.
Dominique Galouzeau de Villepin pouvait-il le dire ? Je ne suis même pas sûr que, en apparatchik étatiste, il en est pleinement conscience.
Finalement, cette histoire est assez morale. Nous faisons des choix et nous en subissons les conséquences : bons choix, bonnes conséquences ; mauvais choix, mauvaises conséquences. Contrairement à ce que racontent certains, nous avons encore possibilité de façonner notre avenir.
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