dimanche, mars 30, 2008

90 ème anniversaire de la Royal Air Force




Vert de jalousie : je crois que cela décrit mon état vis-à-vis du patrimoine aéronautique britannique.

Parmi les pays réellement importants dans l'histoire de l'aéronautique, France, USA, Russie, Grande-Bretagne, Italie, la France n'est pas, pour le dire, gentiment, un exemple.

En France, on est bien content, on crie presque au miracle, quand il ne se trouve pas une de nos multiples administrations pour entraver ou pour tuer un projet de préservation ou de restauration (ma foi, les bureaucrates sont tellement nombreux qu'il faut qu'ils s'occupent en emm.. dant le pauvre monde. L'empilgage des couches administratives a des effets pervers. Si une dit «oui», une autre, pour justifier son existence et son pouvoir, doit dire «non». Donc il se trouve toujours une administration pour dire «non». Hélas, je caricature à peine).

Cela va des enceintes d'aéroport fermées (que ne fait-on au nom de la sainte sécurité) empêchant la participation du public et donc le financement aux idées loufoques de la DGAC sur les conditions de vol des avions anciens, sans oublier le classement comme arme de guerre d'une trapanelle de 1914 plafonnant à 50 kt le vent dans le dos, et j'en passe.

Tous ceux que je connais qui s'occupent d'avions anciens en France ont un petit grain de folie : il faut bien cela pour ne pas se décourager face aux avanies des bureaucrates (par ailleurs payés avec les impots et taxes des mêmes collectionneurs.)

En Grande-Bretagne, on considère au contraire comme la moindre des choses que l'administration, payée par le contribuable et au service de celui-ci, aide.

Il n'y a pas que la Manche qui nous sépare.

Vous voulez voir la différence ? Très simple, venez un dimanche après-midi d'été à l'aérodrome du Touquet. Vous serez étonnés du nombre de nos amis grands bretons propriétaires de machines historiques et qui n'hésitent pas à voyager avec.

Je ne peux m'empêcher de penser que cette différence dit quelque chose sur l'état de notre pays, qu'on constate que nous vivons une forme d'oppression qui n'est pas toujours douce (il n'y a aucune douceur pour un collectionneur qui travaille des milliers d'heures sur son avion à en perdre quelques centaines avec des ronds-de-cuir bornés).

vendredi, mars 28, 2008

The few (et un mot sur Mers El Kebir)

Cet ouvrage trouve évidemment son titre dans la phrase de Winston Churchill («Never in the field of human conflict was so much owed by so many to so few.») qui faisait dire dans la RAF : «Il fait surement allusion à nos notes de bar.»

Les photographies sont intéressantes : pour qui visite attentivement le sud-est de l'Angleterre les traces de la bataille sont encore visibles.




Une polémique récente a remis en cause l'importance de cette bataille aérienne.

L'argument est développé comme suit : même si la RAF avait été vaincue, ce qui fut très près d'arriver, il y avait encore la Royal Navy pour protéger

This royal throne of kings, this scepter'd isle,
This earth of majesty, this seat of Mars,
This other Eden, demi-paradise,
This fortress built by Nature for herself
Against infection and the hand of war,
This happy breed of men, this little world,
This precious stone set in the silver sea,
Which serves it in the office of a wall,
Or as a moat defensive to a house,
Against the envy of less happier lands,
This blessed plot, this earth, this realm,
this England.

Et puis la Manche n'est pas si facile à traverser pour un conquérant (César 2 fois, mais c'était César, Guillaume 1, Napoléon 0).

L'argument est militairement juste, mais la politique dans tout ça ?

Churchill était à l'époque isolé au sein du cabinet britannique, ses discours étaient d'autant plus enflammés qu'il était quasiment seul et devait masquer sa faiblesse par le verbe (ce qui rend ses discours encore plus intelligents en deuxième lecture).

Lord Halifax, ministre des affaires étrangères, n'attendait qu'une ouverture, qu'une défaillance, pour négocier une paix séparée avec l'Allemagne.

Les manoeuvres à l'aide d'intermédiaires suédois sont encore aujourd'hui si brulantes qu'il a suffi que les Suédois fassent allusion à une éventuelle ouverture des archives pour qu'une polémique naissante entre les deux pays se calme.

Une défaite de la RAF aurait pu fournir la justification de la paix de compromis avec l'Allemagne.

C'est dans ce contexte qu'il faut replacer les événements de Mers El Kebir. Là encore, ceux qui traitent cette canonnade comme une preuve d'imbécilité churchillienne montrent leurs propres limites : ils oublient la politique.

Il y avait nécessité pour Churchill de renforcer l'antagonisme avec la France pour améliorer la position intérieure des va-t-en guerre. D'ailleurs, l'intérêt du gouvernement de Vichy était symétrique, c'est pourquoi de part et d'autre on n'a pas fait le maximum pour éviter le drame.

Quand on se replace à l'échelle d'une guerre mondiale, le fait pour la Grande-Bretagne de rester dans la guerre, de ne pas s'avouer vaincue, ne valait il pas quelques bateaux et quelques morts français, y compris du point vue de l'intérêt supérieur de la France ?

On est d'autant plus surpris que cette interprétation soit généralement ignorée ou minorée qu'il suffit de lire attentivement les discours de Churchill et de De Gaulle pour qu'elle apparaisse (1).

Si l'été 1940 fut la «plus belle heure» de Churchill et De Gaulle, ce n'est pas seulement en raison de leurs discours historiques, mais aussi de leurs capacités à manoeuvrer au plus juste dans des circonstances dramatiques.

(1) : je suis toujours étonné que la thèse d'un hypothétique partage des rôles, de l'épée (De Gaulle) et du bouclier (Pétain), rencontre la faveur. Je sais bien que cette faveur repose sur des raisons psychologiques.

De Gaulle et Pétain étaient radicalement opposés, sans compromis possible, et cela était très clair dans leurs discours. Il fallait avoir envie de se tromper pour ne pas l'entendre.

jeudi, mars 27, 2008

En France, un journaliste sportif vaut vingt soldats

Le journaliste sportif Thierry Gilardi meurt de mort naturelle : 10 minutes de journal télévisé.

L'adjudant Polin meurt en service commandé : 30 secondes de journal télévisé.

Si ça ne juge pas un pays, ça ne doit pas en être loin.

J'ai lu sur le monument aux morts du 14ème arrondissement parisien cette phrase étrange pour des Français de 2008 : «Le souffle de la patrie est fait du dernier soupir de ses héros.»

(1) : il est vrai que les journalistes adorent parler des journalistes. Ils ne sont pas nombrilistes à part ça.

Y a-t-il une hystérie réchauffiste en France ?

C'est sûr, il y a une hystérie réchauffiste dans les medias (parce que la peur fait toujours vendre) et dans les milieux politiques (parce que ça fournit un prétexte pour accroitre l'emprise des hommes de l'Etat).

Mais je suis assez surpris quand je discute autour de moi d'un bon sens certain et d'un fatalisme assumé, un argument que j'entends souvent est «Le climat a toujours changé et l'homme s'est toujours adapté, et alors, où est la catastrophe ?» Quelques uns citent Le Roy Ladurie. D'autres ajoutent «C'est encore une histoire pour nous emm... et augmenter les impots» et «Je ne crois pas la meteo à huit jours et je devrais obéïr aux gugusses qui me disent qu'il faut que je change mon mode de vie parce que, eux, ils savent quel temps il fera dans un siècle ?» Vous vous doutez bien que ces propos me réjouissent.

Mais, si j'en crois les sondages et les medias, je devrais être très minoritaire et le seul à apporter ce genre d'arguments dans la discussion, or je constate que c'est loin d'être le cas. Bien sûr, je rencontre aussi des gens fort soucieux du (prétendu) réchauffement climatique d'origine humaine, mais pas autant que que je le supposais avant de tester les gens sur le sujet.

Je m'interroge.

Je sais qu'il y a une part biaisée dans les sondages (ça ne fait pas bien de dire à un sondeur, qui est tout de même un étranger, qu'on s'en fout du climat) et dans la résonance que leur donnent les medias.

Il y aussi que je fréquente peu les populations les plus sensibles à l'hystérie réchauffiste : jeunes, bobos, gauchistes.

Mais je crois, dans mon fol optimisme, que c'est aussi un signe de ce «common sense», de ce bon sens commun, que les Anglais voient comme un pilier essentiel de la démocratie.

Mais ce bon sens commun se cultive, il doit reposer sur une base éducative solide. C'est pourquoi la transformation du système éducatif en outil d'endoctrinement constitue une menace pour la démocratie.

lundi, mars 24, 2008

Le prix du pétrole baisse


Le prix du pétrole baisse. Je ne sais fichtre pas si cette baisse est durable, il est bien trop tôt pour le dire.

Mais qu'il me soit tout de même permis à cette occasion de bien rire de nos chevaliers (médiatiques) de l'apocalypse qui nous promettent la fin du pétrole et son cortège de catastrophes.

Les malthusiens, quel que soit l'habillage plus ou moins à la mode qu'ils donnent à leurs prévisions catastrophiques, font toujours la même sempiternelle erreur, à tel point que c'en est lassant : ils oublient, ou ils ignorent, qu'il n'y a rien qu'on puisse appeler une ressource naturelle.

Pour que quelque chose qui existe dans la nature devienne une ressource, il y faut l'intervention de l'homme, que celui lui trouve un usage, un intérêt et un procédé d'exploitation. Cette chose perd par la même son caractère naturel, elle entre dans les circuits humains, industriels et commerciaux, est soumise aux lois de l'échange qui font évoluer son utilité en fonction de la technique et de l' économie.

Il n'y aura jamais de pénurie de pétrole parce qu'on apprendra à s'en passer avant. Je peux émettre une prédiction dont je suis certain, sans être sûr qu'elle se réalisera de mon vivant : un jour, un baril de pétrole vaudra 0 $.

Un ministre saoudien du pétrole avait l'habitude de dire : «L'âge de pierre n'a pas fini par manque de silex ; l'âge du pétrole ne finira pas par manque de pétrole.»

Pensez au pétrole comme au silex de demain, vous serez sans doute plus près de la vérité qu'en imaginant quelque chose dans le genre de Mad Max.

Si vous avez des doutes, songez qu'il y a 100 ans, on ne connaissait pas :
internet
le scanner
le laser
le radar
l'effet photovoltaïque
la fusion thermonucléaire
Damart thermolactyl
l'avion de ligne
le lave vaisselle
la géothermie
Carla Bruni
le plastique
le transistor
etc.

Pourquoi voudriez vous que ceux qui nous expliquent aujourd'hui que nous manquerons de pétrole en 2100 soient moins ridicules que ceux qui nous expliquaient en 1900 que les rues de Paris seraient envahies par le crottin de cheval en l'an 2000 ?

Est-on plus capable aujourd'hui de prévoir l'avenir qu'il y a un siècle ? Le croire relève de la présomption, car la nature humaine ne change pas, son inventivité et son adaptabilité non plus.

Le «1 % incompétence» rapporterait des fortunes

Nos hauts fonctionnaires font circuler des rumeurs comme quoi ils étudieraient le moyen de capter au profit de l'Etat, c'est-à-dire à leur profit (l'Etat est une fiction, mais les fonctionnaires sont une réalité), le «1 % logement».

On reste abasourdi par tant d'impudence : voici les gestionnaires d'un Etat dont on sait, à coup de rapports Tartempion et Bidule et de Cour des Comptes, qu'il gaspille au moins 50 milliards d'€ par an, qui cherchent encore à faire les poches à quelqu'un.

Quand on utilise aussi mal l'argent dont on dispose, on met de l'ordre chez soi avant de voler quelques piécettes supplémentaires.

Zut, je n'ai encore rien compris : ils volent justement parce qu'ils sont trop bêtes pour remettre de l'ordre.

C'est d'autant plus époustouflant de toupet que l'argument invoqué est que le «1 % logement» serait mal géré. Comme si il existait un seul homme de l'Etat en France capable de faire la leçon à qui que ce soit en matière de bonne gestion !

Mais ce n'est pas fini, ce détournement se ferait au profit de «grands projets». Car, bien entendu, il est indigne d'un énarque de s'intéresser à de petits projets, comme par exemple monter sa boite et créer 3 ou 4 emplois, mieux vaut avoir une «grande vision», un «grand projet» et détruire cent mille emplois grâce à l'impôt destiné à financer mes lubies.

Je serais énarque, j'aurais honte. Heureusement, je ne le suis pas.

C'est un grand philosophe, celui qui a dit : «La preuve que les Français sont résistants : ils survivent à leur Etat.»

dimanche, mars 23, 2008

Team Hoyt, l'esprit américain

Un post sur le blog de maitre Eolas me remet le Team Hoyt en mémoire.

Il n'est pas nécessaire que je m'étende : le lien vous donne toute les explications.

C'est la suite qui m'intéresse.

Non seulement, les Hoyt ont fait quand on leur disait qu'il n'y avait rien à faire. Mais, de plus, ils commercialisent livres et DVDs pour financer leur fondation. N'est-ce pas mieux que de demander une allocation «adulte handicapé» ?

On trouve là l'esprit américain dans ce qu'il a de meilleur.

samedi, mars 22, 2008

Une crise du capitalisme, où ça ?

Nos commentateurs et politiciens français prennent une mine grave mais avec un sourire en coin pour nous parler de la récession américaine.

Que voulez vous ? «Ils nous l'avaient bien dit.»

Mais dit quoi exactement ?

Que la différence de croissance entre les USA et la France cumulée sur vingt ans représente un tiers de patrimoine et de revenus en plus ? Que un an ou deux de récession américaine sont insignifiants face au drame de vingt ans de croissance molle en France ? Que, quand la prospérité américaine reviendra, la France continuera à trainer ses problèmes, par incompétence et par lâcheté ?

Je ne vois pas de crise (finale, forcément finale) du capitalisme aux USA (qu'on nous annonce avec gourmandise à chaque récession) mais je vois bien une crise de l'étatisme socialiste en France.

Il est vrai que l'abrutissement médiatique à coup de «solidarité» et de «modèle social» empêche toute réflexion (1).



(1) : on nous raconte souvent que l'économie américaine est une économie de l'endettement. C'est exact mais très superficiel. C'est aussi intelligent que dire que la principale caractéristique des mouettes est d'être blanches sans expliquer qu'elles ont un bec, des yeux, des ailes et qu'elles volent. La principale caractéristique de l'économie américaine est d'être relativement libre.

Je rappelle que la crise des subprimes trouve son origine dans une loi obligeant à accorder des crédits à tous. Comme d'habitude, le dicton reaganien se révèle vrai : «L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.». Le «cow-boy inculte» connaissait mieux l'économie que tous nos énarques infatués mis en tas, il avait animé une émission de télévision sur l'économie et avait beaucoup lu à cette occasion. Il connaissait notamment les Français Say et Bastiat, pour le coup complètement ignorés de nos technocrates véritablement ignares.

Quelques discours de Michael Crichton

J'ai compilé ces textes disponibles sur le site de Michael Crichton pour mon usage personnel, afin de les imprimer et de les lire plus facilement.

Autant vous en faire part.

Discours de Crichton


Mon cœur de scientifique se réjouit que, à propos de la religion réchauffiste, Crichton fasse deux remarques :

> en science, le consensus ne signifie rien. Les grands scientifiques, de Galilée à Einstein, sont grands justement pour avoir brisé un consensus. En pseudo-science, on invoque le consensus quand le cas n'est pas défendable par des arguments scientifiques. Il ne vient à personne l'idée d'invoquer un consensus pour justifier la formule E=Mc² tout simplement parce qu'il y a des arguments scientifiques pour la défendre.

Si c'est un consensus, ce n'est pas de la science ; si c'est de la science, ce n'est pas un consensus.

> Depuis quand «sceptique» serait-il devenu une insulte en science ? De là à imaginer que ceux qui emploient «climat-sceptique» comme une insulte, par exemple adressée à Claude Allègre, ne connaissent pas grand'chose à la science ou ne s'en préoccupent pas ...

Le réchauffisme est très révélateur de nos contemporains, le fond de religiosité païenne (L'homme offense la généreuse mais colérique Mère Nature) et de crédulité («C'est vrai, puisque la télé le dit.»).

Le discours de Crichton sur l'environnementalisme comme religion ne surprendra pas mes lecteurs. 99 % des écolos (proportion pifométrée !) ne sont pas accessibles à des arguments rationnels (c'est bien illustré par leurs contradictions évidentes : pas de nucléaire mais moins de CO2, pas d'OGMs mais moins de pesticides, etc ...), en étant écolos ils font un acte de foi, donc imperméable aux faits.

Mais le réchauffisme révèle aussi à quel point la pensée scientifique n'est pas même pas à l'état de vernis chez la plupart.

Autre exemple évident : le tabagisme passif. Entre deux personnes, même rapprochées, il y a plusieurs mètres cubes d'air, la fumée de tabac est donc très diluée.

De plus, mis à part quelques travailleurs de bistros et autres lieux publics, l'exposition au tabagisme passif est très réduite en temps.

Il est donc fort peu probable que le tabagisme passif présente des risques considérables. Les rapports qui essaient de chiffrer le risque du tabagisme passif reposent sur une cascade d'hypothèses qui rendent le résultat final peu fiable, pour ne pas dire fantaisiste. Mais le pouvoir conjugué des chiffres et des medias est tel qu'il suffit qu'un chiffre «passe à la télé» pour devenir parole d'Evangile.

Pourtant, c'est au nom du tabagisme passif qu'on a interdit de fumer dans les lieux publics.

Bien sûr, il y a des théories jugées initialement scabreuses, comme la dérive des continents, qui se sont révélées vraies. Mais ces preuves ne reposent pas sur un consensus, elles tiennent dans une démarche scientifique. C'est la qualité de cette démarche qui convainc et le consensus qui en résulte n'en est qu'un effet annexe.

Rien de tel s'agissant du réchauffisme : il n'y a pas aujourd'hui d'arguments scientifiques qui emportent le morceau, le réchauffisme repose sur du sable. Par exemple, l'existence de l'effet appelé par erreur de serre (car ce qu'on nous décrit comme l'effet de serre atmosphérique n'a rien à voir avec le fonctionnement d'une serre) n'est pas prouvée. On nous bassine tellement avec l'effet de serre qu'il sera étonnant pour certains d'apprendre qu'il n'est pas prouvé.

Si les gens qui affirment que les émissions humaines entrainent un réchauffement du climat étaient sérieux, ils commenceraient par essayer de prouver que cet effet existe, alors que tous les modèles commencent par supposer qu'il existe.

J'ai réfléchi à comment éviter de tomber dans l'erreur ou d'y rester très longtemps (voir De l'art de conférer). Me sont venus quelques préceptes que j'essaie avec plus ou moins de bonheur d'appliquer :

> ne pas engager d'ego dans ses opinions. On n'essaie pas d'avoir raison, on essaie de découvrir ou d'approcher la vérité. Et, ma foi, si c'est mon contradicteur qui l'a, cette vérité, tant mieux, l'essentiel étant que quelqu'un puisse me la transmettre.

> faire la girouette le plus souvent possible, changer d'opinion ou, au moins, se mettre à la place de l'autre. Cela étonnera peut-être mes contradicteurs socialistes, mais je me dis souvent «Tu es socialiste, comment analyses-tu tel ou tel événement ?».

Mais je suis toujours pour l'instant revenu au libéralisme parce que c'est le niveau de moindre énergie intellectuelle, le plus cohérent, le plus stable.

Quand il y a des faits qui ne cadrent pas avec une vision du monde, il faut déployer de l'énergie pour les interpréter et pour les intégrer dans dans une vision modernisée et quand il y faut trop d'énergie, mieux vaut changer radicalement de vision du monde. C'est exactement à mes yeux la position du socialisme par rapport au libéralisme.

Il y a de nombreux faits qui ne cadrent pas bien avec le libéralisme, mais c'est encore plus vrai du socialisme.

Enfin, on remarquera que les textes de Crichton sont déjà vieux de quelques années et conservent pourtant leur pertinence critique, voire, vu les progrès de l'hystérie réchauffiste, elle s'est renforcée.

Cela a plutôt tendance à valider le point de vue de Crichton, à savoir que nous sommes plus dans l'ère de la désinformation que dans celle de l'information.

mercredi, mars 12, 2008

De l'art de conférer

Suite aux débats récents sur ce blog, je vous présente De l'art de conférer, huitième chapitre du livre III des Essais.

Blaise Pascal, qui n'aimait pas Montaigne, trouvait pourtant ce chapitre extraordinaire.

Comme Montaigne n'est pas facile à lire, j'ai fait quelques commentaires entre crochets et j'ai passé au bleu les passages qui me semblaient indispensables.

Certains comprendront peut-être pourquoi j'ai supprimé les commentaires anonymes.

De l'art de conférer

lundi, mars 10, 2008

Quand Le Monde, et ses lecteurs, découvrent le monde ...

J'ai été déçu par le journal Le Monde au point d'arrêter de l'acheter puis de moins en moins fréquenter son site internet.

Cependant, sa rédaction vient de prendre une initiative fort amusante : elle publie tous les jours deux chroniques extraites du site Breaking Views.

C'est piquant car ces chroniques sont à très forte tonalité anglo-saxonne, financière et libérale. Elles ne feraient pas tache dans le FT. Je ne pensais pas lire un jour un éloge des paradis fiscaux dans le pseudo-journal de référence.

Cela signifie a contrario qu'elles choquent dans Le Monde. Et les lecteurs n'ont pas tardé à monter sur leurs grands chevaux.

Je m'étonne du courage de la rédaction du Monde : il est bien connu qu'un lecteur attend de son journal qu'il le conforte dans ses opinions, non qu'il le dérange.

Une remarque : j'ai parcouru les commentaires des abonnés sur le site. Il est clair qu'il y a des lecteurs qui ne comprennent pas les articles. Cette incompréhension est sans doute due à la traduction inégale, mais aussi à une inculture économique patente : tant qu'on en reste aux diatribes contre le capitalisme prédateur, tout le monde suit ; dès qu'on entre dans le détail du fonctionnement de l'économie, les rangs s'éclaircissent.

vendredi, mars 07, 2008

Je pars en WE

Je pars en WE(bourgeois, forcément bourgeois)en Normandie (les palmiers, le sable chaud ...). Je vous donnerai mon avis sur les commentaires intéressants que j'ai lus au retour.

J'investiguerai aussi l'absence d'affichage de la jolie photo de chou romanesco censée illutsrer le message précédent.

La difficulté à comprendre le libéralisme



J'ai tendance à trouver les opposants au libéralisme caricaturaux, simplistes.

Mais je dois reconnaitre qu'il y a au fondement du libéralisme un concept assez ardu.

Le constructivisme repose sur un concept simple : imaginons la meilleure société possible. Les modalités pratiques et les détails peuvent être très complexes, mais l'idée de départ est facilement accessible.

Au contraire, le concept de base du libéralisme est beaucoup plus difficile.

Le constructivisme se trompe, on n'a jamais assez d'informations pour construire la société idéale, on est obligé à des simplifications abusives (l'Etat est l'une d'elles) qui se révèlent néfastes.

Le mieux que l'on puisse faire, c'est de baser les relations inter-personnelles sur des principes solides (liberté de contracter, propriété privée, etc ...) puis de laisser faire le génie des hommes.

Il en sortira la société qu'il en sortira. L'imagination des hommes est telle que c'est impossible à prévoir. La seule chose qu'on pourra en dire, c'est qu'elle respecte les principes de justice et de liberté.

Le raisonnement rappelle les fractales (un motif simple donne des figures complexes) ou la biologie (un amas d'organismes simples, organisés suivant des règles simples, donnent des organismes très complexes).

Le choux Romanesco est au croisement de la biologie et des fractales : le choux Romanesco, emblème du libéralisme.

Il est très difficile à la plupart de comprendre que de principes simples puissent sortir des systèmes complexes.

Ainsi, puisqu'un des principes du libéralisme est la liberté de contracter, certains en concluent : «Avec les libéraux, tout est histoire de fric.»

Mais la liberté de contracter entraine celle de ne pas contracter, à deux, à mille, pour dix ans ou pour trois jours, ici ou ailleurs, et ainsi s'élaborent une infinité de relations contractuelles et non contractuelles.

Du principe de la liberté de contracter résultent donc des milliers de relations dont certaines sont basées sur l'argent et d'autres non.

Je peux donc comprendre qu'entre le constructivisme qui dit «Imaginons la société idéale» et le libéralisme qui dit «Posons quelques principes justes et la société qui en sortira sera la plus juste possible mais nous ne pouvons pas vous dire précisément laquelle.», il soit facile de préférer le constructivisme.

Mais c'est une erreur.

Taux de chomage : mea culpa

J'avais prédit que le taux de chômage français ne passerait pas en-dessous de 8.5 % tant que des réformes libérales ne seraient pas faites. Or, il est à 7.5 % malgré l'absence de «rupture».

Mon erreur n'était pas de lier chômage et réforme, mais de choisir un mauvais indicateur.

Le taux d'activité des 20-65 ans, qui lui est beaucoup plus difficile à trafiquer, n'a pratiquement pas bougé et reste un des plus bas des pays avancés.

Le sentiment des Français, exprimé par les sondages, que le chômage ne baisse pas tant qu'on nous le dit repose donc sur quelques bases.

De plus, le peu de baisse qu'il y a repose sur un phénomène transitoire, le vieillissement de la population, qui est, à terme, une mauvaise nouvelle économique (sauf à travailler plus longtemps).

Air France vs SNCF

L'ex-entreprise publique Air France va supprimer des postes en province à cause de la concurrence déloyale de la toujours publique et très subventionnée SNCF sur les lignes intérieures.

Passons sur le fait que l'intervention étatique introduit toujours des injustices, s'est-on interrogé pour savoir pourquoi personne n'a copié notre fabuleux modèle de développement du TGV ?

Et si c'était un contre-modèle, couteux à construire, couteux à utiliser ?

Réchauffisme : étouffer les voix dissonnantes

Cet extrait du blog de JM Aphatie mérite réflexions :

Commençons par Claude Allègre, dont le cas a été évoqué ce matin, par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, au micro de RTL, dont il était l'invité, à 7h50.

Claude Allègre est un scientifique réputé. Avec ses mots à lui, nourri d'une expérience professionnelle importante, il met en doute les causalités de l'actuel réchauffement climatique, allant jusqu'à nier pour l'essentiel toute responsabilité humaine dans un phénomène qu'il juge naturel pour sa part la plus large. Libre à lui de nourrir ainsi le débat démocratique.

Le problème se profile lorsque le président de la République envisage publique de solliciter son concours pour l'action gouvernementale. Il s'agirait d'une prise en charge par l'ancien ministre socialiste du secteur de la recherche, à la fois stratégique et délaissé, ce qui par parenthèse en dit long sur l'impéritie de la politique française. Rien à voir, en tout cas directement, avec le réchauffement climatique. Seulement, un homme ne se divise pas. S'il redevient ministre, Claude Allègre sera immanquablement interrogé sur ses positions sur l'écologie. Et s'il persiste dans l'expression de ses doutes, alors, un brouillage sera créé.

C'est d'ailleurs pour cela que ce matin, au micro de RTL, Jean-Louis Borloo a indiqué que toute nomination le concernant devrait obligatoirement être suivie d'une explication de sa part. Le sous entendu est clair: pour le ministre de l'Écologie, il ne pourrait s'agir que d'un renoncement à ses thèses contestatrices du réchauffement climatique.

Je peux comprendre le souci de cohérence politique, ça serait une sorte de petit miracle que d'avoir en France un gouvernement cohérent.

Le problème, c'est que si Claude Allègre est éliminé pour cause de scepticisme climatique, il s'agit de cohérence dans l'erreur.

Peut-être l'honnêteté pourrait elle résoudre le problème : «Le gouvernement pense que le climat se réchauffe du fait de l'homme, mais le débat n'étant pas clos, il est normal que Claude Allègre puisse exprimer des opinions contraires sur ce sujet.»

Mais a-t-on jamais vu un gouvernement honnête ?

Après tout, ce qui est irritant chez les réchauffistes n'est pas qu'ils défendent des thèses infondées, tout le monde peut se tromper, c'est qu'il insiste sur des contre-vérités flagrantes, «le débat est clos», «il y a consensus», pour faire taire l'opposition.

Pour ceux qui ne connaitraient pas mes idées sur le réchauffisme :

Le réchauffisme sur La lime


ou ce site réellement excellent (son titre est un peu malheureux, mais c'est un des rares sites sur internet à parler de science de manière accessible sans simplifications abusives) :

Pensée unique

jeudi, mars 06, 2008

De l'effet de meute dans les blogs (2)

Le premier message sur ce sujet ayant eu un grand succès, je commente les commentaires :

Anonyme a dit…

«Le libéralisme a une histoire mais aussi une réalité particulièrement brutale pour des gens dont la base professionnelle est le service public et dont le quotidien est de côtoyer la misère du monde à travers les enfants.»

Je relève ce qui est à mes yeux deux erreurs :

> le quotidien du service public n'est pas toujours de cotoyer la misère et cotoyer ne veut pas dire connaitre.

> il y a biais antilibéral dans votre propôs évident : en France, un couple avec deux enfants a plus d'intérêt financier à rester au RMI qu'à travailler au SMIC. Qu'est-ce qui désinsère ? L'assistanat ou le libéralisme ?

Patchan74 a dit…

« Anonyme,

Je suis libéral, ce qui ne m’empêche pas d’être moi aussi révolté par la misère et de vouloir agir pour qu’elle disparaisse de ce monde.

Je ne crois pas pour autant que l’intervention de l’Etat dans l’économie de marché soit le moyen le plus efficace pour y mettre fin, bien au contraire l’intervention de l’Etat dans le domaine économique ne permet , à terme, que de provoquer une misère encore plus grande ; l’exemple de tous les régime communistes ou même celui du gouvernement Atlee en Grande Bretagne nous le démontre assez clairement.

Seule la création de richesse permet à une population de sortir de la misère, et cette création de richesse ne peut être le seul fait de l’Etat mais surtout de celui qui investit son temps et son argent encouragé par la perspective de gains probables plus importants. Cette création de richesse ne devient en effet possible que lorsque ses fruits sont la propriété de celui qui en est à l’origine.

Vous ne pouvez nier que les ressources de l’Etat proviennent en grande partie de cette création de richesse, cela est d’autant plus vrai qu’une grande partie des pays riches sont démunis en ressources naturelles.

[...]

Conscient que leur pays ne pouvait sortir de cet engrenage infernal sans remettre en cause cette vision étatiste de l’économie, les gouvernements américains et britanniques ont mis fin à leur politique économique keynésienne au profit de la libéralisation de leur système économique avec les succès que nous connaissons tous.

Vous allez alors me répondre que dans ces pays la misère existe toujours et c’est vrai. Mais cette misère a-t-elle pu être endiguée en France et cela malgré toute la politique sociale mise en œuvre depuis 30 ans ?

Avouez tout de même que les personnes qui s’installent en France pour des motifs économiques proviennent rarement des pays libéraux mais bien au contraire fuient des pays où l’économie est entre les mains de l’Etat.

Ces populations sont en effet attirées le plus souvent par les perspectives de pouvoir participer au développement économique de leur pays d’accueil, ce qui se révèle être impossible dans leur pays d’origine, où l’Etat se réserve une partie importante de ses ressources (prenez l’exemple de l’Algérie, Etat socialiste riche en hydrocarbure de tous genres…) au détriment de sa population.


Je persiste en outre à penser que cette politique se révèle être néfaste au renforcement du lien de solidarité qu’il existe entre toutes les personnes.

Regardez l’état de la société française actuelle qui est loin d’être libérale (elle est étatiste), les votes extrémistes augmentent, le communautarisme s’intensifie, les personnes âgées sont abandonnées par leur propre famille au bon soin de l’Etat etc. …

Ce qui démontre bien que l’égoïsme et la régression sociale que vous attribuez au libéralisme existe donc aussi en France, pays étatiste par excellence qui tolère à peine l’existence du marché qu’elle remet en cause quand cela ne l’arrange pas.

Croyez-vous par exemple que les Restos du cœur seraient plus performants si ils étaient entre les mains de l’administration française ?

Coluche se plaignait de payer des impôts qui ne profitaient pas aux plus démunis, pourtant l’association qu’il a fondée est beaucoup plus efficace en étant prise en charge par de nombreux bénévoles, ce qui lui permet d’économiser en masse salariale donc de réserver une partie plus importante de ses fonds aux objectifs qu’elle a elle-même définie. Imaginez un peu si cette association devenait un bureau administratif…

Aucune politique libérale, aucun penseur libéral ne s’oppose à la libre association des personnes pour défendre de nobles causes, ils pensent avec juste raison que ces causes seront toujours mieux servies par l’initiative et les motivations individuelles que par l’intervention de l’Etat pour des raisons structurelles que je vous invite à découvrir en lisant tous les ouvrages disponibles sur le libéralisme.

Je crois deviner que, comme de nombreuses personne en France, vous souhaitez moraliser le capitalisme, jugé comme intrinsèquement immoral, grâce à l’intervention de l’Etat.

Sans revenir sur la confusion entre capitalisme et libéralisme, je puis vous affirmer que le capitalisme n’est ni moral ni immoral, il est amoral (lisez donc le livre : « le capitalisme est-il moral ? »).

La moralité ce n’est pas l’affaire du capitalisme, c’est votre affaire personnel et si il se trouve que certaines situations vous révoltent par leur injustice, alors rien ne vous empêche d’y consacrer l’énergie et l’argent nécessaire pour y remédier.

Vous constaterez ainsi assez rapidement que cette manière de procéder est beaucoup plus économique et efficace que de la mettre entre les mains de l’Etat.

En tant que libéral, je pense en effet que l’Etat ne peut pas s’occuper de tout, et que pour certains domaines c’est bien la société civile qui est plus efficace.

Le problème de ma théorie, c’est bien sûr qu’elle repose sur la confiance que j’attribue à mes concitoyens sur leurs capacités de se rassembler pour agir sur ce qu’il leur paraît insupportable.

Je m’appuierai alors sur votre définition de l’homme : animal social qui ne vit que pour le don et l’échange réciproque que je partage en partie mais je me permets seulement de remarquer que l’Etat ne représente en aucune manière un cadre nécessaire à ces échanges pour toutes les raisons que je viens d’exposer.»

Un petit livre fort intéressant est sorti il y quelques mois, j'en avais parlé sur ce blog : La société de défiance. De nombreux tests (dont celui qui consiste à perdre des portefeuilles et à mesurer combien sont rapportés avec l'argent qu'ils contenaient) montre que les Français sont moins civiques et se défient beaucoup plus fortement de leurs concitoyens (et d'eux mêmes ! Les Français ont le score le plus bas à la question «Feriez vous confiance à quelqu'un comme vous ?») que dans les autres pays avancés, notamment libéraux. Cela invalide complètement l'argument comme quoi le libéralisme installerait le règne de l'égoïsme et de la guerre de tous contre tous.

Les auteurs expliquent la défiance par le (prétendu) modèle social français : cette guerre de tous contre tous proviendrait du corporatisme et de l'étatisme, chaque catégorie ayant l'impression, pas souvent fausse, que ce que d'autres catégories gagnent (aux dépens de l'Etat), elle le perd.

Cette thèse étant assez difficile à démontrer, on peut ne pas être convaincu, mais le simple fait qu'on puisse la défendre avec quelques chances devrait invalider le manichéisme anti-libéral. Il est vrai que n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre.

Je peux ajouter une remarque anecdotique : je trouve le comportement des Américains plus social, plus respectueux que celui des Français. Peut-être ai-je eu de la chance.


Libéralisateur a dit…

«@ anonyme

C'est sur qu'il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.»

C'est bien ce que je disais !


Doc38 a dit…

« Je viens de passer une heure à lire les commentaires du post du 27/02 sur les droits d'inscription à la fac, sur le blog de JPB, et bien c'est ahurissant, tout bonnement.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu commentaires aussi sectaires. Si effectivement Franck Boizard n'a pas été insulté, il a fait l'objet de commentaires plus que méprisant à de nombreuses reprises.

Le gauchisme le plus archaïque transpire des propos de nombreux intervenants (ex : Cyrano, Victor...) et l'on note comme souvent, à côté des propos clairs, bien écrits, remarquablement argumentés de F Boizard ou Cadichon, une prose maladroite, jamais étayée, sauf à coups de poncifs et de caricatures, jamais d'arguments solides...

C'est effrayant de voir de jeunes esprits aussi stérilisés par le milieu uniforme dans lequel ils baignent (cela m'évoque une image : des fœtus conservés dans du formol).»

Je vais vous désespérer encore plus : je fréquente depuis assez longtemps le blog de JPB, généralement sans y intervenir. Je peux donc donc vous dire que certains des commentateurs sectaires ne sont pas de «jeunes esprits» mais des enseignants.

Quand on interroge des profs chenus, on n'a pas trop de mal à leur faire dire qu'il y a une baisse de niveau chez leurs successeurs. Phénomène naturel bien compréhensible, mais peut-être a-t-il un fond de vérité ?


Libéralisateur a dit…

«Et c'est vrai qu'il y a souvent une relation entre l'inculture de certains et leur refuge dans les vieux poncifs éculés. Mais comment pourrait-il en être autrement ? La culture cela commence par beaucoup lire et beaucoup communiquer avec les autres et à cet exercice, c'est rapidement que l'on s'aperçoit qu'un système économique collectiviste ne peut perdurer.»

Pour être un anti-libéral primaire, il faut être inculte (ou autiste). Quand on a un minimum de culture et d'ouverture, on sait qu'il y a eu et qu'il y a des sociétés libérales montrant une certaine prospérité, dont on débat éventuellement.

Alors que, à ma connaissance, de systèmes collectivistes qui aient fonctionné, il n'y a que des cas très particuliers, impossibles à étendre à une société moderne (monastères, kibboutz, etc.).

On peut être antilibéral, mais il y faut un peu de finesse.

Enfin, il ne faut pas oublier qu'antilibéral (comme libéral) n'est pas seulement une opinion, c'est aussi une posture sociale. C'est important quand on parle de l'antilibéralisme des enseignants : être antilibéral dans l'EN, c'est se faire des amis, des relations ; être libéral, c'est se faire des ennemis. On comprend que ce facteur psychologique pèse. Tout le monde n'a pas l'indépendance d'esprit du rebelle.


daredevil2007 a dit…


«Mais, au fait, comment pouvait-il en aller autrement ? Vouloir s’en remettre au bon vouloir d’un « être » supérieur – en l’occurrence l’Etat -, c’est s’ôter toute liberté et croire que par nature, les représentants de l’Etat, au nom du fameux service public, sont prêts à tout pour aider leur prochain – encore une vision idyllique et parfaitement détachée de la réalité humaine (même si quelques exceptions peuvent exister)… Une telle conception prétend faciliter la vie des gens alors qu’elle les berne et les rend irresponsables : souvenons-nous des propos de certains ministres lors de l’affaire du sang contaminé… responsable mais pas coupable !

Un dernier point : cette croisade anti-capitaliste et anti-libérale est pour nombre de personnes l’unique moyen d’exister… puisque leur monde idéal, leur objectif ultime n’est plus, il leur faut à tout prix trouver un ersatz, histoire de ne pas sombrer corps et âme… il s’agit d’une lutte pour la survie en quelque sorte.»

Vous mettez le doigt sur un point extrêmement important : les hommes passent, les structures mentales restent. Il est assez facile de voir que l'étatisme et l'antilibéralisme français sont un héritage de la monarchie de droit divin.

Les hauts fonctionnaires sont les héritiers des commis colbertiens, ils détiennent une étincelle de l'autorité du roi qui la tient de Dieu seul.

En France, il est difficile de faire entendre que les hommes de l'Etat ont leurs intérêts propres, qui n'ont aucune raison de correspondre à l'intérêt général. L'Etat est sacralisé, il est Bon comme Dieu seul est bon. On admet qu'il fait des conneries, mais par mauvaise organisation ou par information défectueuse, jamais par mauvaise intention.


Lawyer a dit…


«Mais la sélection pourrait tout à fait être évitée, si l'on promouvait enfin une véritable communication sur les métiers et les débouchés en France.»

Vous avez raison qu'une meilleure orientation permettrait de diminuer le gâchis, mais ça ne supprimerait pas la nécessité de la sélection pour autant.

J'entends autour de moi des cas ahurissants : des gens de 27, 29, 32 ans qui sont encore étudiants, et pas pour devenir prix Nobel, mais parce qu'ils n'ont trouvé leur voie, les pauv' choux. Ca n'est possible que parce que papa-maman et l'Etat-mamma leur en donnent les moyens.



Lawyer a dit…

«Quant à "anonyme", il est évident que JAMAIS les libéraux n'ont prétendu que l'homme était un être isolé et abstrait, qui n'aurait pas besoin des autres.»

C'est même mieux que ça : le libéralisme se pose justement la question des relations entre individus.

Hayek explique très bien par exemple que la solidarité est une valeur familiale ou tribale inadaptée à des relations dans les sociétés modernes, composées de millions d'individus très différents, que l'Etat de droit est bien mieux adapté et moins générateur d'injustices.


erdav a dit…

«N'oubliez-pas, pour un gauchiste, l'intention a toujours plus de poids que le résultat.

Partant de ce principe, il est évident que la discussion n'est pas aisée pour celui qui apporte les preuves de l'échec du collectivisme à travers le monde et à travers les décennies.»

C'est effectivement un problème qui rend le dialogue avec les gauchistes difficiles : ils opposent toujours les intentions aux résultats. Le communisme a fini au goulag, pas grave les intentions étaient bonnes -ce qui reste à prouver ; tandis que le capitalisme est condamné par ses mauvaises intentions -imaginaires-, bien qu'il ait apporté le bien-être matériel.

De même, ils opposent toujours une utopie, inexistante mais parfaite, et un homme nouveau, inexistant mais parfait, à une société libérale, imparfaite mais existante, et à l'homme tel qu'il est, imparfait mais existant.

Il est tout de même assez bizarre que notre récente, à l'échelle de l'histoire humaine, prospérité coïncide avec la libéralisation, l'affranchissement du clan, de la tribu, du village et un passage à l'état de droit.



Robert Marchenoir a dit…


«Brighelli fait partie de ce mouvement de profs minoritaires mais courageux qui ont compris la perversité intrinsèque du système éducatif français, et qui s'emploient à le dénoncer.»

C'est vrai, et c'est même là qu'on voit à quel point les opinions ne sont pas rationnelles. Brighelli fait une analyse «tactique» excellente des maux du système éducatif français, mais dès qu'il se place au niveau «stratégique», il continue, moins fort qu'avant me semble-t-il, à accuser le libéralisme.

Il faut porter des lunettes très particulières pour voir une once de libéralisme dans l'EN !


Anonyme a dit…


«Ceci dit vous même, cher Mr Boizard, vous devenez rapidement soupe au lait lorsqu'on vous porte la contradiction, d'ailleurs je ne m'y risque plus, je vous lis, c'est tout.

Le seul blog que je connais où on peut tout dire droite, gauche, libéral, réac, stalinien, c'est celui de Gabriel Culioli. Juste, il ne faut pas dire du mal des Corses...»

Cordonnier est maitre chez lui : quand on entre sans s'essuyer les pieds, sans dire bonjour à la dame et sans caresser le chat, on s'expose à quelque remarque acerbe.

Coc 38 a dit :

«Mais si parmi des profs de bon sens on retrouve autant de présupposés antilibéraux, qu'en est-il chez les profs "standards" ?»

Vous devriez lire Pourquoi les intellectuels n'aiment pas libéralisme (R. Boudon) et Etre de droite un tabou français (E. Brunet).

Anonyme a dit ...

"Et surtout un civisme que nous aurions bien du mal à trouver en France." dit Libéralisateur qui n'oublie pas, j'espère, que le paiement de l'impôt fait partie intégrante de ce civisme...

Cette question de la fraude fiscale montre bien la différence entre socialistes et libéraux :

> les socialistes imaginent soit des solutions totalitaires (je ne suis pas sûr que le Français moyen se rende compte des pouvoirs inquisiteurs actuels du fisc, les renforcer comme certains le conseillent, c'est entrer un peu plus dans un régime de surveillance de moins en moins démocratique) soit des solutions utopiques (un homme nouveau qui, par miracle, ne frauderait1 plus).

> les libéraux cherchent à savoir pourquoi les gens, tels qu'ils sont, fraudent autant et ils constatent que la causes est dans les excès spoliateurs de l'Etat et préconisent une siolution simple : diminuer les impots (voir l'article de Stéphane Denis).

Eloge des paradis fiscaux

Les hauts cris de vertu fiscale, demandant l'exposition en place publique des coupables, sont assez navrants : on appelle au châtiment pour ne pas avoir à penser. Penser, c'est fatigant.

J'ai déjà dit ce que j'en pensais (Nous irons tous au paradis, c'est la faute aux impots).

J'ajoute cet article de Stéphane Denis :

On irait tous au paradis

Vincent Bénard indique d'ailleurs une méthode pour transformer la France en paradis fiscal. Yes we can !

mardi, mars 04, 2008

De l'effet de meute dans les blogs

Cadichon et moi sommes allés nous promener sur le blog de JP Brighelli, peuplé presque totalement par des enseignants. Nous avons essayé d'y défendre des thèses libérales sans aucun succès.

Le manque de talent est peut-être une explication. Mais il y en a une autre qui s'ajoute : l'effet de meute.

Je persiste à penser que si nos réflexions étaient contestables, elles n'étaient pas idiotes. Mais il s'est agi justement de démontrer que nous étions des idiots, pire, de mauvais cons (car le libéralisme était aussitôt et sans discussion considéré comme une preuve d'égoïsme forcené) et chacun de surenchérir, d'y aller de sa pique, de son bon mot, de sa leçon de morale. Nos idées étaient inaudibles : la compétition pour nous tacler était trop bruyante.

A part une petite note d'une intervenante pour dire que cette curée était un peu facile, l'unanimité dans la critique n'a semblé gêner personne. Pourtant, c'est bien connu, quand on pense tous la même chose, il y a lieu de se poser la question si ce n'est pas parce qu'on a arrêté de penser.

Cet effet de meute se retrouve sur ce blog même : il n'est guère aisé d'y défendre des thèses socialistes.

Cela diminue de beaucoup l'intérêt des blogs «à contenu» : si c'est pour se retrouver tous de la même opinion et se congratuler de se tenir si chaud, c'est dommage.

J'essaie de traiter «l'opposition» avec un minimum d'égards pour ne pas la décourager, mais je suis chez moi et il est si rare de rencontrer un argument valable et si facile de se moquer qu'il m'arrive trop souvent de me laisser aller.

Pas toujours facile de tenir un blog !

Et l'art de la conversation se perd.

samedi, mars 01, 2008

Les ravitailleurs US, un succès en trompe-l'oeil ?

EADS vient de remporter un contrat de 179 avions ravitailleurs pour 35 milliards de dollars auprès du ministère de la défense américain.

Au premier abord, c'est un succès indiscutable. Au deuxième abord, ...

Avions ravitailleurs de l'US Air Force

Je pense que JP Chevallier a tort, mais je suis très loin d'en être sûr : les Américains ont déjà utilisé cette stratégie (pousser les Européens à des investissements peu judicieux) sur l'A380 avec une réussite qui dépasse probablement toutes leurs espérances.

Il n'est donc pas indéfendable d'imaginer qu'ils sont en train d'appliquer le même genre de stratégie sur les ravitailleurs (quand on a une technique qui marche et un opposant qui joue votre jeu, pourquoi se priver ?).

La remarque de JP Chevallier comme quoi ce contrat pourrait être un excellent prétexte pour pousser les Européens à acheter, en contrepartie, des armements américains mérite considération.

En effet, les Européens seraient beaucoup plus dépendants des Américains en leur achetant chasseurs et missiles que les Américains en achetant aux Européens des ravitailleurs.

Et, à long terme, l'industrie aéronautique US ne risque pas de disparaitre du fait de ce contrat de ravitailleurs tandis que l'industrie européenne d'armement serait menacée dans son existence par des achats supplémentaires d'armes américaines.

Il est possible que ce que l'on fête aujourd'hui comme un succès soit le signal précurseur de la fin de l'indépendance en armement de l'Europe, donc de son indépendance militaire, et, par voie de conséquence, politique.

L'avenir nous le dira.

Le jour où la France a fait faillite (P. Jaffré, P. Reis)

Philippe Jaffré étant décédé, il ne verra pas se réaliser la prédiction de son roman d'anticipation.

Le scénario est connu et maintes fois décrit sur ce blog.

Un beau matin de 2012, l'agence S&P dégrade la note de dette publique française au rang d'obligation pourrie.

Aussitôt, les marchés français d'obligations et d'actions sont incotables à la baisse.

L'Agence France Trésor ne trouve plus de créanciers, sauf quelques hedges funds qui demandent des taux d'intérêts de 20 %. L'Etat français est en cessation de paiement.

Les banques internationales refusent de prêter aux banques françaises tant que leurs engagements vis-à-vis de l'Etat ne sont pas connus. La BCE injecte des liquidités, les banques privées s'en sortent, les banques publiques (La Poste, CDC, et donc le livret A) fortement engagées avec l'Etat à cause de leur tutelle politique, coulent .

Les salaires des fonctionnaires et toutes les retraites ne sont versées que pour moitié, tous les autres paiements sont gelés, les fournisseurs de l'Etat font faillite.

Au niveau européen, c'est la curée : tous les «petits» pays vertueux jadis snobés par la France s'en donnent à coeur joie. Ils acceptent d'aider la France à condition que l'or de la Banque de France soit transféré en Allemagne en gage (empêchant ainsi une sortie de l'Euro).

Le FMI accepte également d'aider la France. Il demande juste de réduire de moitié en un an les effectifs de la fonction publique.

On rit au récit de Sarkozy obligé de rentrer de Washington en avion de ligne parce que son Airbus a été saisi juste avant le décollage sur requête d'un créancier de l'Etat français.

Grève dans les transports réglée par des licenciements et la privatisation de la SNCF et de la RATP. L'Education Nationale est aussi privatisée.

Emeutes et pillages se succèdent. On atteint 5 millions de chomeurs et le PIB baisse de 20 %. Aux élections intermédiaires, les extrêmes gauche et droite foont presque la majorité.

La Joconde est vendue aux enchères à un milliardaire chinois.

Ce scénario a deux défauts :

> la paupérisation de l'Etat et de la France sera plus graduelle : on serrera les vis (plus d'impots, moins de prestations) avant d'en arriver là, même si, au final, le résultat sera identique. Le processus est déjà commencé.

> le choc politique risque d'être bien plus précoce que décrit. En effet, l'écroulement de l'Etat prendra à peine quelques jours, au plus 30 jours quand, à la première fin de mois après le krach, les pensions et salaires ne seront qu'à demi-payés.

Il faudra à peine quelques semaines aux Français pour s'apercevoir que les prestations sociales ne tombent plus et que les services de l'Etat ne fonctionnant pas mieux.

Ci-dessous, un texte que j'avais écrit mais pas publié, vous verrez que la tonalité est très proche. Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus.



Le 4 septembre 2012

Un été de tempête s'achève, l'automne qui s'avance est gros d'incertitudes, il est temps de faire le point.

Le 11 juin dernier, la présidente Ségolène Royal annonce la mise en place d'EVA (Entrée dans la Vie Active), une subvention pour tous les jeunes Français, et une revalorisation du minimum vieillesse.

Une semaine plus tard, le 18 juin à 9h, l'agence Standard & Poors abaisse la note de la dette souveraine française. Les taux d'intérets des OAT 10 ans montent de 1 %.

A midi, un communiqué de l'Elysée disant que «la Présidente de la république prendra énergiquement toutes les mesures nécessaires pour stopper la spéculation» provoque la panique sur les marchés en faisant craindre un retour du contrôle des changes.

A 16 h 12, toutes les transactions sont interrompues sur la place de Paris, le CAC 40 a perdu 47 % et les taux à 10 ans sont à 20.2 %. Les autres places européennes sont touchées.

Toute la nuit, les communiqués rassurants se succèdent. Mais après quelques jours, la tonalité qui se dégage est que les autres pays de la zone euro verraient bien la France quitter la monnaie commune.

Les marchés français reprennent, seuls cette fois, leur chute.

Le gouvernement prend alors les mesures, désormais connues sous le nom de «coup de massue», d'après la couverture de l'hebomadaire L'Express: sortie de l'Euro (10 francs pour 1 Euro), impôt exceptionnel de 3 % sur tous les patrimoines de plus de un million d'Euros, contrôle des changes.

Les capitaux fuient, en quelques heures, plus de 500 milliards d'Euros quittent la France. Les marchés s'effondrent. La fraude fiscale fait un bond, l'argent ne rentre plus dans les caisses de l'Etat. Les appels au patriotisme fiscal de politiciens discrédités sont sans effet.

Le 14 juillet, le gouvernement annonce que, pour combattre la spéculation, la dette nominale de l'Etat français est divisée par 10, autrement dit, c'est la banqueroute.

Aussitôt, le Nouveau Nouveau Franc, le NNF comme on l'appelle, s'effondre. En un mois, l'inflation est de 93 %.

Le 4 août, dans la nuit, le gouvernement annonce la mise à la retraite anticipée avec 45 % du dernier salaire de 90 % des fonctionnaires de plus de 47 ans, ainsi que l'alignement des régimes de retraites, dits spéciaux, sur le régime général. Les lois et réglements ont été abrogés par dizaines, en même temps que les administrations censées les faire appliquer et les contrôler étaient dissoutes. Le montant de toutes les allocations est divisé par trois.

Depuis cette date, le pays est bloqué, il n'y a pas un jour sans émeute. La population des ghettos de banlieues se livre à l'attaque des camions sur les autoroutes.

Néanmoins, le problème économique est cerné : les propositions de privatisation des systèmes d'assurance, santé, retraite, chomage, ainsi que du système d'éducation sont sur la table. Les ventes du patrimoine national commencent (Le Louvre est mis aux enchères avec un prix de réserve de 10 milliards de francs).

Cependant, le problème est politique. Ségolène Royal ne gouverne plus que l'Elysée, seulement l'aile Est d'ailleurs, l'aile Ouest ayant été incendiée par les émeutiers. L'«appel de Neuilly» de Nicolas Sarkozy n'a rencontré aucun écho.

L'Alsace, la Bretagne, la Franche-Comté, la Savoie, le Béarn et Nice menacent de faire sécession. Bizarrement, la Corse, privée de subventions, se tait. Les mairies et les préfectures sont les points de repère des populations affolées.

Une rumeur insistante dit que Jacques Chirac, 80 ans, prépare un gouvernement provisoire. Jean-Marie Le Pen, 84 ans, fait de même.