Dans l'histoire de France, il est deux types de déclins :
- la glissade suivie d'effondrement (1789,1940)
- la glissade continue (les années 1400, la fin du XVIIème siècle)
Cela commence toujours par une glissade. Dans cette phase, il y a des bonnes âmes prêtes à vous expliquer, sans que vous n'ayez rien demandé, que tout cela n'est pas si grave, qu'il suffira de convoquer les Etats généraux pour lever un nouvel impôt ou d'attendre sagement derrière la ligne Maginot que les Allemands reviennent à la raison.
Aujourd'hui, ces optimistes, par nature ou par intérêt, m'expliquent que j'ai tort de me faire du mouron, que toutes ces histoires de déficits, de retraites, de recherche en retard, d'école inefficace, se règleront toutes seules sans qu'il y ait besoin de faire rien, en tout cas, rien de douloureux pour quiconque.
Effectivement, je doute. N'ont-ils pas raison ? On nous explique bien depuis des décennies que, à cause de ses déficits abyssaux et autres profonds désquilibres, l'année prochaine, l'économie américaine s'effondre. Et elle se porte plutôt pas mal, merci pour elle.
Cependant, en admettant même que les partisans de l'insouciance aient raison, qu'il n'y ait pas de problème que le temps ne puisse résoudre, cela veut-il dire qu'il ne faut pas s'efforcer dès aujourd'hui de bâtir une société meilleure et plus juste ?
Mais, non, c'est une illusion, un songe : le vieillissement de la population est inscrit dans la pyramide des âges et la France fuit à affronter cette vérité et ses conséquences. Cela ne peut que mener à pire.
Alors qu'il faudrait changer de bateau, nous en sommes encore à courir dans l'affolement d'un bout à l'autre du rafiot, les rustines dans la main droite, la colle dans la main gauche. Le lundi, un rafistolage des retraites, le mardi, un assouplissement des 35 h, le mercredi, plus de social, le jeudi, moins d'impots, le vendredi, une mesure pour les horticulteurs du Bas Poitou, le samedi, une visite compatissante aux handicapés de Trifouillis-les-Ouailles, le dimanche, ouf ! Repos. Et pendant toute cette semaine agitée, que s'est-il passé d'important ? Rien, la France a juste continué à glisser sur la pente.
Ce qui n'empêchera personne de recommencer la danse du poulet sans tête la semaine suivante.
Le réveil sera douloureux.
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