Voici un tableau de la situation :
> les informations ne sont pas très précises évidemment, mais on pense que dans quelques mois à l'Iran aura de l'uranium de qualité militaire. Après il faut encore quelques années pour fabriquer des bombes nucléaires et des fusées ballistiques, mais il n'y aura plus besoin de très grosses installations industrielles, donc le développement nucléaire iranien sera impossible à surveiller.
> Quarante ans de dissuasion nucléaire entre USA et URSS ont montré que les protagonistes devaient se maintenir aussi éloignés que possible de toute confrontation ou de toute tension directes. Le gouffre nucléaire est si profond que c'est folie de s'en approcher. C'est une des principales leçons de la crise de Cuba. Or, la complexité et la tension au Moyen-Orient rendent les occasions de dérapage fort nombreuses. Autrement dit, si Israel et l'Iran avaient la bombinette et si, de plus, d'autres pays (Arabie Saoudite, Turquie, Egypte) s'en équipaient, la probabilité d'un conflit nucléaire serait trop élevée pour être acceptable. Un dérapage est si vite arrivé (l'assassinat d'un archi-cheik par exemple). La prolifération nucléaire au Moyen-Orient doit subir un coup d'arrêt sans équivoque en 2006, après, il sera trop tard. Comme diaient les Anglais Now is the time.
> On peut espérer un changement du pouvoir en Iran, on peut espérer que les éventuelles sanctions diplomatiques auront un effet. Mais si ça ne marche pas, que faire ? Il ne restera plus qu'une intervention militaire, un bombardement des sites nucléaires connus. Ca serait une tâche difficile, les Iraniens ne sont pas idiots, mais il faut ce qu'il faut.
> les USA et la Grande-Bretagne sont paralysés par l'Irak (voir message précédent). Une intervention israelienne envenimerait excessivement la situation. Il faudrait trouver un pays qui ne puisse pas être soupçonné de pro-sionisme, qui ait les moyens d'intervenir, qui ait à coeur la paix dans le monde et le souci de sa stature internationale et qui ne puisse être accusé de recourir à la force hors de propos. Mais oui ! Bon sang, mais c'est bien sûr ! Ce pays, vous le connaissez, c'est la France.
Est-ce que j'y crois ? Absolument pas. Il faudrait pour cela que nous ayions un président qui soit un chef capable d'une vision à long terme et qui soit un homme d'Etat, nous savons que Jacques Chirac n'est ni l'un ni l'autre. Le seul bombardement de Jacques Chirac ordonnera en 2006 sera celui, particulièrement intense, de Nicolas Sarkozy. On a les dirigeants qu'on mérite, nous votons pour eux.
La probabilité est que les Israéliens, si ils ont assez de renseignements, s'en chargent sans même en avertir les Américains. Malheureusement, si cela se produit, l'impact et la signification en seront autres que si la France l'avait fait.
Je viens de lire ça dans Le Figaro :
RépondreSupprimerEn stratège averti, le président Ahmadinejad comprend parfaitement les rapports de forces. Le moment choisi pour annoncer son grand projet fut excellent. Les adversaires historiques du programme nucléaire militaire iranien – Américains, Européens, Israéliens – n'ont jamais été aussi affaiblis dans leur posture face à Téhéran. Les Américains ne font plus peur depuis qu'ils se sont embourbés en Irak : les mollahs iraniens ont compris que la priorité de Washington était de retirer ses troupes, mouvement qui serait impensable au cas où le Sud irakien chiite entrerait en insurrection.
Les Européens ne font plus peur depuis longtemps. Le pasdaran Ahmadinejad se souvient mieux que personne qu'il a fallu d'un simple attentat rue de Rennes à Paris en 1986 pour amener la France à modifier sa politique à l'égard du régime de Téhéran (et pour la forcer à rembourser l'investissement du shah dans Eurodif). Les mollahs savent que les Européens, pétris de repentance et de pacifisme, ne sont pas que faibles moralement. Ils le sont aussi militairement, ayant drastiquement réduit leurs forces armées depuis la chute du mur de Berlin.
Quant aux Israéliens, Ahmadinejad a compris qu'ils réfléchiront à deux fois avant de lancer des frappes sur les sites nucléaires de l'Iran, ne serait-ce que pour ne pas rallumer le front de la frontière avec le Liban, militairement tenu par le Hezbollah, milice inféodée à Téhéran. Le Conseil des gouverneurs de l'AIEA va donc être saisi du dossier, qu'il transmettra au Conseil de sécurité de l'ONU, lequel réfléchira lentement sur une possibilité de sanctions commerciales. Pas de quoi avoir peur...