JAKARTA, 12 fév 2006 (AFP) -
Un avion de ligne indonésien avec 145 passagers à bord a volé plusieurs heures samedi avec tous ses systèmes de navigation et de communication en panne, avant de se poser en catastrophe sur une courte piste d'une île reculée de l'archipel, a rapporté dimanche la presse à Jakarta.
La panne sur le Boeing 737-300 à destination de Makassar de la compagnie Adam Air est intervenue vingt minutes après le décollage de l'aéroport de Jakarta, réalisé à 06H20 locales (23H20 GMT), a indiqué le quotidien Kompass.
Tout à coup l'appareil s'est retrouvé privé de son système de repérage dans le ciel, ne pouvant non plus être radioguidé.
Durant environ quatre heures le pilote a donc volé sans savoir où il allait et sans pouvoir communiquer.
Il a finalement réussi à poser son avion à 10H45 sur l'île de Sumba, au sud-est de Bali, où il avait repéré une piste. Il a probablement choisi cette île au trafic aérien très rare afin de minimiser les risques d'une collision avec un autre avion.
La piste de l'île de Sumba fait 1.800 mètres de long, alors qu'un Boeing 737-300 requiert une piste de 2.200 mètres de long.
Les passagers, dont aucun n'a été blessé, ont cru vivre un cauchemar éveillés, même si le commandant de bord et les sept personnels de cabine ne les ont pas informés de la situation [c'est pas bien : pas d'infos = fantasmes = vulnérabilité à la panique].
Ils se sont inquiétés notamment de voir l'avion changer sans cesse d'altitude, alors que le pilote tentait de se localiser à vue.
"Comment aurions-nous pu ne pas être inquiets après plusieurs heures à tourner sans annonce des hôtesses ou du pilote sur ce qui se passait", a relaté Made Aming, un des voyageurs.
"Nous avons été chanceux que les freins fonctionnaient bien car quand nous sommes sortis (de l'avion) nous avons réalisé que l'aéroport était petit et pas adapté aux grands avions comme le nôtre", a-t-il ajouté.
Une enquête a été ouverte et le gouvernement exigera un rapport à la fois d'Adam Air et de Boeing, selon un responsable du secteur des transports cité par Kompass. Adam air n'était pas joignable dimanche pour un éventuel commentaire.
[A propos du titre de la dépêche, il ne faut pas exagérer : si la situation était bien telle que décrite, le seul risque était une crise de panique ou de découragement de l'équipage. Comme dit un proverbe, il y a trois choses qu'un pilote n'a jamais en excès : du carburant dans les réservoirs, de l'air sous l'avion et du soleil au-dessus de l'horizon. La même panne de nuit aurait probablement été beaucoup plus difficile à gérer mais, là encore la qualité de l'équipage aurait fait la différence.
Des interrogations : si la panne est survenue 20 minutes après le décollage, pourquoi ne pas avoir fait demi-tour ? La peur de se faire descendre par une défense aérienne nerveuse ? (avion de ligne sans communications vers une grande ville = interception ; encore un cas en Europe la semaine dernière -pilotes négligents avec la radio, voire abrutis). De plus, aller se poser à 500 km sur une piste trop courte et pas/peu secourue me laisse dubitatif (et 4h pour faire 500 km ???!!!)
J'aurais plutôt fait des 360 jusqu'à être intercepté (en supposant que l'Indonésie ait un dispositif d'interception, ce que j'ignore) : ça aurait permis d'alerter les autorités, les secours et de soulager l'équipage de la décision.
Une panne simultanée des communications et de la navigation me paraît étrange.
Je rappelle pour les inquiets de l'avion que tant que l'équipage se bat et prend des décisions judicieuses, rien n'est jamais perdu. Quelques exemples :
> que j'ai déjà raconté : cas d'école : explosion d'un réacteur sur un MD je ne sais plus combien, commandes de lacet et de profondeur sectionnées, l'équipage (commandant Haynes, orthographe incertaine) s'en sort en jouant sur les deux réacteurs restants. Plusieurs facteurs favorables : équipage exceptionnel y compris les hotesses, un instructeur par hasard à bord qui soulage la charge de travail, un contrôleur très expérimenté.
> Un Airbus de DHL atteint au décollage en Irak par un missile. Malgré les deux tiers d'une aile endommagés et un réacteur en feu, l'équipage réussit un circuit court et pose l'avion.
> Un Boeing à court de carburant (erreur dans les pleins) se pose sur un circuit automobile désaffecté, qui ne figurait bien entendu sur aucune carte aérienne, mais dans le souvenir du pilote.]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire