Ces histoires autour du CPE me laissent fort chagrin et assez perplexe.
Sur le fond, je reprends à mon compte la grave critique de T. Smith dans le message précédent sur le CPE : le CPE est une mesure partielle et discriminatoire car on n'a pas le courage de faire de vraies réformes mettant en cause l'ensemble de la société. De ce point de vue, les jeunes ont parfaitement raison : pourquoi les distinguer ?
Ceci étant dit, il n'y a pas dans le CPE de quoi en faire une batteuse : la vie est difficile, on peut perdre son emploi. On peut aussi quitter son employeur, bizarrement, on passe sous silence cet aspect du CPE.
Me revient en mémoire une réflexion d'Alfred Sauvy : l'économie est la science du sordide ; comme elle a trait à l'allocation de ressources limitées, elle suppose toujours une dose de contrainte, soit la contrainte des choses, par le marché, par les prix, par l'offre et la demande, soit la contrainte par les hommes, par la planification.
Or, les jeunes qui manifestent refusent la planification, puisqu'ils veulent être libres de choisir la formation de leur vocation et de leur envie sans qu'il y ait une planification suivant les besoins de la société, c'est ainsi qu'un tas s'engage dans des formations à la con, socio, psycho, archi, etc. qui sont sans doute passionnantes mais qui n'en demeurent pas moins un ticket aller simple pour l'ANPE. Qu'ils fassent donc une formation de chaudronnier aéronautique, ils auront du travail.
Et de l'autre, ils refusent aussi les contraintes du marché.
Un peu facile, non ? On choisit sans contraintes la formation qui plait et, en plus, il faudrait à la sortie qu'on ait la sécurité de l'emploi. Le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière ?
Docteur es Science en Biologie moléculaire, et "pure ;-)" produit de l'université française j'ai des velleités de passer dans le privée et dans les biotechs en particulier... peine perdue, mon seul horizon sont les 4 lettres de l'ANPE. Je partage votre avis sur la chaudronnerie... (mise au banc des métiers manuels) je suis convaincu désormais qu'un DUT m'aurait donné plus de chance. Le problème des filières que vous evoquez est complexe, elles ne sont pas sans avenir et (certain) des étudiants qui les fréqentent sont motivés. Ces filières sont même nécessaires mais jamais elles n'ont été foutues d'être en adéquation avec les possibilités du marché.
RépondreSupprimerLà encore la solution est loin d'être jsute blanche ou noire, car
la fac doit elle être un lieu de savoir ou d'apprentissage professionelle ?
Je pense que loin de manifester contre le CPE et sa précarité c'est contre l'université et l'éducation "nationale" actuelle que devrait se porter les critiques.
Je vous conseille de lire (si ce n'est déjà fait) "la fabrique des meilleurs" de Patrick Fauconnier, le constat y est sans appel.
Deux réflexions pour finir:
- combien de petits bourgeois* manipulés trouve t'on dans ces manifs alors que les études qu'ils ménent leur assure(ra) probablement un emploi mais qu'ils ont trop peur de réaliser qu'aujourd'hui on ne reste pas toute sa vie dans la même boîte...
- où sont les "emeutiers *" de novembres ? en train de signer leur CPE et tenter leur chance ? tandis que d'autres sont béat de sécher la fac à l'arrivée du printemps.
* à prendre au degré d'ironie adequat
Denis