Dans le message Les "spotters", menace mortelle pour la sécurité de la France ? , je me courouçais du fait que regarder Roissy CdG coute désormais 350 €.
Voici ce que m'écrit en réponse un lecteur (que je remercie de s'intéresser à mes divagations) :
Il m'apparait que votre article sur le spoting à Roissy est parfaitement erroné.
Certes l'interdiction existe mais elle peut être aisément contourné par une simple demande adressée aux services de la sous-préfecture de Roissy (01 48 62 79 74 ou 65 89).
Une autorisation personnelle écrite est alors envoyée gratuitement à tout demandeur qui n'a qu'à la présenter en cas de contrôle des forces de l'ordre.
Sur ce même écrit, les spotters sont invités à signaler tout comportement suspect qu'ils apercevraient à la périphérie de l'aéroport durant leur spotting.
Contactez les services de l'Etat et vous verrez vous même.
Merci de rectifier les données erronées de votre blog.
Ce qui provoque de ma part les commentaires suivants :
> Mon blog n'est pas erroné, l'amende existe bien.
> De plus, si l'accréditation est si facile à obtenir, pourquoi avoir créé l'interdiction et l'accréditation qui permet de la contourner ? (Hypothèse : juste pour occuper la maréchaussée et nos petits amis de la DGAC ? Je plaisante.) Sur quels critères attribuer ou refuser l'accréditation ? (Proposition : suivant le signe zodiacal)
> Je viens de "surfer" sur des forums de spotters à Roissy, ils n'ont pas l'air au courant de cette possiblité d'accréditation. C'est dommage, ce sont les premiers concernés !
Enfin, tout cela n'enlève rien à mon objection fondamentale. Il y a bien atteinte à la liberté individuelle, puisqu'on passe d'une logique "Tout ce qui n'est pas interdit est autorisé" à "C'est interdit à tous sauf à ceux qui ont une accréditation".
Le fait que l'administration mette en place l'interdiction et les moyens d'y échapper en prouve juste l'absurdité. Que l'administration se ridiculise elle-même en vient à décourager de tenir un blog : ce n'est même plus marrant !
Je peux imaginer une très bonne raison pour restreindre le "spotting" : Eviter les repétages pour l'organisation d'attentats terroristes.
RépondreSupprimerDans cette logique, l'interdiction limite la liberté des spotters, certes, mais en leur laissant la possibilité d'obtenir une acréditation, l'administration leur ouvre une porte qu'elle veut fermée pour les terroristes.
Une fois la demande d'un "spotter" reçue, une vérification rapide du casier judiciaire peut éclairer sur les intentions du demandeur, qui, ensuite, peut intégrer les fichiers de la sécurité.
En cas d'enquête, le cas échéant, il sera désormais possible de savoir qui avait demandé et/ou obtenu ladite acréditation.
Entre nous, je ne trouve pas cela choquant à ce point. Je me méfie des compétences de l'administration française en la matière, mais le principe ne me choque pas.
toujours le classique, "j'ai rien a me reprocher, vous pouvez venir m'épier ou enquéter sur moi"
RépondreSupprimerc'est PAR PRINCIPE, une enième chose, non pas interdite, mais réglementée.
La Réglementation, partout tout le temps pour tout, bientot faudra un badge pour aller se soulager dans les toilettes publiques....
C'est la technique du saucisson: chaque tranche n'est qu'un petit prélèvement, d'ailleurs justifié, "J'ai faim, je peux bien manger une tranche." sauf qu'à force de prendre des tranches, il n'y a plus de saucisson ; de même de notre liberté, chaque tranche étant une mesure de restriction prise au nom de notre sécurité.
RépondreSupprimerLe sujet est d'autant plus sensible s'agissant de l'aviation civile, que la DGAC (béni soit son saint nom) donne souvent l'impression (ce n'est qu'une impression, j'espère, mais fort désagréable) que l'aviateur idéal est celui qui ne quitte pas le sol : pas de vol, pas de menaces pour la sécurité aérienne, pas de règles tarabiscotés à édicter, pas de services à fournir, pas de plaintes à traiter. Petit jeu : tracez un trait entre Toussus et Lyon et dites moi quels sont les altitudes permises en VFR. D'une manière générale, il n'y aurait pas de passagers, pas de pilotes et pas de spotters, la vie serait quand même plus "cool" pour la DGAC.
Quel remède à cette inflation réglementaire sans fin, à la technique du saucisson ? La confiance et l'intelligence : quelques points de controle judicieusement choisis et le reste laissé aux utilisateurs. Ca se passe ainsi dans de nombreux pays (USA, NZ). D'ailleurs, même en France, il y a de très nombreux terrains en auto-information (c'est-à-dire où les usagers communiquent entre leurs positions et leurs intentions, sans controle) sans qu'ils soient causes majeures d'accidents.
Je connais mal les spotters, mais je sais que, sur un terrain d'aviation générale, les têtes inconnues sont repérées et que l'on ne peut s'approcher des avions sans que quelqu'un vienne gentiment s'enquérir de vos intentions.
Quels obstacles à plus de liberté ? Le conservatisme, la peur de perdre son job (peur ô combien étrange pour un fonctionnaire), l'habitude et, surtout, tant qu'on édicte des réglements, on a l'impression d'agir positivement.
Je comprends tout à fait vos objections, qui ressemblent beaucoup aux miennes. Cependant, en assumant que la motivation que j'ai avancée soit la bonne, il y a un moment où l'on doit décider jusqu'à quel point on aime la liberté, et jusqu'à quel autre on aime prendre des risques.
RépondreSupprimerLa problématique posée par le terrorisme aux sociétés occidentales est la suivante : Il crée le besoin de restreindre les libertés individuelles, tandis que la base même desdites sociétés est la liberté. Il y a conflit, et c'est ce que vous notez.
En assumant que la DGAC (ou la police, en l'occurence, je ne sais pas si la DGAC a le droit d'arrêter des gens au sol en dehors des aéroports) fasse bien son boulot dans cette mission, je dois avouer que je préfère de loin les tracasseries administratives subies par quelques "spotters" plutôt que d'avoir à pleurer détournements, crashs, ou autres horreurs terroristes.
Le tout est dans la mesure, et c'est souvent là que le bât blesse.
Il a d'ailleurs fréquemment été reproché à l'administration Bush de n'avoir pas suffisamment pris au sérieux des informations permettant la prévision des attentats du 11/09 (comme on lui a ensuite reproché de trop serrer la vis, les américains ont toujours tort, c'est bien connu)
C'est qu'il y a eu, là aussi, conflit entre ce que l'on sait, ce que l'on veut, et, plus important, tout le flou qu'il y a entre les deux et qui permet peut-être de dire qu'il y a x% de chance qu'un attentat se produise si telle ou telle condition existe.
A partir de quel pourcentage commence-t-on à réduire les libertés, et dans quelle proportion? Bien malin qui le dira.