Le gouvernement se glorifie de supprimer 15 000 postes de fonctionnaires d'Etat. Les syndicats hurlent à "une logique purement comptable inadmissible".
Quelques commentaires :
1) Il ne s'agit pas là d'un bien grand exploit à la vérité, c'est même minable : une diminution de moins de 0.9 % des effectifs de l'Etat est d'autant plus ridicule que, pendant ce temps, les effectifs territoriaux bondissent. On évitera de remplacer seulement un sur six des 85 000 fonctionnaires d'Etat partant à la retraite l'année prochaine et on embauchera tout de même 70 000 fonctionnaires. Comme effort substantiel, on a déjà vu mieux. On peut aussi supposer que le gouvernement va encore baisser sa culotte devant les sourcils froncés des nantis du syndicalisme d'Etat.
2) "Logique comptable" est pour les syndicats une insulte, ce qui prouve bien, mais on le savait déjà, qu'ils n'ont aucun souci de l'intérêt général, contrairement à ce qu'ils prétendent avec une irritante hypocrisie.
En effet, quand on oublie de compter, on oublie la peine des hommes, on méprise le contribuable qui travaille la moitié de l'année pour payer ses impôts. Je ne leur reproche pas leur corporatisme forcené et aveugle, je leur reproche leur discours de faux-culs arguantd'une "défense des services publics" qui n'est en réalité que la défense d'intérêts catégoriels très étroits.
Je reproche aussi aux hommes politiques, qui savent pourtant à quoi s'en tenir, de ne pas dévoiler ces vérités. Quand on explique la réalité des privilèges, comme ça s'est produit récemment pour la SNCM et la SNCF, l'opinion publique comprend bien la fausseté de la "grève par procuration" et de la "défense du service public".
3) Enfin, les opposants à ces mesurettes mettent en avant la suppression de 8 500 postes dans l'éducation nationale comme un énorme crime contre l'avenir. Là encore, c'est volontairement regarder les choses par le petit bout de la lorgnette puisqu'on sait que le problème de l'EN n'est pas d'effectifs mais d'organisation, voire de philosophie (se reporter à mes messages précédents sur le sujet).
L'EN n'a de problèmes d'effectifs que si l'on commence par postuler que l'organisation actuelle est intouchable (par exemple, quand on n'oublie pas les 32 000 profs équivalent-temps-plein qui n'enseignent pas, on peut relativiser les 8 500 en moins ...). Attribuer les maux de l'EN à des effectifs insuffisants revient à enlever trois roues d'une voiture et à mettre la piètre autonomie de ce véhicule bizarre sur le compte d'un manque de carburant.
Conclusion ? Les expériences étrangères prouvent que les demi-mesures sont inefficaces et prolongent les difficultés plutôt que de les résoudre.
La vraie nouveauté serait de ne remplacer aucun départ à la retraite de fonctionnaire, mais, pour que cela soit possible, il faudrait s'attaquer au statut de la fonction publique de manière à ce que les mutations entre corps et entre ministères soient aisées, alors qu'elles sont aujourd'hui quasi impossibles (un informaticien du ministère de l'agriculture ne peut pas devenir informaticien du ministère de la défense ! Ne rigolez pas, ce sont vos impôts, et donc votre travail, qui financent cette bouffonerie).
Mais revoir le statut de la fonction publique suppose un objectif, des moyens, une stratégie, bref une politique. Il ne manquerait plus que les hommes politiques élaborent une politique !
C'est pourquoi nous restons toujours dans la gesticulation, dans le théâtre, pas dans la réforme, pas dans la politique.
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